Читаем Du brut pour les brutes полностью

Elle réfléchit laborieusement, puis, ayant lissé sa moustache, elle déclare :

— J’y suis… En effet, je l’ai vu, ce type… Hier soir M. Embroktaviok l’a fait appeler par Igor, le maître d’hôtel. Ils se sont serré la main au vestiaire. M. Embroktaviok l’a invité à voir sa cave. Ils sont descendus.

— Vous ne l’avez pas vu remonter ?

— Non. M. Félareluir m’a envoyé acheter des cigares au bureau de tabac, j’ai pensé que cet homme que vous dites était reparti pendant ce temps.

Il n’y a plus grand-chose à tirer de cette gosse. Je la renvoie dans ses foyers en lui recommandant de se tenir à la disposition de la justice.

Je me tape ensuite les deux serveurs (ce qui est façon de parler, de mal parler). Eux aussi étaient de la boîte avant l’arrivée des nouveaux patrons. Ils ne sont au courant de rien et ne m’apprennent qu’une chose intéressante : Igor est entré en fonctions en même temps que les nouveaux propriétaires. M’est avis que j’ai bien fait de le garder pour la bonne bouche. Bérurier somnole dans son fauteuil comme un crapaud sur une feuille de nénuphar. On pourrait croire qu’il n’est pas dans le coup, et pourtant son œil bovin enregistre tout. Avant l’entrée du maître d’hôtel, il se manifeste péniblement pour affirmer :

— C’est lui le client sérieux, tu peux me croire. D’ailleurs, j’ai bien vu à midi qu’il avait une bouille pas catholique…

— Il est orthodoxe, ne puis-je m’empêcher de lancer, car cet après-midi, j’ai l’humour qui vole bas.

Là-dessus, entrée du monsieur tant attendu.

Il adopte le style réservé et déférent. Il ressemble plus à un ordonnateur des pompes funèbres qu’à un maître d’hôtel lorsqu’il est en civil.

— Asseyez-vous, proposé-je aimablement.

Béru, intéressé, se lève, clôt le devant de son pantalon qui bâillait à s’en décrocher la braguette et vient s’asseoir sur le coin du bureau. Ça vaut un bronze d’art et ça fait plus d’effet.

— Comment avez-vous connu les sieurs Embroktaviok et Félareluir ? commencé-je, en dessinant un philodendron sur le buvard de mon sous-main.

— Parr burreau de placement, répond le Tauriol.

— Vous ne savez rien de leur activité ?

— Rrrien ! Je ne faisais que serrrvice…

Je pousse la photo d’Alliachev dans sa direction.

— Vous connaissez ?

— Naturellement, c’est client !

— Quand l’avez-vous vu pour la dernière fois ?

— Hierrr.

— Il a quitté le restaurant ?

— Oui, fait-il sans l’ombre d’une hésitation.

Béru pousse une sorte de hennissement. Le mensonge flagrant du pingouin l’enivre.

— Tu permets ? me fait-il.

D’un signe, je lui enjoins de se calmer.

— M. Félareluir dînait dans la salle avec une dame ? je questionne.

Il marque l’ombre d’un poil d’hésitation et opine.

— C’est vrrrai.

— Vous connaissez cette femme ?

— Non.

— C’était la première fois qu’elle venait à La Petite Sibérie ?

— Oui.

Béru se penche vers moi, renversant mon encrier sur sa jambe de grimpant.

— Ce zigoto c’est bouche-cousue-je-t’enchose, chuchote-t-il. Le seul moyen de le faire causer, c’est de lui mettre des pains dans la gueule, crois-moi, je connais les êtres…

— Ecrase, Gros, tu permets !

Il se renfrogne, éponge son costard imbibé et attend la suite.

Je quitte mon fauteuil pivotant et je vais me placer face à Igor.

— Assez rigolé, pépère, lui dis-je. Maintenant tu vas me parler de la petite bonne de Mme Godemiche. Elle était dans votre turne à deux heures. Je l’ai repérée, tu t’en aperçu. Tu as vu que mon valeureux petit camarade ici présent lui emboîtait le pas, alors tu as donné l’alerte. Les gars de ta bande ont expédié quelqu’un à la gare de Lyon pour la prévenir. Le messager l’a récupérée dans le train et elle est redescendue…

Igor est aussi calme qu’un chef indien en train de se faire ravaler la frime façon façade de droguiste pour partir en guerre contre l’attribut d’Œil de Faucon (celui qui cache son jeu).

— Je ne sais pas ce que vous dites ! affirme-t-il. Moi, je ne suis qu’un pauvrrre maîtrrre d’hôtel…

— Un pauvre maître d’hôtel qui a vu sortir Alliachev du restaurant hier soir ?

— Oui, pourrrquoi redemandez-vous ?

— Tu n’as pas dit au gars Boris qu’un des patrons demandait à le voir dans l’arrière-salle ?

— Non.

Son sourire hautain est presque gênant. C’est sa façon à lui de nous dire merde. Il nie l’évidence pour nous marquer son mépris.

Il se produit alors un remue-ménage. C’est le Gros qui, perdant patience, vient de culbuter l’Igor sur le plancher d’un coup de citrouille dans le buffet.

CHAPITRE X

LE JEU DES RÉPONSES

Moi, vous le savez, j’ai horreur de la brutalité lorsque celle-ci ne s’impose pas. Aussi adressé-je un regard ultra-réprobateur à Béru. Mais, comme on dit à Aix-les-Bains, il n’en a cure.

On dirait qu’il est dingue, Béru. Qu’il fait de cette histoire une affaire personnelle. Il prend les patins d’une noble cause. C’est le valeureux croisé dans toute sa gloire. Il dégaine le glaive de la justice. Il rayonne. Saint Michel terrassant le démon. Une auréole de feu tournique au-dessus de son bada. C’est pour la paix que mon marteau travaille ; bravo Cadoricin !

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