Au fur et à mesure que le ministre, ayant à sa droite le général Saussier, gouverneur de Paris, passe devant les rangs, les généraux de brigade ou les chefs de corps font sortir des rangs ceux qui viennent d’être décorés, et leur remettent la croix, d’après le nouveau cérémonial adopté. (…) La revue terminée, le défilé va commencer. Le général Boulanger prend la tête, suivi de deux cents officiers d’état-major, et de trois ou quatre attachés militaires à peine, il passe devant la tribune présidentielle, salue de l’épée, puis vient se ranger en face des tribunes. L’état-major du gouverneur de Paris vient se placer à sa droite, et, au bout de quelques minutes, tous ces officiers avancent d’une dizaine de mètres vers les tribunes, prenant ainsi leur rang définitive (sic). Le lieutenant-colonel Dominé marche en tête des troupes du Tonkin, c’est un enthousiasme fou dans les tribunes. Un peu plus et on lui jetterait des bouquets. A sa suite, le détachement des 12e, 13e, 24e et 28e d’artillerie, les sapeurs des 1er, 2e, et 4e du génie, et le commandant Fraissynaud, avec deux compagnies des 23e, 111e et 143e de ligne. Autre succès pour le bataillon des tirailleurs algériens, pour les fusiliers-marins, l’infanterie de marine, autrement dit les marsouins et l’escadron mixte des chasseurs d’Afrique et des spahis. Le taconnet produit un effet très pittoresque dans ce tableau. (…) Après la gendarmerie qui, comme toujours, marche guère au pas, et la garde républicaine, paraissent les pompiers avec le nouveau casque. Nouveau succès pour ces braves.
(…) Enfin, apparaît l’infanterie. Il y a trois divisions, douze régiments. Le public s’y intéresse moins qu’aux autres corps, mais dans les tribunes, il y a des yeux qui regardent bien attentivement. Ce sont les officiers allemands, envoyés officiels ou officieux, qui s’inquiètent seuls du défilé de l’infanterie de ligne. (…) D’ailleurs, elle marche supérieurement cette année; elle ne veut point être en reste avec ses camarades du Tonkin qui défilent avant elle. (…) A six heures moins un quart, tout était terminé, et tous ceux qui avaient assisté à cette fête militaire regagnaient Paris en commentant les menus faits de la journée. (…) Pendant deux heures toutes les avenues qui mènent à Longchamp ont dégorgé sur Paris la foule immense des spectateurs. Le cheval noir du général Boulanger, magnifique bête que le ministre de la guerre a achetée tout dernièrement et payée six mille francs, était l’objet des conversations de tous; on remarquait en même temps que le ministre, entouré de son état-major, avait attendu devant la cascade l’arrivée du président de la République et avait chevauché à sa portière jusqu’à la tribune officielle, ce qu’aucun ministre de la guerre n’avait fait jusqu’alors. Somme toute, la revue s’est très bien passée, sans grand enthousiasme il est vrai, mais devant une foule très sympathique à l’armée, et qui disait très haut en parlant du ministre de la guerre, que « le général valait mieux que l’homme politique. » Le général Boulanger a lieu d’être satisfait.
LOUIS LAMBERT »
Paul Déroulède – Поль Дерулед (1846–1914), поэт, автор сборников патриотических стихотворений, драматург, писатель, политический деятель. Доброволец в период франко-прусской войны 1870 г., участвовал в подавлении Парижской коммуны. Будучи ярым националистом и реваншистом, в 1882 г. создал «Лигу патриотов», позднее примкнул к генералу Буланже, став его сподвижником. Впоследствии депутат парламента, антидрейфусар, противник социализма.
Boulanger – Жорж Эрнест Жан Мари Буланже (1837–1891), генерал, политический деятель, вождь антиреспубликанского движения, известного как буланжизм, ярый реваншист. Находясь в изгнании в Брюсселе, покончил с собой.
Tonkinois
médaille
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Mac-Mahon – граф Мари-Эдм-Патрис-Морис де Мак-Магон, герцог де Маджента (1808–1893), военный и государственный деятель, маршал Франции, сенатор в годы Второй империи, участвовал в подавлении Парижской коммуны. По убеждениям монархист. Президент Франции в годы Третьей республики (1873–1879). Считается одним из главных виновников поражения Франции во франко-прусской войне 1870 г.