Читаем La forêt des ombres полностью

Doffre hocha la tête avec délectation.

— Ce chalet m’appartient. Tu es dans un décor. Ta famille, Adeline et toi n’avez été que des jouets, des objets de désir, que je me suis procurés pour passer un bon moment.

Il désigna le mur du fond.

— C’est Christian qui a installé les carcasses, posé pour la photo... C’est lui qui a pénétré ici, qui a dépecé les lapins et placé la herse. Les entomologistes n’existent pas, il n’y a jamais eu de programme Schwein, ni de Franz. Et ces numéros, que tu étais si fier d’avoir découverts, sur le chêne, la photo, etc., ont été créés de toutes pièces. On a même coulé de l’argent dans l’inscription en haut de l’arbre ! Pour Christian, il s’agissait d’ordres, qu’il a exécutés, voilà tout. Pour moi... préparer tout cela... c’était comme une première mise à mort, une jouissance infinie ! Ce pauvre Christian est persuadé d’avoir mis un écrivain dans l’ambiance, afin que ce soi-disant écrivain ait une imagination plus fertile ! Puis il est tranquillement retourné chez moi, il n’est au courant de rien, il attend sagement le vingt-huit février... la fin de mes vacances...

Il rit grassement.

— Tu es un écrivain pitoyable ! Ton récit est archi nul ! Cette femme, qui s’enfuit dans la forêt, qui se cache sous un lit ! Que du cliché, du bas de gamme ! De la part des morts est une catastrophe ! Tu n’aurais jamais réussi à rien !

— Vous êtes...

— La seule chose de véridique, dans cette histoire, c’est l’amour qu’Emma ressent pour toi. C’est moi qui lui ai transmis ton livre, qui l’ai mise sur ta route, qui ai forgé Miss Hyde. Elle t’aime, David. Elle t’aime au point de te tuer. Au point de s’infliger des griffures, de se persuader qu’elle a été poursuivie par une Chose, de crever d’épuisement... Tout ça pour pouvoir se pâmer dans tes bras. Elle est allée jusqu’à déplacer ses meubles, pour que son lit soit orienté dans la même direction que le tien, pour se donner l’illusion que tu étais sans cesse à ses côtés. Tu es partout chez elle. Sur ses murs, en face de ses miroirs, elle a affiché des agrandissements d’articles parus sur toi, ça en devient ridicule, on ne te reconnaît même pas tellement la qualité est mauvaise ! Tu sais, elle a déjà envoyé trois types à l’hôpital et brisé les deux jambes d’un autre... à chaque fois en provoquant des accidents. Chute dans les escaliers, objets qui tombent, cachets dissimulés dans la nourriture avant qu’ils prennent la route... Et Dieu sait si elle les aimait, eux aussi ! Elle ne te lâchera pas ! Et crois-moi, tu l’as sacrément mise en colère !

— Vous n’avez... pas le droit !

— J’ai droit de vie et de mort ! Je me suis toujours servi, autant que je le voulais. Prendre la chair, quand j’en avais besoin. La chair humaine ! Le nirvana ! Qui pouvait m’en empêcher ? Le pouvoir, David ! Je possédais ! J’ordonnais ! Je dominais !

Il garda le silence une dizaine de secondes, loin, très loin d’ici.

— Nous y voilà enfin... soupira-t-il. C’est maintenant, David. Les années passent mais l’excitation reste, pareille à la douleur du membre fantôme... Je ne sais pas... Ça va au-delà de l’entendement...

— Vous... Vous ne pouvez pas faire ça... Arthur... Vous...

Doffre agita son index devant lui, dans un mouvement d’essuie-glace.

— C’est Emma qui va le faire. Ce sont toujours elles qui l’ont fait ! Tu ne peux pas imaginer de quoi les femmes sont capables pour ne pas mourir... Oh ! Et si tu avais pu voir leurs regards, quand je tenais leurs enfants dans mes bras ! C’est...

Il ne termina pas sa phrase. Il savourait.

— Ces enfants... fit David. Vous... devez me dire... Les numéros... sur leurs crânes... Que... Que représentent-ils ?

Arthur fit courir sa langue sur ses lèvres, fixant sa proie avec l’œil du prédateur.

— Il s’agissait bien des battements cardiaques. Dire que tu y étais presque, David. Tu y étais presque...

— Ces battements cardiaques... c’étaient les vôtres...

— Soixante-dix pulsations en moyenne, sur vingt-quatre heures, la première fois où j’ai agi. Puis soixante-huit, puis soixante-sept... Mon pouls n’a jamais dépassé les quatre-vingt-dix pulsations par minute quand j’ai exécuté les Böhme. Je maîtrisais tout ! Ma hargne, ma colère. Et je m’améliorais, à chaque fois ! J’approchais de la perfection...

Il se caressa le pantalon, les yeux au plafond.

— Et puis, graver ces chiffres c’était... c’était leur laisser ce que j’avais de plus précieux, alors que je leur prenais ce qu’ils avaient de plus cher. Mes pulsations cardiaques, contre leurs parents. Je gravais le sceau de mon organisme sur leur crâne, tandis que mes mains s’imprégnaient de leur sang. Ces bébés m’appartenaient ! Ils m’ont vu torturer leur père, assassiner leur mère ! Tu imagines ?

Il posa son index sur sa tempe.

— C’est imprimé dans leur subconscient ! J’existe dans leurs cauchemars, je sais qu’ils sentent encore, au plus profond d’eux-mêmes, la moiteur de la chambre quand le sang a giclé, et que des cris viennent les hanter, jour et nuit. Ces mêmes cris que tu entends en permanence...

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