Plus elle implorait, plus il jubilait. Son sexe, à trop se tendre, lui fit mal. Il lui arracha les vêtements, la soulevant même par la culotte, puis la traîna dans la neige derrière le chalet, une solide corde enroulée autour du bras. Marion s’accrochait à tout ce qu’elle pouvait. Branches, racines, troncs. A chaque fois, elle avait l’impression qu’il allait lui déchirer les bras, la glace lui brûlait la peau, des entailles superficielles lui entaillèrent quadrillèrent le dos. Une odeur de viande pourrie monta, Marion vomit, alors qu’il lui attachait les deux pieds et lançait la corde par-dessus une grosse branche. la brune squelettique sentit son corps se décoller de terre, le sang afflua dans sa tête, le froid lui dévora les chairs. Elle se courba, s’arqua, hurla, tandis que l’autre était retourné dans ce chalet de mort, le nylon lui déchirait les chevilles. À ses côtés, des carcasses, noires, décharnées, bourgeonnantes de larves repues. Marion manqua de s’évanouir.
À ce moment-là, elle aurait aimé être déjà morte. le pire restait à venir...
Sans même avoir rempli la feuille, il la retira de la machine et il l’empila sur les autres. Puis il s’empara du dossier Bourreau, le regard fou.
« Ah, tu veux du détail ? Je vais t’en donner moi ! »
Cathy...
Rapport d’autopsie de Patricia Böhme, la dernière victime. Il l’ouvrit avec une froide détermination. Puis se gava des gros plans exposés. Le corps en lambeaux, toutes sortes de couleurs. Vert, bleu, mauve. Du rouge, partout. Visage, cheveux. Il était difficile de deviner qu’il s’agissait là d’une femme.
Juste une terre, labourée à la herse.
Il étala les clichés devant lui, puis ferma les yeux. Des flashs, des relents de putréfaction, des hurlements. Ceux de Patricia Böhme, au moment où Tony Bourne passait à l’acte de mise à mort, après plus de trois heures de torture moyenâgeuse.
Point final de son rituel, il plaçait la femme juste à côté du cadavre de son mari, lui attachait les membres aux quatre pieds du lit et lui bourrait la bouche de chiffons, afin qu’elle ne puisse plus respirer que par le nez. Sur plusieurs clichés, on voyait la corde de nylon qui avait entaillé les chevilles jusqu’au tendon.
Puis le Bourreau sortait un cierge, qu’il allumait et qu’il penchait juste au niveau des narines. La cire brûlante venait roussir la peau, s’accumulait et durcissait, empêchant peu à peu l’arrivée d’oxygène. Et là, alors que la respiration devenait un effort surhumain, une souffrance, une récompense, il fixait sa victime dans les yeux. Le corps qui se met à réclamer, le battement du cœur qui s’accélère, qui résonne dans les oreilles, de plus en plus fort, l’étau dans la gorge qui se resserre, lentement, à broyer la trachée et exploser les poumons. Et le dernier espoir de pouvoir tout libérer, d’un coup, puis d’aspirer l’atmosphère entière dans un long sifflement libérateur.
Et Bourne qui guettait, qui guettait le moment exact où la Mort venait cueillir sa proie. L’instant précis où l’âme s’arrache du corps.
Là, il possédait enfin sa victime. Et, dans l’incompréhension du monde, devant les yeux de l’enfant épargné, il jouissait.
David attrapa une feuille vierge qu’il chiffonna dans le creux de sa main, les mâchoires contractées. Sans cesse, au travers de ce déferlement d’horreur, la même image revenait. Cathy, en train de s’éclater au pieu avec son meilleur ami. Cathy, qui gémissait. « Encore ! Encore ! Encore ! »
Un premier coup de lame, sur la jambe gauche.
« Tu n’aurais pas dû... Tu aurais dû m’en parler. Cathy ! Qu’est-ce que tu as fait ? »