Sur le marcheґ, les gens criaient,La fumeґe sortait de la boulangerieJ’ai le souvenir de la bouche vermeilleD’une chanteuse de rue au visage allongeґ.Dans un cha le sombre — avec des fleurs —,— Pour e tre honoreґe — etToi, les yeux baisseґs, dans la fouleDes croyants, devant la catheґdrale.Prie pour moi, beauteґTriste et diabolique,On eґle`vera pour toi des eґchafaudages,Comme pour la vierge du village.
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Vers Anne, a` la bouche d’or,De toute la Russie, son verbe, etSon expiation, — toi, vent, porteMa voix, et ce lourd soupir.Parle, horizon en feu, parleDe ces yeux, noirs de douleur,Et, doucement, salue, jusqu’a` terre,Parmi les champs doreґs.Raconte, eau verte des ruisseaux,Dans les bois, raconte cette nuit-la`Ou` j’ai vu en toi, et quel visageJ’ai vu, de mes propres yeux.Toi, retrouveґ,Dans la hauteur, avec le tonnerre,Toi, l’anonyme,Porte mon amourA Anne, bouche d’or de toutes les Russies.
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Tu me caches le soleil, — la`-haut,Toutes les eґtoiles dans le creux de ta main!Et si, — portes grandes-ouvertes —Comme le vent — j’entrais chez toi!Et puis balbutier et rougir,Baisser les yeux tout a` fait,Et sangloter pour m’apaiser,Comme un enfant pardonneґ.