Читаем Du brut pour les brutes полностью

Pour lui faire lâcher prise, il faudrait lui faire braquer une lampe à souder aux miches, et encore !

Il s’est baissé, il a cramponné Igor par la cravetouze et le strangule en le relevant.

— S’pèce de marchand de salades, peste le Mahousse, t’as fini de nous berlurer, non ?

Il lui met deux claques sur la vitrine, comme il les plaquerait sur la croupe d’une jument ou d’une lavandière.

— Je vais te dire, aboie mon féroce compère, c’est toi qu’es allé au train récupérer la môme…

Je lui prends le bras.

— Qu’est-ce que tu annonces, Gros !

— Ça m’est revenu en regardant cette bouille de Judas, fait Béru, les gens du compartiment m’ont dit que le type qu’était venu chercher ta gonzesse portait un galure taupé vert avec une plume au ruban…

Il ramasse le couvre-chef d’Igor sur le parquet.

D’un geste violent il l’en coiffe. Il n’est pas fait pour sacrer les rois, le Mastar. Notre client a l’air d’être chlass avec son bitos enfoncé de travers jusqu’aux sourcils.

— Et puis, ajoute le Gros, ils m’ont dit aussi qu’il avait une cravate bordeaux…

D’un index rageur il extirpe la cravate du gilet d’Igor…

— C’est pas bordeaux, ça, me demande-t-il, ou bien si je suis dalmatique…

Cette fois, le maître d’hôtel n’est plus maître de lui. Il a la blancheur Duchnock et son regard fixe en dit long comme Bordeaux-Paris sur sa consternation.

— Tu vas te mettre à table ! certifie Bérurier, ce qui ne manque pas d’humour eu égard à la profession de notre zigoto.

Le Russe hoche tristement la tête.

— Je n’ai rien à vous dire, laisse-t-il tomber d’une voix nette.

Alors là, je le trouve téméraire, le copain. Avoir un Béru en transe devant soi et refuser de s’allonger, c’est pire que jouer à la torpille humaine.

Il se fait un étrange silence. Puis le Gros pose sa belle veste à carreaux et remonte les manches de sa chemise. Ensuite il déboutonne son col, donne du mou à son nœud de cravate et fait craquer ses articulations. On dirait qu’il vient de s’asseoir sur un sac de noix.

— Qu’est-ce qu’on lui demande pour commencer ? questionne-t-il, soucieux d’ordonnancer son passage à tabac.

Je regarde Igor.

— On lui demande pourquoi Embroktaviok et Félareluir ont zigouillé Alliachev…

Il se tourne vers le maître d’hôtel.

— Vous disiez, Matéose ? fait-il.

— J’ignore de quoi vous parrrlez !

Alors Béru débute par l’exercice B du Manuel du parfait petit passeur à tabac ; celui qui vient après l’introduction du professeur Cognemou de la faculté des coups et blessures de Bourrepif. Il lui fait tout le commentaire des graphiques et étude des planches en couleurs.

La trombine d’Igor voltige de gauche à droite. Les torgnoles pleuvent… Le Russe serre son râtelier et laisse passer le cyclone. Il a fait la Sibérie, la bourrasque ça le connaît.

Cette séance dure dix minutes. Puis le Gros s’arrête pour se masser les phalanges. Le maître d’hôtel n’est pas plus présentable qu’une serpillière hors d’usage. Il gît sur son siège comme un jules qu’on viendrait de récupérer dans une bétonnière.

La sonnerie du bigophone apporte une diversion. Je décroche. On me communique différentes nouvelles. Primo, on a retrouvé rue de Courcelles la Chrysler blanche de la veuve Godemiche, vide, bien entendu. Deuxio, les perquises effectuées chez les sieurs Embroktaviok et Félareluir n’ont absolument rien donné… Embroktaviok est en fuite. Troisio, mon petit Mathias vient d’être opéré et son état est moins alarmant qu’on ne pouvait le craindre. Voilà qui me remonte un peu le moral. J’en ai besoin. En somme, ce maître d’hôtel est l’unique fil qui nous rattache à l’affaire. Il faut absolument qu’il parle.

Je me penche sur lui. Le Gros l’a accommodé en dinde truffée. Des plaques vertes, bleues et noires constellent sa physionomie. Il a une lèvre fendue, son dentier démis et un petit filet de sang sous le nez.

— Voyons, dis-je, lui faisant le coup du chaud et froid, à quoi bon vous obstiner ? Votre bande est cisaillée maintenant. Si vous ne parlez pas, vous allez trinquer pour les copains, mon vieux, et c’est tout ce que vous en aurez…

Il prend une profonde respiration et balbutie :

— Je n’ai rrrien à dire.

— Il n’a pas encore compris sa douleur, traduit Béru. Laisse-moi continuer mes cours privés…

Mais je sais que les voies de fait sont inutiles. Igor ne parlera pas. Il se laissera hacher menu sans dire un mot.

— Ecrase, soufflé-je à mon compagnon.

— Quoi ! proteste le Gros.

— Colle-le au placard pour qu’il réfléchisse sur son sort, moi je vais aller discuter de tout ça avec le Vieux.

Le Gros hausse les épaules et remet sa veste. Il n’est pas content et méprise ma faiblesse. Pour lui, un type vivant doit automatiquement répondre aux questions qu’on lui pose ; le tout étant de trouver les arguments convaincants.


Le boss est déjà au courant de tout lorsque je pénètre dans son repaire.

Il se tient sur une réserve prudente.

— La situation évolue, on dirait ? murmure-t-il en massant son œuf coque.

Перейти на страницу:

Похожие книги

Запретные воспоминания
Запретные воспоминания

Смерть пожилой пациентки с хроническим заболеванием сердца в краевой больнице становится настоящим ЧП, ведь старушка была задушена! Главврач клиники Владимир Радецкий волей-неволей вынужден участвовать в процессе расследования. Открывающиеся ему факты указывают на то, что у этой трагической истории очень глубокие корни. Вместе со старой знакомой, журналисткой, и новой подругой Радецкий выясняет подробности грандиозной аферы. Ее участники уже ушли в мир иной, а вот приобретенный ими капитал по-прежнему цел и при этом соблазнительно велик…Людмила Мартова – мастер увлекательной детективной мелодрамы, автор захватывающих остросюжетных историй. Их отличают закрученная детективная интрига, лихой финал с неожиданной развязкой и, конечно же, яркая любовная линия. Героини романов Людмилы Мартовой – современные молодые женщины, которые точно знают, чего хотят от жизни.

Людмила Мартова

Иронический детектив, дамский детективный роман
Камин для Снегурочки
Камин для Снегурочки

«Кто я такая?» Этот вопрос, как назойливая муха, жужжит в голове… Ее подобрала на шоссе шикарная поп-дива Глафира и привезла к себе домой. Что с ней случилось, она, хоть убей, не помнит, как не помнит ни своего имени, ни адреса… На новом месте ей рассказали, что ее зовут Таня. В недалеком прошлом она была домработницей, потом сбежала из дурдома, где сидела за убийство хозяина.Но этого просто не может быть! Она и мухи не обидит! А далее началось и вовсе странное… Казалось, ее не должны знать в мире шоу-бизнеса, где она, прислуга Глафиры, теперь вращается. Но многие люди узнают в ней совершенно разных женщин. И ничего хорошего все эти мифические особы собой не представляли: одна убила мужа, другая мошенница. Да уж, хрен редьки не слаще!А может, ее просто обманывают? Ведь в шоу-бизнесе царят нравы пираний. Не увернешься – сожрут и косточки не выплюнут! Придется самой выяснять, кто же она. Вот только с чего начать?..

Дарья Донцова

Детективы / Иронический детектив, дамский детективный роман / Иронические детективы
Главбух и полцарства в придачу
Главбух и полцарства в придачу

Черт меня дернул согласиться отвезти сына моей многодетной подруги в Вязьму! Нет бы сесть за новую книгу! Ведь я, Виола Тараканова, ни строчки еще не написала. Дело в том, что все мои детективы основаны на реальных событиях. Но увы, ничего захватывающего до недавнего времени вокруг не происходило, разве что мой муж майор Куприн, кажется, завел любовницу. Ну да это никому, кроме меня, не интересно!.. На обратном пути из Вязьмы в купе убили попутчицу Лизу Марченко, а в моей сумке оказались ее безумно дорогие часы.Я просто обязана их вернуть, тем более что у Лизы осталась маленькая дочь Машенька. Но, приехав в семью Марченко, я узнала, что Лиза выбросилась с балкона несколько лет назад, когда исчезла ее грудная дочь Маша, которую похитил сбежавший муж и его любовница. Так кто же ехал со мной в купе и кого убили, а?..

Дарья Донцова

Детективы / Иронический детектив, дамский детективный роман / Иронические детективы