Читаем La Bible amusante полностью

On ne saurait trop admirer cette délicate attention du Créateur. Impossible d’être plus plein de précautions que lui. En effet, on se demande ce que serait la terre, si Dieu l’avait plantée d’arbres fruitiers portant chacun des fruits autres que ceux de son espèce. Remercions le paternel Elohim de ne pas nous avoir donné des abricotiers produisant des oranges, des orangers produisant des pommes, des pommiers produisant des groseilles, etc.; ce serait à ne plus s’y reconnaître. Ah! oui, remercions Dieu; quel bon papa prévoyant!…

La terre lui ayant obéi et les abricotiers ayant poussé en portant des abricots, Dieu, encore une fois, «vit que cela était bon. Ainsi fut le soir, ainsi fut le matin; ce fut le troisième jour».

Mais voici bien une autre histoire! Trois jours déjà s’étaient écoulés avec soir et matin, grâce à la lumière créée dès le début: seulement, ce qui est bizarre, cette lumière qui disparaissait à la fin du jour pour faire place aux ténèbres de la nuit, cette lumière illuminait le monde naissant, sans avoir aucun foyer; pas plus de soleil qu’au fond d’une mine de houille. Cette cocasserie mérite une citation textuelle de la Bible:

«14. Puis, Dieu dit: Qu’il y ait des luminaires dans l’étendue des deux, pour séparer la nuit d’avec le jour, et qui servent de signes, et pour les saisons, et pour les jours, et pour les années;

15. Et qui soient pour luminaires dans l’étendue des cieux, afin de luire sur la terre; et ainsi fut.

16. Dieu donc fit deux grands luminaires: le plus grand luminaire, pour dominer sur le jour, et le moindre, pour dominer sur la nuit; il fit aussi les étoiles.

17. Et Dieu les mit dans l’étendue des cieux, pour luire sur la terre:

18. Et pour dominer sur le jour et sur la nuit, et pour séparer la lumière d’avec les ténèbres; et Dieu vit que cela était bon.

19. Ainsi fut le soir, ainsi fut le matin; ce fut le quatrième jour.»

Aucun quiproquo, n’est-ce pas? il s’agit bien du soleil et de la lune. Par conséquent, d’après l’Esprit-Saint, la création du soleil a suivi de quatre jours la création de la lumière! Or, l’Esprit-Saint sait tout, évidemment; sinon, il ne serait pas l’Esprit-Saint, mais un simple imbécile. Chaque fois que la science fait une découverte, l’Esprit-Saint doit rire dans son bec de pigeon et se murmurer en lui-même: Moi, je sais ça de toute éternité; ces pauvres pygmées d’hommes se donnent grand mal pour savoir ce qui est!

Mais alors, pourquoi l’Esprit-Saint a-t-il dicté à Moïse encore cette colossale bêtise, à propos de la lumière et du soleil?… Quel fumiste, décidément!…

En effet, jusqu’à Olaüs Rœmer, astronome de Copenhague, qui vivait au dix-septième siècle (1644-1710), on a cru que le soleil ne produit pas la lumière, mais que la lumière existe dans l’espace et que le soleil ne sert qu’à la «pousser»; cette fausse conception physique a été une erreur de Descartes lui-même. C’est à Rœmer que la science doit la démonstration de cette importante vérité, directement contraire à l’énoncé de la Bible, c’est-à-dire: la lumière qui éclaire notre monde émane du soleil et sa propagation n’est pas instantanée. Le grand astronome danois en arriva même à déterminer exactement la vitesse de la lumière solaire; il établit, et ceci est mille fois prouvé aujourd’hui, que cette lumière met huit minutes dix-huit secondes à nous parvenir de l’astre qui en est le foyer, soit une vitesse de 308, 000 kilomètres par seconde. On sait que Rœmer fut amené à cette grande découverte par l’observation des éclipses des satellites de Jupiter, planète faisant partie de notre système solaire. Rœmer était alors en France, et il s’empressa d’annoncer sa découverte à l’Académie (Voir l’Histoire de l’Académie, séance du 22 novembre 1675)

Перейти на страницу:

Похожие книги