Читаем Désenchantées полностью

Ils s’étaient donné rendez-vous au Purple Beach, pas très loin de la piscine de Santa Monica où Sarah donnait des cours de natation le samedi matin. Ils devaient déjeuner ensemble. Il l’attendait devant ce café qu’ils aimaient tant, protégé de la chaleur de ce début d’après-midi par l’ombre des palmiers et une brise légère en provenance de l’océan. Il avait attendu en vain de la voir apparaître, ses cheveux encore mouillés, son ventre rond mis en valeur par la robe de grossesse. Elle n’avait jamais paru aussi sereine que depuis qu’elle était enceinte. Elle n’était jamais arrivée, elle n’avait jamais appelé. Il avait reçu un coup de fil de la police : sa femme avait grillé un feu, parce qu’elle utilisait son téléphone au volant. Elle avait percuté un autre véhicule et perdu le contrôle de sa voiture. Elle était hospitalisée dans un état critique. L’autre conducteur, lui, n’avait rien.

Alors qu’une infirmière lui disait pour la centième fois qu’elle n’avait aucune information pour le moment, Matthew prit la décision de traduire le message qui lui avait peut-être coûté son bébé et sa femme.

A. - 10 h 45

La police est venue interroger René hier.

Je crois qu’ils rouvrent l’enquête.

Appelle-moi dès que tu peux.

Il relut la traduction, tentant de comprendre. Qui était A. ? Qui écrivait en français à sa femme ? Sarah n’avait pas d’amis français. Elle semblait même éviter toute relation avec les ressortissants de ce pays, comme cette fois où elle avait inventé un prétexte pour refuser de faire visiter Santa Monica à un jeune couple de Français qui venaient de s’y installer.

— Monsieur Ford ?

Il sursauta. L’infirmière lui sourit gentiment.

— Votre fille est née par césarienne il y a une heure, elle va bien, elle est en couveuse. Vous venez la voir ?

Il la fixait sans comprendre. Sarah n’était pas supposée accoucher avant le mois suivant. Cinq semaines d’avance, c’était énorme.

— Et ma femme ?

— Votre femme a perdu beaucoup de sang, monsieur Ford, son état est stable, mais pour le moment, elle n’a pas repris connaissance.

— Ça veut dire quoi ?

— Ça veut dire qu’elle est dans le coma. Je suis désolée, mais je ne peux pas vous en dire plus pour le moment, c’est tout ce que j’ai comme information. On va voir votre bébé ?

Matt suivit l’infirmière comme un somnambule jusqu’à une petite pièce où un bébé minuscule dormait paisiblement dans une sorte de boîte en plastique. Sa fille, puisque c’était elle, portait un bonnet violet et un body beaucoup trop grand pour elle. Il songea à la première tenue que Sarah, qui détestait le violet, avait sélectionnée avec soin pour l’arrivée au monde de leur bébé. À l’idée qu’elle ne serait pas portée, les larmes lui montèrent aux yeux. Doucement, il passa une main par le trou prévu à cet effet sur le côté de la couveuse et posa une main sur le front minuscule.

— Tout va bien maintenant. Maman sera bientôt là, murmura-t-il, ne t’inquiète pas.

— Monsieur Ford, dit l’infirmière qui remplissait un formulaire, pouvez-vous écrire ici le prénom que vous avez choisi pour votre fille ?

Il leva la tête, un peu hagard, déchiré entre l’émerveillement et l’horreur de cet instant. L’un des plus déterminants de sa vie.

Il prit le stylo-bille que lui tendait la femme en blouse. D’une main tremblante, il écrivit le prénom que Sarah avait proposé dès qu’elle avait su qu’elle attendait une fille. Il l’avait accepté, malgré l’accent sur le « e » que les Américains ne comprendraient jamais, parce qu’il l’avait trouvé beau et qu’il avait senti qu’il revêtait pour sa femme une importance particulière.

Aujourd’hui,

Fanny

— Ça vaut le coup de passer voir Angélique pour lui annoncer la bonne nouvelle, non ?! s’exclama Lilou, ravie de sa découverte.

Fanny coupa le contact, se tourna vers sa belle-fille et sourit avec une douceur inattendue.

— Non.

Lilou la dévisagea sans comprendre.

— Comment ça, non ? Tu imagines ! Elle sera tellement heureuse de savoir que Sarah est vivante ! On ne peut pas lui cacher ça !

— Ce n’est pas une bonne idée.

Lilou s’apprêtait à lui répondre vertement quand quelque chose dans l’expression de Fanny l’arrêta.

— Tu savais déjà ? murmura-t-elle.

Fanny examina longuement Lilou, hésitant à partager avec elle un secret qui n’était pas le sien. C’était Lilou, toutefois, qui n’avait jamais laissé tomber Sarah, qui était allée au bout de cette enquête sans jamais se laisser décourager. Elle ne pouvait pas lui cacher la fin de l’histoire.

— Je ne savais pas pour mon passeport, même si ton hypothèse se tient parfaitement, mais je soupçonnais que Sarah était arrivée en Angleterre.

— Explique…

— J’ai eu un doute quand Angélique a confirmé la mort de Sarah hier. J’ai eu l’intuition qu’elle mentait…

— Ah oui ? Qu’est-ce qui te fait dire ça ?

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