(…)
« La foule s’est aussitôt précipitée autour d’eux (les Tonkinois) et se montrait le lieutenant Delly, du IIIe, amputé du bras gauche le commandant de Douvres, du 12e d’artillerie, le lieutenant Hurlin, du 143e
, etc., etc. On se montrait également un vieux sergent du 23e qui portait sur la poitrine, à côté de la médaille militaire et de la médaille du Tonkin, la médaille d’Italie. Ce brave serviteur du pays, qui compte vingt-cinq ans de service, a accompli au Tonkin, me disait un des officiers du détachement, des prodiges de dévouement. Les troupes, arrivées à une heure dans le bois de Boulogne, se sont rangées le long des avenues qui mènent au champ de courses. A trois heures, elles prenaient position sur le terrain, aux endroits qui leur avaient été assignés.On a vu dans notre numéro d’hier l’emplacement et la nomenclature des corps qui prenaient part à la revue. A trois heures et demie, tout était prêt, les tribunes étaient bondées: on avait une peine énorme à s’y glisser. Dans la tribune du Jockey, on remarquait le maréchal de Mac-Mahon et la duchesse de Magenta, M. Ferdinand de Lesseps, le duc de Fitz-James, etc. Une foule de plusieurs centaines de mille hommes encombraient tout le pourtour du champ de courses et pendaient aux arbres comme des grappes humaines. Une averse très forte est tombée au moment où les troupes prenaient position, mais cela n’a été qu’un grain, et le temps a été beau jusqu’à la fin de la revue.
A quatre heures, arrivée du président de la République. M. Grévy à droite, M. de Freycinet à gauche, et sur le devant MM. Goblet et Sarrien. A cheval, à droite du landau, le général Boulanger, ayant en sautoir un grand-cordon étranger; à gauche, le général Savin de Larclause et comme escorte, un escadron de cuirassiers. Le drapeau est hissé sur le pavillon présidentiel; la batterie, établie sur la rive de la Seine, se met à tirer, et la revue commence.