Les deux bras me sont donneґs — pour les tendre a` tous, —Mais ils me fuient. Les le`vres — pour donner des noms,Les yeux — pour ne pas voir, les sourcils tout au-dessus —Pour s’eґtonner tendrement de l’amour et de l’absence d’amour —Plus tendrement encore. La cloche, la`-bas, plus lourdeQue celle du Kremlin, sonne, et sonne dans ma poitrine, — ainsi,Qui sait? — Je ne sais pas, — peut-e tre, — il se peut, — ainsi,Je ne m’inviterai pas longtemps sur la terre russe!Un soleil blanc et de tre`s, tre`s bas nuages,Le long des potagers — derrie`re le mur blanc —,Un cimetie`re. Et sur le sable des rangeґes d’eґpouvantailsDe paille, sous des linteaux a` hauteur d’homme.Pencheґe par-dessus les pieux de la palissade,Je vois des routes, des arbres, des soldats en deґsordre.Une vieille paysanne, pre`s d’un portillon ma che,Ma che une tranche de pain noir avec du gros sel...Pourquoi ce courroux contre ces maisons grises, —Seigneur! — Et pourquoi trouer tant de poitrines?Le train passe et hurle, et hurlent les soldats,Et le chemin se couvre de poussie`re, et il s’eґloigne...—Pluto t mourir! Pluto t ne jamais e tre neґe,Que, la`, pour ce pitoyable cri plaintif de forc atVers les belles aux sourcils noirs. — Comme ils chantentAujourd’hui les soldats! O Seigneur mon Dieu!Tu es ma rivale, et je viendrai chez toi,Un jour quelconque, une certaine nuit claire,Quand les grenouilles hurleront dans l’eґtang,Et que les femmes seront folles de pitieґ.Je m’attendrirai sur le palpitementDe tes paupie`res et sur tes cils, jaloux,Je te dirai: je n’existe pas vraiment,Je ne suis qu’un re ve, dans ton sommeil.Je te dirai: console-moi, console-moi.Quelqu’un enfonce des clous dans mon cur!Je te dirai, a` toi: le vent est frais,Les eґtoiles — au-dessus des te tes — sont chaudes...