Des festivit'es, il ne retient presque exclusivement que les duels sur la lice. En outre ce ne sont pas les combats ni leurs r'esultats qui l'int'eressent surtout. Bien souvent il ignore l'issue des engagements car pour lui c'est autre chose qui est important. Il aurait pu conna^itre les r'esultats des duels par des notes ou des t'emoignages, mais il n'eglige tout cela et ne trouve m^eme pas n'ecessaire de s'excuser et de se justifier du fait qu'il ne sait ou ne se rappelle pas qui a obtenu le rubis et qui le brillant. En revanche, il pr'esente chaque fois ses excuses ou une justification quand il ne sait ou ne se rappelle pas ce qui pour lui est le plus important: les noms des participants engag'es dans le duel, leurs armes, les timbres avec les diff'erentes figures symboliques, et la couleur des caparacons. Ainsi quand il ignore la couleur du caparacon du comte de Tancarville, il dit:
Incapable de d'ecrire en d'etail le timbre du seigneur de la Pous-soni`ere, il se justifie `a nouveau:
Il fait ainsi allusion au fait qu'il n''etait pas encore `a Saumur. Et quant `a Guillaume Goffier, il ne conna^it ni la couleur du caparacon (houssure) ni le timbre. Cas exceptionnel qui a une cause aussi exceptionnelle:
Ainsi c'est au catalogue presque protocolaire des noms des participants, des 'ecus, de la couleur des caparacons et des figures des timbres, que se limite la commande. Et son but est parfaitement clair: imprimer dans la m'emoire de la post'erit'e les hauts faits des vaillants chevaliers:
C'est l`a que se trouve le sens de toute la litt'erature de chevalerie, qui avait pour mission d'assurer `a ses h'eros une immortalit'e terrestre.
Il n''etait d'ailleurs pas si important pour un chevalier de remporter la victoire ou d'^etre vaincu. L'honneur, la valeur la plus haute de la chevalerie, qui se cristallise `a la fin du Moyen ^Age, ne d'ependait pas du succ`es, mais de la vaillance et de la vertu.
`A ce propos Antoine de la Salle, un des juges de la joute de Saumur, donne par la bouche de l'h'eroiine de son roman
Mais si l'indication des noms de tous les participants 'etait la condition sine qua non d'une telle description et si l'auteur suit ici une ancienne tradition, la description des armes sur les 'ecus, des caparacons et surtout des timbres, 'etait vraisemblablement une exigence particuli`ere du roi Ren'e. De fait celui-ci accordait une tr`es grande importance aux armes et aux timbres, `a la diff'erence des autres organisateurs de tournois et de joutes. A. de la Salle y fait allusion dans son ouvrage