Pour s’assurer de plusieurs coupables (on ne dit pas de quoi) on les enferme et les fait garder par des sentinelles militaires. Le lendemain à 8 heures du matin paraissent les premiers attroupements armés de bâtons, de perches et de quelques fusils. Le militaire était déjà rangé. Les paysans demandent l’élargissement de leurs camarades. Le tribunal s’avance à eux les exhorter à être tranquilles,
. Là-dessus quelques-uns d’eux s’avancent hors de la multitude, le chapeau sur la tête, les bâtons levés, . (Quel moment intéressant! Combien de périodes à distinguer dans ce peu de lignes! Que d’instants perdus pour la cause de l’humanité!) Au lieu de cela on fait parade du vœu du Monarque. Les paysans répondent que les juges et le militaire sont gagnés par les seigneurs, qu’ils veulent avoir des juges et des soldats de Pétersbourg qui leur donnent le vrai Ukase de l’Empereur, que ce qu’on leur a publié n’est pas la volonté du souverain qui veut leur accorder la liberté comme à ceux des environs de Pétersbourg, enfin qu’ils veulent obéir, mais uniquement aux ordres de l’Empereur. La foule conforme ces déclarations par signes et cris. On entendit même dire: «Pourquoi parler si longtemps. Assommez le vieux juge».Cependant les pourparlers durent encore; enfin le tribunal croyant ne pouvoir faire entendre raison à la multitude
. Les paysans répondent par des bravades qui firent assez d’effet sur les juges pour que malgré leur envie d’en venir d’abord aux mains avec les paysans, ils conservèrent assez de sang froid pour sentir que, vu le nombre des ennemis et le désavantage du terrain, ils auraient le dessous. engagèrent les juges à temporiser avec les paysans jusqu’à l’arrivée d’un renfort d’artillerie volante qu’on mande à la hâte de Wenden. Cependant la multitude augmentait pendant la journée au point que sur le soir il y avait près de 3000 paysans attroupés; pour plus de sûreté on fit venir de Ronnebourg un détachement de dragons de plusieurs compagnies, et on ferma les passages sur l’Aa.À ces pourparlers succède un long calme, puis de nouveaux mouvements; les paysans demandent à grands cris l’élargissement de leurs camarades. Les juges se mettent en marche vers la foule, et remontrent le Lieutenant Nottbeck amener deux députés des paysans, qui demandent à leur parler. Ils promettent au nom de l’attroupement de se retirer pourvu qu’on veuille relâcher leurs camarades. On leur refuse. Alors ils demandent que le prince Golitzin se rende sur les lieux, pour qu’ils puissent lui parler. (Qui ne voit ici le besoin que ces malheureux sentaient de placer leur confiance en quelqu’un qui ne fut pas intéressé à leur nuire? Et n’y avait-il pas de la barbarie à leur refuser ce que tant de vexations leur donnaient un droit de demander?)
. Ce peut-être suffit déjà pour les calmer. Ils promettent d’être tranquilles en déclarant cependant qu’ils resteront en place jusqu’à son arrivée. Ils tiennent parole, malgré le rapport que fit un soldat qui prétendait avoir ouï dire qu’ils attaqueraient les troupes dans la nuit.. L’artillerie et les artilleurs mandés de Wenden arrivent, de même qu’un nouveau détachement de 403 Soldats du 3e bataillon d’artillerie, armés de sabres et de bâtons.