Quoique je ne sois maître que de quelques peu de momens, je ne puis les mieux employer, mon cher ami, qu'à vous donner de mes nouvelles, en me rappellant à vôtre souvenir. Que vous dirois-je des premiers regards que j'ai jette sur la Pologne? rien. Cela vaut mieux, car il faut en homme prudent suspendre mon jugement. Tout ce que je sais, est un ramas de contradictions, d'animosités personelles sous le voile d'intérêt d'état. Tels sont les hommes, plut à Dieu que je n'eusse à négocier en Pologne qu'avec des Polonois, je serois moins à plaindre. Mais il faudra combattre des obstacles étrangers à mon objet. A bon entendeur salut, je vous en dirai davantage avec le temps.
La connoissance de votre âme, mon cher Fon Viesin, ne me permet pas de douter un moment de la sincérité de vos assurances d'amitié et de leur effet. Je ne vous crois pas capable de duplicité. Je répondrai à ces sentimens par la reconnoissance la plus essentielle, soyés persuadé de cette vérité, et j'en chercherai les occasions. Ayés la bonté de me donner quelques nouvelles du retour du cnmte, ainsi que des sentimens de м-г votre chef et le mien. Je l'aime comme mon père, je le respecte comme celui de la patrie, et j'espère de son honnêteté, que je verrai bientôt les effets de ses promesses et bontés.
Je suis dans un pals dangereux, où le nom de la Russie est exécration à chaque pas que je fais, à chaque projet que je forme pour adoucir je trouve des épines et des obstacles. Je suis heureux de n'en point rencontrer dans les sentimens, avec les quels je suis tout à vous,
A M-r de Fon Viesin.
Varsovie, ce Nov, 1772.
Monsieur,
Je ne puis que vous témoigner ma reconnoissance de la lettre, que vous m'avés écrite, mon cher ami, et vos sentimens fortifient les miens beaucoup plus, que je ne saurois vous le dire. L'amitié est pour moi an besoin dont je ne saurais me passer, voila mon Coeur. Le grand monde et les affaires n'ont pas pu le corrompre. Si l'on me manque, ma consolation a été toujours daus lui. J'aime mieux être la dupe que d'en faire.
Votre lettre m'a fait encor plaisir, indépendamment des choses agréables qu'elle contient pour moi. Tout est en règle, et voila le crédit de l'homme honnête et intègre que nous aimons, aussi bien établi, que je l'ai espéré. Soyés lui toujours aussi sincèrement attaché, que vous l'avés été. Il le reconnoitra, ne lui rappelles jamais ma personne dans cette cohuë d'affaires sous les quelles on le fait succomber, parcequ'il n'y a que lui, qui ait une ame et une tête; mais rappelles lui les affaires de ce païs ci, qui sont plus importantes, qu'elles ne paraissent L'Europe a les yeux sur elles, La Pologne nous a fait avoir une guerre. Nous avons un intérêt
Que vous dirois-je, mon cher Fon Viesin de moi? Je ne suis pas content. Ceci reste entre nous deux, et j'en recommande le secret à vôtre amitié. Si Ton ne sentoit pas soi même le petit mérite qu'on a, d'autres le font, surtout le mérite du coeur et du sentiment à côté de tant d'autres qui en manquent.
Je vis avec Bibikow en frère. C'est l'ame la plus honnête. Aussi mourrat-il de faim un jour comme moi. Je suis content de mes appointements. Il y a beaucoup d'ordre et de magnificence dans ma maison, et je ne mange rien du capital qui me reste.
Adieu, mon cher ami, ne montrés ma lettre qu'à Marcoff, il y applaudira. Je suis tout à vous sans compliment. St. (
Qu'est ce que fait Saldern? Dans le moment on m'apporte on joli habit de veiour, et je vous renvois sous l'adresse du comte. Je vous prie de l'accepter comme un souvenir d'ami. Je vous en demanderai un en temps et Heu. Mes complimem à Talisin, sa femme et Baratinskoy.
Varsovie, ce 9 (20) Fer. 1778.