Recevez, Sire, l’hommage particulier des sentiments illimités de respect et d’amour dont je suis pénétré.
6. G. F. Parrot à Alexandre IER
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S. M. I. avait ordonné par Ukase que les livraisons faites à la Couronne par les paysans de la Livonie2
, et dont le prix, selon la base suédoise, évalué à 10 Rbl. 4 Cop. par Haken, se décrochissait du montant de la capitation, seraient abolies et que le paysan paierait la capitation en entier.La régence du gouvernement de Riga, au lieu de publier cet Ukase gracieux purement et simplement, en restreint l’usage illimité aux terres de la Couronne et aux terres de particuliers où le paysan payait lui-même sa capitation, enjoignant que, pour les terres où le paysan ne paie pas lui-même sa capitation, mais la laisse payer au seigneur en le dédommageant par les livraisons, la chose reste sur l’ancien pied, et que le paysan fournisse au seigneur les livraisons en acquit de sa capitation que celui-ci prend sur soi de continuer à payer. Il existait de plus des terres où le seigneur outre les livraisons se faisait rembourser par journées de travail à un prix cruellement modique ce qu’il payait de capitation pour le paysan. Ces terres sont par l’ordonnance de la Régence dispensées comme les premières des livraisons au seigneur, mais forcées de le rembourser en journées de travail sur le faux onéreux accoutumé3
.Cette inégalité de droits, qui blessait la majeure partie des paysans de la province, eut un effet doublement pernicieux. D’abord quantité de propriétaires qui ne se trouvaient pas dans les cas exceptés, voulurent y mettre; presque tous voulurent payer la capitation de leurs paysans et l’ordonnance leur en fournit elle-même les moyens, puisqu’elle ne permet pas que toute la commune intéressée soit consultée là-dessus, mais seulement le pasteur, quelques chefs de métairie et l’inspecteur à la solde du seigneur. D’un autre côté le grand nombre des cultivateurs voyant qu’il y a du louche dans cette ordonnance et n’ayant d’ailleurs que peu ou point de confiance dans la Régence et dans les tribunaux de la province, finit par se persuader que cette ordonnance était falsifiée et que ce qu’on leur publiait n’était qu’un masque qui cachait des intentions bien plus bienfaisantes de Monarque, et comme l’enthousiasme se mêle ordinairement de ces affaires, le paysan finit par se persuader qu’il était question de lui rendre sa liberté, et regarda les menaces de dix paires de verges dont on accompagne ici la publication de l’Ukase comme la preuve évidente que la Régence avait un intérêt marqué à le retenir dans l’ignorance. C’est ainsi qu’en semant la défiance dans les cœurs des cultivateurs, en substituant ses propres idées à celle du Monarque, en parlant de punitions où Il parlait de grâces, on est parvenu à allumer le flambeau de la guerre chez un peuple timide et esclave.
L’acte original dressé par le tribunal qui a décidé dans cette affaire, fournit,
, les faits suivants qu’il suffit de présenter tels que l’acte les offre, malgré la partialité ouverte qu’on retrouve dans tout le style de cet acte (les mots soulignés sont traduits mot à mot du protocole allemand), pour faire voir que l’on n’a rien fait de ce qu’il fallait pour rétablir la confiance et que le paysan s’est conduit avec bien plus de modération que ses juges.Plusieurs terres aux environs de Wolmar étaient le théâtre des dissensions. Le paysan refusait de payer ses redevances au seigneur en travail et en denrées. Voilà ce que l’on a appelé une révolte, comme si un sujet quelconque pouvait se rendre coupable de ce crime contre des particuliers!
Le 5 Octobre 1802 le tribunal de province reçut l’ordre de mettre fin à ces désordres, et l’on commence par faire marcher des troupes. Le 7 le tribunal arrive à Kaugershof, qui devint dès lors le lieu de la scène. Le lendemain le tribunal commence l’examen de l’affaire
des paysans. Tout ce jour là tout fut tranquille, point d’attroupements. Quelques paysans d’une terre voisine se glissent cependant dans la chambre où le tribunal tenait sa séance. On leur lit la publication qui leur défendait de paraître. . Première mesure contraire au but que l’on devait se proposer de rétablir la confiance!