Читаем Du brut pour les brutes полностью

Il se tient assis, comme en visite, une jambe allongée, l’autre repliée sous son siège, le chapeau sur le ventre, un coude sur son dossier et sa physionomie est barbouillée de confusion.

— Qu’est-ce que tu fous ici ? barris-je. Je te croyais dans le rapide de Marseille…

— J’y suis t’été, articule-t-il avec peine. Mais figure-toi que la garce m’a possédé.

— Elle ne t’a pas balancé par la portière, si ?

— Ecoute, quand j’ai z’eu mon bifton, j’sus grimpé dans le dur et je m’ai mis à sa recherche. A se trouvait dans un compartiment où qu’il n’y avait plus de place. Moi je file dans celui d’à côté et je m’installe… Le train se barre. Je me dis que je vais griller une sèche… Je passe dans le couloir et qu’aspers-je dans le wagon de la gonzesse ? Balpeau… Sa place était vide. Tout de suite je la crois aux gogues et j’attends : nib ! Dix minutes s’écoulent sans que je revoye miss Fille de l’air. Je cavale au fourgon-restaurant, pas de frangine ! Du coup, je prends les vapeurs et je me farcis tout le dur, depuis le fourgon de queue jusqu’au tender : zéro ! Comme si que cette garce s’était déguisée en courant d’air… Alors j’entre dans son compartiment et je demande à ses compagnons de voyage ce qu’elle est devenue.

« Y me disent que, juste au moment où que le train partait, un type est venu lui causer. Paraît qu’elle a cramponné sa valoche dans le filet et qu’elle est descendue comme une qu’aurait oublié de fermer le gaz. »

Le Gros allume une cigarette pour se donner le temps de respirer. Il laisse tomber l’allumette non éteinte sur le pan de sa veste qui se met à grésiller joyeusement. Il conjure le sinistre, gratte les bords noircis du trou pratiqué dans l’étoffe et attaque la péroraison.

— Heureusement, termine le Mastar, que ce rapide-là s’arrêtait à Sens. J’y suis descendu et j’ai pris un autre bolide en sens (il rigole du mot) inverse… Tu mords ?

Un silence gênant (pour lui) plane sur le burlingue comme une menace de guerre. Je foudroie mon subordonné d’un œil terrible. Il tente de m’amadouer par un sourire, se rend compte de la vanité de l’exploit, et baisse sa grosse tête pleine de calembours et de recettes culinaires.

— Béru, lui dis-je, voilà où mène l’ivrognerie.

Il se rebiffe :

— Je te jure que j’étais pas naze, San-A.

— Des années de vin rouge, ça vous sape un homme. Je crois que le moment est venu pour toi d’aller vendre du muguet ou de faire les vendanges dans l’Hérault. Quand un limier laisse filer sa proie sous son nez aussi stupidement, il a droit à sa mise en disponibilité…

Alors là, il voit rouge, le Gros rouge. Mettant sa cigarette tout allumée dans sa poche, il vitupère :

— T’as bonne mine, commissaire de mes joyeuses ! Pas plus tard qu’hier, tu t’es laissé fabriquer comme un enfant de chœur par une gonzesse qui t’a manœuvré de première… Elle a fait joujou avec ta pomme comme avec la poupée parlante du Bazar de l’Hôtel de Ville ! Faut se moucher avant d’empêcher les autres de renifler…

Nous nous défions furieusement et, comme chaque fois, ça se termine par un double éclat de rire.

— Inspecteur Bérurier, fais-je, je vous invite à plus de respect envers votre supérieur hiérarchique.

— Et moi je t’invite à aller prendre un pot pour se remonter le moral…

— Il en est bien question !

— T’as tort dans le fond, la vie est courte, philosophe le Gros qui, sans jamais avoir lu Bergson ni Einstein, sait développer des théories fondamentales.

Je le mets au parfum des événements de dernière heure et il sursoit de lui-même à ses projets alcoolisés.

— Qu’est-ce que tu comptes faire ?

— Interroger les mecs qu’on a parqués à côté… J’espère qu’ils éclaireront notre lanterne…

Je demande au planton d’introduire d’abord les cuisiniers, car j’ai l’impression que ces chevaliers de la broche ne font pas partie de la bande.

Effectivement, les deux casseroles’s brothers travaillent à la Petite Sibérie depuis quatre ou cinq ans, c’est-à-dire bien avant l’arrivée des nouveaux propriétaires. Ils ne savent rien. Ils sont russes, parlent un français rocailleux et ne comprennent pas la moitié des questions que je leur pose.

Je les expédie rapidos après avoir noté leur adresse.

Même tabac pour Marie Landoffé, la proposée au vestiaire-téléphone, ouatères, une brune à moustache, à lunettes et à soutien-gorge Dunlop. Elle ne sait rien des nouveaux patrons ni de leur activité. Un renseignement important cependant : elle peut me fournir les adresses des deux associés. Illico je frète deux expéditions avec ordre d’arrêter Embroktaviok et de perquisitionner dans les appartements.

Puis je reviens à Marie Landoffé. Je lui montre une photo d’Alliachev que le Dabe m’avait communiquée.

— Vous reconnaissez ce monsieur ?

L’image est ancienne. Depuis qu’elle a été tirée, le gars Boris a un peu changé.

— Il me semble, fait la moustachue lunetteuse, mais franchement je ne saurais vous dire…

— Il a dîné à La Petite Sibérie ces derniers temps… Hier soir entre autres… Et mon petit doigt me dit qu’il a eu un entretien avec vos patrons…

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