Читаем La forêt des ombres полностью

Deux heures que t’avances... Peut-être trois... ou quatre. Les traces, les traces. Une grosse voiture... Un 4x4, sans doute... Plusieurs personnes... Tu vas arriver dans un foyer chaleureux... On va t’accueillir... T’offrir un bon café brûlant, une couverture... Puis ce sera le bain... à te cramer la peau. Oh oui ! Te cramer la peau...

T’allais où ? T’allais où avant l’accident ? Ah oui... L’enterrement de grand-mère. Grand-mère Marmelade. Fallait pas y aller. Prendre direct la route vers la Pologne. Je m’en doutais... Pour toi Mama... Pour toi que j’ai fait ça. Pas pour elle... Pas pour elle... Je les hais tous. De leur faute... C’est de leur faute. »

Emma se massa les tempes, à s’écraser les os. Ses cheveux... Si seulement elle avait pu les avoir longs ! Ils lui auraient au moins protégé les oreilles. Et ce corps, cette maigreur... Qu’aurait-elle donné pour un peu de graisse, là, tout de suite... De la bonne graisse, bien chaude ! Chaude...

Elle se laissa choir, les genoux dans la neige.

C’était fini.

Loin sur l’horizon, une épaisse fumée noire.

Sa délivrance.

Ou le début de son calvaire.


17.

David se leva du bureau, en faisant craquer glorieusement ses doigts. Cinq pages grattées depuis ce matin, et il était à peine onze heures. Impensable.

Il se frotta les yeux. Pendant une bonne partie de la nuit, il avait fouillé le laboratoire de fond en comble, persuadé que d’autres numéros du Bourreau se dissimulaient autour de lui. Nombres inscrits dans les relevés, concentration des produits antiseptiques, étiquettes des masques chirurgicaux, il avait tout vérifié, scrupuleusement... Évidemment, il n’avait rien trouvé. Alors quoi ? Une coïncidence ? Probablement. Des battements cardiaques, rien de plus. Mais deux numéros sur sept, ça faisait quand même beaucoup.

Et puis, il y avait ce craquement, remonté des entrailles de l’arbre bosselé. Là, c’était plus difficile à expliquer. Le vent ? Sans doute... Un effet de vibration, peut-être, jouant avec le vieux bois et les mystères de la forêt.

De toute façon, des choses bizarres, David en vivait tous les jours, avec ses macchabées. Des filles, couchées sur une table d’acier, dont les yeux versent des larmes au moment où il leur incise la gorge. Simple réaction physiologique, paraît-il. Un enfant, une fois - Alain Mouquier, il s’en souviendrait toute sa vie  -, qui avait embué le verre de sa montre, tandis qu’il s’apprêtait à lui coudre les lèvres. Cette buée, glaciale, jaillie de sa bouche morte depuis trois jours. Comment l’interpréter ?

Et sa mère... Sa mère...

Un jour, il comprendrait tout cela. Et il se comprendrait lui-même.

Il se dirigea vers le salon. Pause technique, repos cérébral, câlins avant de s’attaquer à la suite du dossier. Petit à petit, le Bourreau lui livrait ses secrets. Les séances de psychanalyse... Cette incroyable phobie qu’il avait d’épuiser son muscle cardiaque. ... Les pulsations...

Devant la cheminée, Cathy aidait Clara à mettre son gros blouson polaire, ses moufles et son bonnet Oui-Oui. Au centre de la pièce, Grin’ch frimait avec son petit couvre-chef noir, percé de manière à laisser passer ses oreilles roses.

— Qu’est-ce que vous lui avez fait, à ce malheureux ?

— C’est Clara qui a absolument voulu que je le fasse rentrer. Tu le trouves comment ? Mignon, non ?

Cathy se sentait légère. Lentement dans son ventre, les saignements diminuaient, l’ombre de l’avortement s’estompait.

— On dirait un boxeur, avec son bonnet et son œil au beurre noir. Ça vous fait rien de le martyriser ?

— Mais non ! Regarde-le ! Eh, au fait ! Tu n’as pas remarqué ?

— Quoi donc ?

Cathy désigna discrètement Clara de la tête.

— Ta fille !

David prit un air dubitatif, la main sous le menton.

— Je vois pas... Le coquard, qui a presque disparu ?

— Mais non ! Regarde, elle n’a plus sa tétine !

— Oh... C’est vrai ! Viens-là mon poussin !

Un petit missile blond s’écrasa dans ses bras.

— Comment tu as réussi à la convaincre ? demanda David, serré contre sa fille.

— Je crois que c’est grâce à Grin’ch ! Il a croqué la tétine, tout à l’heure. Et depuis, elle n’en veut plus ! Merci mon grincheux !

Le porcelet approuva d’un couinement complice.

— Tu vois, il a compris !

David embrassa Clara dans le cou, la reposa et se rapprocha de sa femme.

— Tu devrais faire attention à ce qu’elle ne s’y attache pas trop.

— Comment ça ?

— Rappelle-toi. Arthur avait dit qu’il... ne serait avec nous que quelques jours... Ce porcelet... Il appartient bien à quelqu’un ! On va forcément venir le reprendre.

— Ou alors, ces... entomologistes vont le laisser tranquillement grandir pour...

Elle frissonna sous son blouson.

— En tout cas, il fait un bien fou à notre puce. Tu as vu comment elle s’amuse avec lui ? C’en est presque magique. Depuis qu’ils jouent ensemble, elle est toute gaie. Et puis, ils sont tellement mignons tous les deux, avec leur œil au beurre noir du même côté... Ne t’inquiète pas. Si quelqu’un veut le récupérer, je saurai le convaincre de nous le laisser !

— Quoi ?

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