— D’où tu fouilles mes affaires ? s’écria Lilou, furieuse. Ça te suffit pas de lire mon carnet ? Il faut que tu viennes fouiner dans ma chambre !
Sans prendre la peine de retirer ses baskets pleines de sable, elle se mit à ramasser pêle-mêle les photos et les Post-it. Fanny la fixait en silence. « Ça te suffit pas de lire mon carnet ? » Lilou savait donc qu’elle avait lu son journal ?
— Donne-moi ça, ordonna Lilou en indiquant les quelques photos que Fanny tenait encore dans sa main droite.
— Où est-ce que tu as trouvé ces photos ?
— Ça te regarde pas !
Lilou tenta d’arracher les photos à Fanny, mais celle-ci l’esquiva.
— Réponds-moi !
— Chez Angélique !
— De quel droit as-tu volé ces photos chez Angélique ? Pourquoi es-tu allée lui raconter que j’écrivais sur Morgane et Jasmine ?
Lilou croisa les bras sur sa poitrine.
— J’ai bluffé, je voulais voir comment elle réagirait !
Fanny inspira et ferma les yeux quelques secondes pour se calmer avant d’énoncer d’une voix glaciale :
— Écoute-moi bien, je t’interdis de retourner la voir, je t’interdis de fouiller dans ses affaires et je t’interdis de poursuivre tes recherches sur Sarah Leroy.
— Non.
— Comment ça, non ?
— Non. Je veux savoir ce qui lui est arrivé, et puis on n’a jamais retrouvé le corps, qu’est-ce qui nous dit qu’elle n’a pas fugué ?
Fanny, excédée, leva les yeux au ciel.
— C’est évidemment la première piste qui a été étudiée, c’était la fille du maire, la police n’a pas chômé ! Ils ont vérifié toutes les gares, le ferry, les aéroports, les péages, même en Belgique au cas où elle aurait passé la frontière à pied. Elle n’a jamais quitté Bouville…
— Elle s’est coupé et teint les cheveux juste avant de disparaître… Peut-être qu’elle n’a pas été reconnue. Si ça se trouve, elle est encore vivante quelque part !
— Lilou, je ne veux pas que tu sois mêlée à ça, je…
— Mais qu’est-ce que ça peut te faire que je cherche ? hurla Lilou. Tu t’en fous de toute façon de ce qui est arrivé à Sarah ! Tout le monde s’en fout parce que sa mère est morte et que quand ta mère est morte, plus personne n’en a rien à foutre de toi !
— Arrête…, tenta de couper Fanny sans succès.
— Et même quand tu crèves à quinze ans, tout le monde s’en moque, tout le monde t’oublie et continue sa petite vie comme si tu n’avais jamais existé !
— C’est justement parce que je ne m’en moque pas que je veux que tu arrêtes ! cria à son tour Fanny en balançant les photos de toutes ses forces à travers la chambre. Si Angélique et ses copines ont fait du mal à Sarah et qu’elles ont fait disparaître un corps à quinze ans, qu’est-ce que tu crois qu’elles feront subir à une gamine de quatorze ans qui risque de révéler la vérité vingt ans plus tard ? Tu y as pensé à ça ?
La colère de Lilou retomba net, elle scruta Fanny quelques longues secondes avant de murmurer, ébahie :
— Tu crois qu’Angélique a tué Sarah.
— Non, je n’ai jamais dit ça, je…
— Si… C’est pour ça que tu n’as pas mentionné qu’Angélique avait été soupçonnée dans tes articles. Tu sais quelque chose. Depuis le début, je sais que tu mens. En fait, tu protèges Angélique.
Fanny s’assit dans un fauteuil, sa colère était retombée comme un soufflé et une immense lassitude l’envahit.
— Je n’en sais rien, je ne sais pas ce qui est arrivé, je sais juste…
— Quoi ?
— Je sais juste que la nuit de la disparition de Sarah, Angélique n’a pas dormi à la maison, elle est revenue à l’aube, l’air perturbée.
— Quoi d’autre ? demanda Lilou.
— Rien…
— Si, tu caches quelque chose. Je te connais, FC, tu mens comme un pied.
Fanny soupira et mit quelques secondes à répondre.
— Si jamais ça sort de cette pièce, je nierai en bloc.
— D’accord.
— Le jour de la disparition, Angélique avait la veste en daim de Sarah.
— La veste qui a été retrouvée dans le sac de sport d’Éric Chevalier ? Celle avec les taches de sang ?
Fanny hocha la tête, étrangement libérée d’un poids écrasant. Vingt ans qu’elle gardait ce secret comme une épine dans son cœur et soudain elle avait l’impression qu’elle respirait mieux.
— Tu ne l’as pas dit à la police ?
— C’était ma petite sœur… Notre mère ne s’est jamais vraiment occupée de nous, je l’avais laissée toute seule pour aller étudier loin d’elle, je ne pouvais pas la trahir. Je n’ai jamais pensé qu’Éric serait condamné, c’était tellement inimaginable qu’un garçon comme lui se retrouve dans une situation pareille. Puis il a été interrogé, et non seulement personne n’a pu confirmer son alibi, mais il a aussi menti sur tant de choses… Je me suis persuadée que c’était peut-être lui qui l’avait tuée et qu’Angélique avait dû trouver la veste sur la plage… Je voulais croire qu’elle n’avait rien à voir là-dedans…
— C’est pour ça que tu t’es éloignée d’elle ?
— En partie, oui… Chaque fois que je la voyais, que je revenais ici, je repensais à Sarah. Je ne supportais pas l’idée qu’elle ait pu être mêlée à une histoire aussi sordide. Je…
Fanny se mit à pleurer doucement.
Анна Михайловна Бобылева , Кэтрин Ласки , Лорен Оливер , Мэлэши Уайтэйкер , Поль-Лу Сулитцер , Поль-Лу Сулицер
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