J’ai atteint la plage à la nuit tombée, j’aurais pu mourir là si un jeune couple qui s’était installé sur le sable pour observer le coucher du soleil ne m’avait pas aidée. Ils ont cru que j’étais partie nager trop loin et que j’avais failli me noyer. Ils m’ont prêté une serviette et m’ont proposé de manger quelque chose, je ne pouvais cependant pas avaler quoi que ce soit. Mes membres étaient quasi paralysés, j’arrivais à peine à parler tellement ma langue était gonflée par le sel, j’étais incapable de déplier mes doigts figés par l’effort et le froid, et qui ressemblaient aux serres d’un oiseau de proie. Je ne sais pas comment j’ai réussi à les convaincre, avec le peu de mots que j’étais en état de prononcer, de ne pas m’emmener à l’hôpital. Pas une seconde, ils n’ont imaginé que je venais de France. Je leur ai dit qu’on m’avait volé mes affaires et la fille m’a prêté un short et un pull.
Le plan était parfaitement organisé, les filles avaient pensé à tout. Une chambre d’hôtel, payée par téléphone plusieurs semaines plus tôt, était réservée pour moi à quelques minutes de la plage. Angélique y avait fait expédier un colis à l’attention de Fanny Courtin, ma nouvelle identité. Elle avait eu l’idée de génie de voler le passeport de sa sœur, j’étais donc officiellement majeure, ce qui me permettrait de trouver du travail facilement. J’ai demandé au couple de m’emmener en voiture jusqu’à l’hôtel où je leur ai fait croire que mes parents m’attendaient. Je n’étais pas à même de marcher, même cinq minutes.
— Tu t’es fait dévorer par les méduses ! s’est exclamée la fille, horrifiée, quand je me suis installée dans la voiture sous la lumière jaune.
J’ai suivi son regard, surprise. Mes jambes et mes bras étaient couverts de striures rouges et boursouflées. Je n’avais rien senti. La mer m’avait protégée.
Dans ma vie, je n’ai pas eu beaucoup d’alliés, mais ce jour-là, j’ai compris que la mer en avait toujours été une. Je n’aurais jamais dû avoir peur de celle qui, depuis que j’étais petite, m’avait accueillie en son sein, avait bercé les étés de mon enfance et m’avait portée dans ses bras protecteurs jusqu’aux rivages de la liberté.
Sarah
Анна Михайловна Бобылева , Кэтрин Ласки , Лорен Оливер , Мэлэши Уайтэйкер , Поль-Лу Сулитцер , Поль-Лу Сулицер
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