Читаем La forêt des ombres полностью

— Dommage qu’on soit obligé de s’y promener avec un fusil à rhinocéros dans une main et une bouteille de whisky dans l’autre, répliqua David. Et dommage que les traces de pas aient été recouvertes ! Ça va, votre souffle ?

— On fait avec...

Mais non, ça n’allait pas. Il fallait pratiquement s’arrêter tous les cinquante mètres. La neige leur montait presque jusqu’aux genoux, alourdissant chaque enjambée, mobilisant à chaque pas toute leur attention pour ne pas poser le pied dans un trou. Une chose était certaine : pour Adeline, rejoindre la B500, ce serait comme traverser le Pacifique à la nage.

David avança sans plus parler. Le froid piquait, il avait la gorge sèche. Depuis leur départ, il ne cessait de penser aux numéros... Il avait beau retourner l’énigme dans tous les sens, chercher la faille, essayer de déjouer le tour de magie, il n’y comprenait rien.

Parce que ces nombres étaient arrivés dans l’ordre chronologique, rapportés chaque fois par une personne différente.

D’abord celui sur le chêne, que Cathy avait découvert dès leur arrivée, correspondant au premier massacre. Puis celui derrière la photographie de l’entomologiste, découvert par Adeline. Ensuite Emma qui, à moitié morte, avait débarqué avec le numéro de son compteur kilométrique  – sans aucun doute le cas le plus troublant. Et, aujourd’hui, le numéro de série d’un fusil, relevé par lui, David. Quatrième numéro, quatrième tuerie.

Que fallait-il y comprendre ?

Arthur voulait ramener le Bourreau à la vie, par l’intermédiaire du livre. Et le Bourreau, effectivement, revenait par bribes, par indices, par signes... Ces numéros, éparpillés dans le chalet. Emma, la brune rachitique jaillie de la page blanche, alors qu’elle tentait d’échapper au monstre. Les empreintes, la herse, les lapins dépiautés. Et surtout, l’épouvantable sensation d’écrasement, qui, de plus en plus, les dressait les uns contre les autres, les ébranlait psychologiquement, comme aimait le faire Tony Bourne avec ses victimes.

Aussi stupide et incohérent que cela pût paraître, l’ombre du Mal planait là, quelque part entre ces troncs gigantesques. On pouvait essayer de rester aussi cartésien qu’on le voulait, impossible de nier l’évidence.

Le soleil éclata dans les frondaisons, s’éparpillant en étoiles lumineuses. David plissa les yeux.

Le livre... Tout semblait tourner autour du roman qu’il écrivait... Ces mots, qui coulaient littéralement de ses doigts dès qu’il se positionnait face à la Rheinmetall, sans qu’il éprouvât le moindre besoin de réfléchir. Cet état extraordinaire qui l’enveloppait au cœur du laboratoire.

L’arum, la tache verte abdominale, la scie électrique... L’influence...

Pourquoi Arthur tenait-il tant à ce livre, comme si c’était pour lui une question de survie ? Et pourquoi impérativement avant le vingt-huit février ?

David regarda loin devant, le torrent miroitait sous le soleil. Toujours pas de cabane en vue. Derrière lui, Adeline inspirait et soufflait régulièrement, avec application. Elle ne s’était pas encore servie de sa Ventoline.

David serra plus fermement le fusil, qui commençait à glisser de ses doigts. Derrière ses rétines, l’image obsessionnelle d’un crâne chauve.

Qui était Arthur Doffre ?

David se rappelait la première fois où il l’avait rencontré, vêtu de son trois-quarts de fourrure, jailli de la brume dans sa longue berline. L’entretien dans l’habitacle, puis, d’un coup, les événements qui s’enchaînent, le destin qui se bouleverse. Boulot presque plaqué, chats parachutés, maison quittée... Et personne pour savoir précisément où ils se trouvaient. Le tout en quelques jours...

— Arthur, comment l’avez-vous connu ? demanda-t-il en ralentissant le rythme. Enfin, si ce n’est pas trop indiscret.

Adeline était courbée, haletante. Elle commençait à peiner sérieusement.

Ils s’arrêtèrent.

— Je rentrais chez moi... tout simplement. Et là... une grosse voiture dans une petite rue, en face de... mon appartement. Le brouillard... Je dois avouer que tout ceci... m’a un peu refroidie, mais... ça m’a pas empêchée de monter. Ça... m’intriguait... Et c’est là que je l’ai rencontré la première fois... Rien de bien romantique, vous voyez.

— Et personne, dans la rue, à ce moment-là, qui ne vous ait vue entrer ni sortir...

Adeline respira bruyamment.

— Je ne me suis pas posé la question... mais je n’en ai pas le souvenir. Il n’y avait que... ce Christian, planté dehors... Quand je suis... sortie de là, je n’avais qu’une idée en tête... C’était de refuser et de rentrer chez moi. C’était beaucoup trop... loufoque. C’est... cette enveloppe, bourrée de fric, qui m’a convaincue. Une semaine plus tard, je me retrouvais ici...

— Et vous n’avez pas le sentiment de l’avoir aperçu avant ?

Elle secoua la tête.

— Non, non... Je ne l’avais jamais vu... C’est plutôt ce Christian qui m’intrigue...

Перейти на страницу:

Похожие книги

Ледовый барьер
Ледовый барьер

«…Отчасти на написание "Ледового Барьера" нас вдохновила научная экспедиция, которая имела место в действительности. В 1906-м году адмирал Роберт Е. Пири нашёл в северной части Гренландии самый крупный метеорит в мире, которому дал имя Анигито. Адмирал сумел определить его местонахождение, поскольку эскимосы той области пользовались железными наконечниками для копий холодной ковки, в которых Пири на основании анализа узнал материал метеорита. В конце концов он достал Анигито, с невероятными трудностями погрузив его на корабль. Оказавшаяся на борту масса железа сбила на корабле все компасы. Тем не менее, Пири сумел доставить его в американский Музей естественной истории в Нью-Йорке, где тот до сих пор выставлен в Зале метеоритов. Адмирал подробно изложил эту историю в своей книге "На север по Большому Льду". "Никогда я не получал такого ясного представления о силе гравитации до того, как мне пришлось иметь дело с этой горой железа", — отмечал Пири. Анигито настолько тяжёл, что покоится на шести массивных стальных колоннах, которые пронизывают пол выставочного зала метеоритов, проходят через фундамент и встроены в само скальное основание под зданием музея.

Дуглас Престон , Линкольн Чайлд , Линкольн Чайльд

Детективы / Триллер / Триллеры
Книга Балтиморов
Книга Балтиморов

После «Правды о деле Гарри Квеберта», выдержавшей тираж в несколько миллионов и принесшей автору Гран-при Французской академии и Гонкуровскую премию лицеистов, новый роман тридцатилетнего швейцарца Жоэля Диккера сразу занял верхние строчки в рейтингах продаж. В «Книге Балтиморов» Диккер вновь выводит на сцену героя своего нашумевшего бестселлера — молодого писателя Маркуса Гольдмана. В этой семейной саге с почти детективным сюжетом Маркус расследует тайны близких ему людей. С детства его восхищала богатая и успешная ветвь семейства Гольдманов из Балтимора. Сам он принадлежал к более скромным Гольдманам из Монклера, но подростком каждый год проводил каникулы в доме своего дяди, знаменитого балтиморского адвоката, вместе с двумя кузенами и девушкой, в которую все три мальчика были без памяти влюблены. Будущее виделось им в розовом свете, однако завязка страшной драмы была заложена в их историю с самого начала.

Жоэль Диккер

Детективы / Триллер / Современная русская и зарубежная проза / Прочие Детективы