В заключение отметим, что авторы предисловия в целом заполнили одно из белых пятен французской историографии, предприняв в меру своих возможностей первый во Франции опыт обсуждения полемики Матьеза с советскими историками, вызывающей и в наши дни неугасающий интерес.
Глава IV
Sur la polémique entre albert mathiez et les historiens soviétiques[380]
[К вопросу о полемике Альбера Матьеза с советскими историками]
Albert Mathiez (1874–1932), grand historien français, fondateur de la Société des études robespierristes et des
Or, en dépit de ces circonstances, le chemin parcouru par Mathiez a été très épineux. Dans la mémoire de ses contemporains, il appara’t comme un homme de principe, indépendant, tenace et intransigeant, doté d’une mentalité originale et d’un caractère irascible et imprévisible. Ce n’est certainement pas par hasard que quelques-uns de ses confrères et de ses élèves l’ont qualifié d’un «paysan du Danube»[385]
. Il me semble intéressant de me référer à ce propos au témoignage de Louis Gattschakl, son collègue américain: «J’ai fini par me rendre compte qu’il y avait deux Mathiez. L’un était le gentleman bienveillant qui prenait plaisir à une agréable conversation et à la bonne chère et qui se donnait une peine infinie pour Ktre utile aux gens qui avaient besoin d’aide. L’autre était l’érudit vigoureux, véhément, incapable de tolérer une sottise ou ce qu’il regardait comme sottise»[386]. Autrement dit, Claudine Hérody-Pierre avait certainement raison de l’avoir qualifié d’un «professeur autant ha* que vénéré»[387]. Aussi, ce n’est pas étonnant que sa vie ait été semée d’embûches car sa personnalité extraordinaire irritait toutes les médiocrités qui se trouvaient dans son entourage. On ne l’invita à la Sorbonne qu’en 1926, après le départ de Philippe Sagnac pour l’/gypte./prouvant de sincères sympathies pour les idées socialistes, Mathiez accepta avec joie la Révolution de Février en Russie, et la Société des études robespierristes salua «avec enthousiasme la victoire de la Douma russe contre le despotisme»[388]
. Il approuva aussi la Révolution d’Octobre et adhéra en 1920 au Parti communiste français. Dans ces conditions, Mathiez fit beaucoup pour établir des relations amicales avec ses coll è-gues soviétiques, y compris les grands historiens russes non marxistes comme Eugène Tarlé et Nikola* Kareiev[389]. Il faut absolument noter que Mathiez n’était pas une exception dans ce domaine, et s’inscrivait dans une longue tradition. Mentionnons les noms de ses collègues français, tels Gabriel Monod et Henri Sée, qui avant et après lui, s’adressaient constamment à Kareiev en lui demandant de collaborer aux éditions scientifiques françaises. La lettre de Monod du 4 février 1907 est caractéristique: «Je viens vous demander si vous ne conna’triez pas un jeune professeur russe, sachant très bien le français, qui pourrait nous fournir tous les deux ans un Bulletin historique