Читаем La forêt des ombres полностью

— David... Vous commencez à me faire peur.

Il s’empara d’un autre cliché. Celui d’un garçonnet. Une partie du crâne rasée. Un numéro. Six chiffres qu’il connaissait par cœur.

— Là ! Bon sang ! Non ! C’était sous mes yeux !

Il se précipita dans le salon. Lumière. L’escabeau, qu’il récupéra dans l’arrière-cuisine. Le chêne. Adeline, paniquée, le suivit.

— Expliquez-moi, bordel !

David escalada les marches, vitesse grand V. Sa chemise, imbibée de sueur, sortait de son jean.

— Cette marque, en haut du tronc ! Vous vous rappelez la date ?

— Je ne me souviens plus. 1700 et quelques ?

David palpa l’inscription dans laquelle on avait coulé de l’argent, qui, avec les siècles, s’était oxydé en une couleur noire.

— Alors ? s’impatienta Adeline.

— Oktober 1703 ! 101703 ! Le nombre tatoué sur le premier enfant ! Le fils de Pascale et Georges Dumortier !

La jeune femme resta quelques instants sans voix.

— Bon, OK ! Pas de panique ! Vous n’êtes quand même pas en train de me dire que les numéros qu’un tueur en série s’amusait à tatouer il y a plus de vingt-cinq ans sur des crânes d’enfants se... se retrouvent ici, dissimulés dans ce chalet ?

— Pas dissimulés ! Sous nos yeux ! Et dans l’ordre ! D’abord celui-ci, que Cathy a remarqué lorsque nous sommes arrivés. Puis la date sur la photo de l’entomologiste... Le deuxième môme...

Une fois au sol, David se frotta les mains l’une contre l’autre. Les bambins épargnés... Les pulsations cardiaques... Les numéros... Le chêne torturé...

— Mais merde, ça ne vous effraie pas ? Qu’est-ce que ça veut dire ? l’agressa Adeline. Répondez ! Mais répondez, putain !

Un effroyable craquement roula dans le tronc, et se libéra contre la charpente, qui vibra sur toute sa longueur. David sursauta. Adeline sentit sa poitrine se rétracter. Ça allait exploser. L’asthme...

— Retournez vous coucher, lui conseilla David, plaquant son oreille sur l’écorce glacée à la façon d’un médecin écoutant le pouls au stéthoscope. Je ne sais pas ce qui se passe ici, mais ces nombres... Je crois que vous devriez les ignorer... Il faut les ignorer...

Et il resta là, seul, dans la nuit.

Il souriait.

La peur ne se fuit pas. Elle se vit...

Et il adorait ça.


16.

Recroquevillée derrière un arbre, Emma se plaqua la main sur la bouche. Ne pas hurler ! « Crie... Crie une seule fois et t’es morte... »

Ouvrir, fermer. Ouvrir, fermer. Faire circuler le sang dans les doigts. Ouvrir, fermer. Et repartir.

« Tu dois repartir. Repars ou tu vas crever. Les traces de pneus... Suis les traces... Tes empreintes. Il va te traquer. Te rattraper. Te saigner ! »

La lutte acharnée d’un organisme en milieu hostile. La peur.

Le soleil blanc, froid, sur cet horizon de troncs nus et de branches entremêlées, jusqu’à l’infini.

Une forêt de cauchemar.

Emma s’arrêta à nouveau, l’écume aux lèvres. L’air glacé lui ravageait tout l’intérieur. Une douleur par-delà les sons, les lumières. Une souffrance qui détruisait tout sur son passage. Elle était sur le point d’abandonner, de laisser la Chose la rattraper. La Chose, qui avait surgi, devant elle, abattant ses griffes démesurées en zébrures d’acier. La Chose, qui avait manqué de la transpercer. La Chose, à ses trousses.

« Neun, archt, sieben, archt, vier... 98784... 98784... » Cette série de chiffres qui n’arrêtait pas de circuler dans sa tête. Ces chiffres, face à elle, sur son compteur kilométrique, au moment de l’accident. Ce nombre, qui l’avait précipitée contre un arbre.

98784.

Qu’est-ce qui lui avait pris de s’engager sur cette route gelée avec sa vieille voiture ? Tout cela pour gagner du temps... Elle le payait à présent au centuple.

Les sillons des pneus... Dieu merci, la neige ne les avait pas totalement dévorés. Ils menaient forcément quelque part. Un refuge, une auberge peut-être.

Pas de gants. La neige qui lui mord le bas du pantalon, qui s’agglutine sur ses bottines. Le gel, à l’assaut de ses cheveux. Combien de temps tiendrait-elle encore ?

Un craquement. Elle se retourna, la bouche ouverte, le larynx régurgitant cet air sifflant des fumeurs. « Viens ! Viens donc me chercher ! Espèce d’enfoiré ! »

Les bras écartés, elle hurla :

— Viens !

Rien. La Chose la suivait, la pistait, mais ne l’attaquait plus. Jeu cruel du prédateur sanguinaire.

Elle repartit en marchant, incapable de courir à présent. Elle ne pouvait plus. Même face à la pire des terreurs.

98784... 98784... 98784... Dans sa tête... À se fendre le crâne contre la pierre...

«Réfléchis... Où te trouves-tu ? OK... OK... Forêt-Noire... Wildseemoor. Le cœur du Wildseemoor. Une terre morte. Isolée. Démoniaque. »

Elle allait périr.

« Emma ! Tu t’appelles Emma Schild ! Emma Schild ! Emma Schild ! Vingt-neuf ans ! Tu vends des assurances, une saloperie de métier où tu dois marcher ! Tu marches tout le temps ! Championne de course au lycée ! Les médailles ! Les semi-marathons ! Alors maintenant, tu vas courir ! Pour te réchauffer ! Garder le corps chaud... Par tous les moyens...

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