Читаем La dame de Montsalvy полностью

Il semblait croire à ce qu'il disait. Avec un haussement d'épaules agacé, Catherine s'en alla prendre son manteau posé sur un coffre et le jeta sur ses épaules. Curieusement, elle n'éprouvait plus aucune révolte car elle voyait dans ce qui lui arrivait le signe indiscutable du destin, la main de Dieu que son faux pèlerinage avait offensé. Elle connaissait trop Philippe pour s'illusionner, si peu que ce soit, sur son sort : jamais, il ne confondait la politique et ses sentiments. Jamais non plus, et quel que puisse être l'amour qu'il lui portait encore, il ne baisserait pavillon devant des bourgeois révoltés pour la garder vivante... quitte à noyer Bruges dans un bain de sang quand il aurait remis la main dessus, ce qui arriverait tôt ou tard ! Il pleurerait abondamment le trépas de la femme qu'il avait sans doute aimée le plus au monde mais il ne lèverait pas le petit doigt pour l'en sauver, tout au moins aux conditions qu'on allait lui imposer.

Persuadée qu'en gagnant sa maison d'autrefois, elle commencerait sa marche vers l'échafaud, Catherine suivit le bourgmestre. Au-dehors, en effet, un groupe important de la milice attendait, en armes et, pardessus leurs casques étincelants, la prisonnière put voir que la rue aux Laines était pleine d'une foule silencieuse, presque inerte, ce qui pour une foule flamande n'était pas de très bon augure.

Avant de passer le seuil, elle arrêta le bourgmestre.

— Encore un mot ! Selon toutes probabilités, je mourrai ici mais, après tout, c'est sans grande importance. Ce que je désire c'est qu'après ma mort il ne soit fait aucun mal à mes jeunes serviteurs et qu'on les laisse repartir librement vers leur pays. Pouvez- vous me donner cette assurance ?

Les yeux froids du bourgmestre s'attachèrent un instant au beau visage tourné vers lui, si paisible, si serein qu'une sorte d'émotion passa dans son regard devant tant de tranquille courage.

Sur mon honneur, vous avez ma parole ! Mais... j'ose espérer que, bientôt, vous pourrez vous aussi retourner vers vos domaines et votre vie habituelle, dame Catherine... et même que nous célébrerons cet événement par une grande fête ! Catherine haussa les épaules. —

Vous croyez aux miracles, messire ? Moi, j'y crois de moins en moins

! Quand vint le printemps, les blancheurs et les frimas de l'hiver devinrent grisaille et gadoue. Le froid avait cessé mais les nuages charriés par le vent de mer se mirent à déverser des torrents de pluie qui détrempèrent la terre et gonflèrent les canaux. Le dimanche de Pâques, qui était cette année-là le 31 mars, il plut tellement que l'eau envahit non seulement les caves des maisons mais encore nombre de salles du rez-de-chaussée et les Brugeois obligés de passer ce jour de fête à sauver leurs meubles de l'inondation en vinrent à penser que Dieu leur en voulait personnellement et boudèrent quelque peu les offices du jour.

Chez Catherine, ce fut un jour comme tous les autres, aussi terne, aussi morne... avec pour seule satisfaction la pensée que les factionnaires apostés nuit et jour à l'étage inférieur de sa maison avaient les pieds dans l'eau. Mais le récit enthousiaste et imagé que lui en fit un Bérenger assoiffé de vengeance ne lui arracha qu'un faible sourire.

Pourtant, quand le bourgmestre Van de Walle l'avait ramenée dans la maison qui avait été la sienne, elle en avait éprouvé la joie que ressent le voyageur en retrouvant un lieu charmant où il a connu, jadis, des jours pleins de douceur. Le petit palais, dont les hautes fenêtres lancéolées se reflétaient si joliment dans l'eau calme d'un canal avec les couleurs chaudes de ses vitraux et la grâce de ses pignons sculptés, avait été, en effet, amoureusement entretenu. L'intérieur, fleurant bon la cire fraîche et l'odeur forestière des feux de bois, était demeuré dans l'état exact où elle l'avait laissé. Elle revit la grande salle avec sa cheminée de grès couleur de crème, les faïences italiennes et les beaux objets d'étain ou d'or, les précieuses verreries de Venise qui chargeaient ses dressoirs et ses crédences avec le siège, légèrement surélevé et surmonté d'un dais en tapisserie à personnages qui marquait, souverainement, la place de la dame du lieu. Elle revit la chambre rose et argent si follement recopiée par son amant princier, elle revit les saules de son petit jardin dont les longues chevelures se penchaient sur l'eau verte. Mais elle ne revit aucun de ses anciens serviteurs et surtout, surtout, Sara n'était plus là, elle non plus, Sara qui s'entendait si bien à régenter toute la maison. Et parce qu'elle n'y était plus, le petit palais posé sur son miroir semblait avoir perdu son âme. Il n'était plus pour Catherine qu'une ravissante coquille vide où la vie allait s'écouler bien monotone, rythmée par la cloche du beffroi qui, matin et soir, sonnait pour le début et la fin du travail dans la ville.

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