Le lendemain matin, le 10, la foule paraît inquiète et disposée à l’attaque. Le tribunal s’y transporte, essaie en vain de la disposer à l’obéissance, et demande qu’on livre des chefs (de quel droit, puisqu’il existait de la veille un traité qui devait durer jusqu’à l’arrivée du Gouverneur général?). Les paysans n’ont pas la lâcheté de les livrer (ils sont encore persuadés de la justice de leur cause). Le tribunal envoie un détachement de soldats pour les saisir, s’en rapportant pour cette expédition à la seule sagacité du soldat. Le détachement est repoussé.
, le juge ordonne à six grenadiers de faire feu sur les . Cela ne faisant pas d’effet on fait tirer par 6 grenadiers de plus. Le temps coule: deux hommes tombent. La foule avance. On tire un coup de canon, plusieurs hommes tombent; la foule avance encore. On tire un second coup; la foule commence à se retirer et à se tenir coi. On renouvelle les pourparlers, mais les paysans déclarent . Cependant ils se retirent et disparaissent entièrement. Le champ de bataille offre 4 tués et 17 blessés dont 6 meurent le lendemain (le protocole ne dit pas combien il en mourut ensuite). Les morts furent enfouis (Cependant l’ardent juge croit n’avoir pas assez de victimes. Il se dispose à poursuivre la foule dans les bois et n’attend pour cette nouvelle expédition qu’un renfort de dragons qu’il a déjà mandé. Les dragons arrivent dans la nuit et ne trouvent heureusement plus de paysans à massacrer.
L’après-dîner de cette journée déplorable l’écurie à vaches du seigneur est incendiée, et le juge, par la seule raison des progrès rapides de l’incendie, en rejette la faute sur les
, sans pouvoir trouver le coupable. (Où l’aurait-t-il trouvé? La foule était dispersée, les troupes environnaient les bâtiments du seigneur. Et quelle prouve que celle de la rapidité de l’incendie? J’ai sur le lieu des consultations vu une écurie à vaches, longue de 85 toises réduite en cendres d’un coup de foudre dans moins d’une demie heure, malgré tous nos efforts pour la sauver, pendant une pluie que inonde les environs au point de crever une digue qui serait déchaussée).Le 11 le tribunal termine son inquisition contre les prisonniers.
, mais qu’ils . Et cependant on les punit publiquement de coups de verges en présence du militaire sur le champ de bataille. Et ces mêmes hommes promettent à genoux(Voilà la nation à qui l’on annonce les bienfaits du monarque à coups de fouet, à qui les explique à coups de canon).
Le 12e
de nouvelle artillerie arrive, de même qu’un détachement de cosaques. Le tribunal se rend à une terre voisine à la prière du seigneur. Les paysans s’y rendent d’eux-mêmes et comparaissent. Ils témoignent du repenti, demandent pardon promettant obéissance, et le seigneur a la générosité de leur pardonner.Les cosaques amènent 4 chefs de rebelles. Ils déclarent que l’ukase publié est fausse, que les juges et le militaire sont corrompus par les seigneurs et qu’ils ne veulent se soumettre qu’à l’Empereur. Ces 4 chefs sont amenés à Riga pour y être punis exemplairement, et malgré l’amnistie accordée, on inflige à 9 paysans de coups de verges en présence de toute la commune assemblée4
.Pour joindre le ridicule à la barbarie, le juge fait déclarer aux paysans révoltés et soumis qu’ils n’ont point à se plaindre de leurs maîtres et prenant l’air d’un Bonaparte il
les officiers qui se sont distingués dans cette importante expédition.7. G. F. Parrot à Alexandre IER
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Sire,
Le Prince Czartorinsky qui a plaidé avec tant de zèle et succès la cause de notre université auprès de V. M. m’a effrayé hier matin en m’avertissant que peut-être je ne pourrais pas obtenir sitôt que je le souhaite l’acte de fondation que j’espère obtenir de V. M. I., par la raison que ce serait exciter la jalousie des autres universités, notamment celle de Moscou, que de nous accorder sitôt notre demande2
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