Quelques jours aprиs кtre revenu dans la ville prospиre et joyeuse oщ Jйsus avait tant de fois fait rйsonner de douces et divines paroles, le sйnateur prйpara une longue dйpкche pour son ami Flaminius ainsi que pour d'autres membres du Sйnat. Comйnius, qui avait toute sa confiance, fut chargй de porter ce message а Rome.
Il haпssait la Palestine qui lui avait rйservй tant d'йpreuves si amиres, mais prisonnier d'elle par la disparition mystйrieuse du petit Marcus, le sйnateur demandait l'intervention personnelle de Flaminius pour que son oncle Salvius retourne au siиge de ses activitйs dans la capitale de l'Empire, voulant par lа se dйbarrasser de la prйsence de Fulvia en ces lieux, car son cњur lui disait dans l'intimitй de ses pensйes que cette femme avait une influence menaзante sur sa destinйe et sur celle de sa famille. En mкme temps, rempli d'une terrible aversion pour la personne de Ponce Pilate, il informait son ami lointain des nombreux scandales administratifs qu'il avait dйcidй de corriger aprиs l'incident de la Pвque avec la plus grande sйvйritй. En consйquence, il promit а Flaminius Sйvйrus de dйcouvrir de plus prиs les besoins de la province afin d'alerter les autoritйs romaines des faits graves survenus dans l'administration pour qu'en temps opportun, le gouverneur fut transfйrй dans un autre secteur de l'Empire. Il promettait aussi de rapporter toutes les injustices sur les agissements de Pilate dans la vie publique, йtant donnй les rйclamations consйcutives et rйitйrйes qui remontaient jusqu'а lui de tous les coins de la province.
Dans ces lettres personnelles, il demandait encore а son ami de prendre les mesures nйcessaires pour que lui soit envoyй un professeur pour sa fille, s'abstenant toutefois de se rйfйrer aux pйnibles drames de sa vie privйe, а l'exception du cas de son fils, citй dans ces documents comme la cause unique de son atermoiement indйfini en ces lieux.
Prenant toutes les prйcautions nйcessaires, Comйnius quitta Joppй. Il suivit rigoureusement les ordres reзus et rejoignit Rome quelque temps aprиs, oщ il remit ces nouvelles entre les mains de leurs lйgitimes destinataires.
А Capharnaum, la vie continuait triste et silencieuse.
Publius consacrait son temps а ses volumineuses archives, а ses procиs, а ses йtudes et а ses mйditations, il prйparait aussi le programme йducatif de sa fille ou faisait des projets relatifs а ses activitйs futures tout en cherchant а se relever de l'abattement moral oщ les pйnibles йvйnements de Jйrusalem l'avaient plongй.
Quant а Livia, connaissant l'inflexibilitй du caractиre orgueilleux de son mari et sachant que toutes les circonstances l'accusaient, elle trouva dans l'вme dйvouйe de sa servante une tendre confidente pleine d'affection. Elle vivait presque en permanence plongйe dans de ferventes priиres. Les souffrances йprouvйes avaient marquй son visage pвle qui rйvйlait de profondes rides. Ses yeux, cependant, dйmontraient le caractиre et la vigueur de sa foi et йclairaient sa physionomie d'un singulier йclat malgrй son abattement йvident.
А Capharnaum, les partisans du Maоtre de Nazareth organisиrent immйdiatement une grande communautй de croyants du Messie qui devinrent pour beaucoup de dйvouйs apфtres de sa doctrine de rйsignation, de sacrifice et de rйdemption. Certains prкchaient comme Lui en place publique, tandis que d'autres guйrissaient des malades en son nom. Йtrangement, des paysans йtaient saisis d'un souffle d'intelligence et d'inspiration cйleste йlevй, car ils enseignaient avec la plus grande clartй les pratiques de Jйsus. Les paroles de ces apфtres organisaient ainsi les prodromes de l'Йvangile йcrit qui resterait plus tard au monde comme le message du Sauveur de la terre а toutes les races, les peuples et les nations de la planиte, tel un lumineux chemin des вmes vers le ciel.
Tous ceux qui se convertissaient а l'idйe nouvelle, devaient confesser en place publique les erreurs de leur vie, un signe d'humilitй qui leur ouvrait les portes de la communautй chrйtienne. Et pour que le doux prophиte de Nazareth ne fыt jamais oubliй dans ses martyres rйdempteurs du Calvaire, le peuple simple et humble de l'йpoque organisa le culte de la croix, estimant que c'йtait le meilleur hommage rendu а la mйmoire de Jйsus nazarйen.
Dans leur amour profond pour le Messie, Livia et Anne ne manquиrent pas d'adhйrer naturellement а ces pratiques populaires. La croix йtait l'objet d'un absolu respect et de toute leur vйnйration, mкme si elle reprйsentait а cette йpoque l'instrument de chвtiment de tous les criminels et scйlйrats.