Читаем Désenchantées полностью

— Elles étaient si proches, elles s’aimaient tellement… J’avais l’impression que rien ne pouvait les séparer. Quand je suis partie pour mes études, je l’ai fait sans culpabilité parce qu’Angélique avait Sarah. Jamais je n’aurais pensé qu’elles puissent se haïr comme elles se sont haïes après.

Elle secoua la tête, saisit le mouchoir que Lilou lui tendait et se moucha avec bruit. Son maquillage avait probablement coulé, elle ne devait plus ressembler à rien.

— Je suis désolée d’avoir lu ton journal, je n’aurais pas dû, mais pour ma défense, j’essayais de comprendre pourquoi tu me détestais autant.

Lilou haussa les épaules.

— Parce qu’il faut toujours tout faire en fonction de toi, comme quand tu as gâché nos vacances à New York avec ton histoire de passeport périmé.

— Il n’était pas périmé, ce n’était pas ma faute, c’était une erreur administrative !

— Oui, enfin, tu aurais pu nous laisser y aller avec Papa et rentrer avec Oscar au lieu d’exiger qu’on rentre tous les quatre ! Papa m’avait promis qu’on irait à New York depuis des années…

— J’étais épuisée, Oscar était tout petit, je ne savais pas que c’était aussi important pour toi, ce voyage…

— Tu ne sais pas parce que, quand Oscar est né, tu m’as laissée tomber et j’ai cessé d’exister pour toi.

— Quoi ?

— Il n’y en avait plus que pour lui, moi, je n’existais plus pour personne, ni pour toi ni pour Papa, même Papi et Mamie n’avaient d’yeux que pour lui. Je comprends, hein, moi aussi je l’adore Oscar, c’est la meilleure personne sur cette planète, mais j’aurais bien aimé que quelqu’un se préoccupe de moi…

Fanny fixa sa belle-fille de longues secondes. Elle ouvrit la bouche pour expliquer que sa grossesse à risque avait été très éprouvante, que c’était difficile de devenir mère, encore plus avec un père qui maîtrise déjà tout parfaitement parce que, pour lui, ce n’est pas la première fois. Puis elle se souvint que Lilou était une enfant, une enfant qui avait perdu sa maman. Alors, elle se contenta de répondre avec délicatesse :

— Je suis désolée, Lilou, j’ai eu beaucoup de mal après la naissance d’Oscar à gérer ma nouvelle vie, je n’ai laissé de place à personne, ni à toi ni à ton père, pourtant, je n’ai jamais cessé de vous aimer. Ce n’était qu’une période, je pensais que les choses reviendraient à leur place au bout de quelques mois, mais tu ne m’as jamais pardonnée.

— Tu ne t’es jamais excusée.

— Alors laisse-moi le faire maintenant : pardon, je n’ai pas réalisé que je t’avais autant manqué.

Lilou afficha une moue boudeuse.

— J’ai pas dit que tu m’avais manqué, je m’en sors très bien toute seule et puis, au moins, maintenant, j’ai Oscar.

Fanny continua avec beaucoup de douceur :

— Moi, tu me manques. Et ce n’est pas vrai que tu ne comptes pour personne. Même si personne ne remplace jamais une maman, ton père et moi, on sera toujours là pour toi. Même quand tu écris dans ton journal que tu serais heureuse que je meure, je continue d’aller aux convocations du collège, de te faire à manger le soir, de changer tes draps, de me faire du souci pour toi et ton avenir…

Lilou eut un sourire en coin.

— Je le pense pas.

— Quoi ?

— Qu’on serait mieux sans toi, Oscar, Papa et moi… J’ai écrit ça parce que je m’étais rendu compte que tu lisais, je voulais juste te faire chier.

Fanny se souvint du choc qu’elle avait ressenti en lisant ces lignes et des larmes qui avaient coulé sur ses joues.

— Ça a très bien marché.

— Je te demande pardon aussi, dit Lilou, je ne voulais pas te faire de la peine, juste que tu arrêtes de lire mon journal.

Elle s’approcha de sa belle-mère et passa ses bras autour de son cou. Celle-ci la serra maladroitement contre elle, inspirant l’odeur encore enfantine de cerise et de vanille et, pour la première fois, elle ressentit le même sentiment d’apaisement que quand elle prenait Oscar dans ses bras. Puis, elle posa ses mains sur les épaules de Lilou et la supplia en la regardant droit dans les yeux :

— S’il te plaît, est-ce que tu peux laisser tomber cette enquête ? Je ne veux pas qu’il t’arrive quelque chose.

— OK, marmonna l’adolescente à contrecœur.

Elle tendit à Fanny les photos, les notes et les dessins qu’elle avait rassemblés.

— Merci.

Lilou plongea la main dans la poche arrière de son jean et en sortit un dernier cliché.

— Il y a celle-là, aussi.

Fanny la posa au-dessus de la pile sans la regarder.

— Bon, change-toi, tu es trempée, et on va dîner ensemble au restaurant, d’accord ?

— OK, dit Lilou, on peut manger des moules-frites ?

— Encore ?!

— C’est bon, les moules-frites, tu devrais essayer !

— OK…

Fanny retourna dans sa chambre, posa la pile de photos sur la table de nuit. Exceptionnellement, elle décida qu’elle avait la flemme de se remaquiller et enfila un jean et un gros pull de laine. Au restaurant, elle laissa Lilou lui commander une bière et des moules-frites au maroilles et elles passèrent ensemble la soirée, sans se disputer une seule fois.

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