Читаем La nuit des longs couteaux полностью

Au fur et à mesure que les nouvelles arrivent de Vienne, le Führer s’assombrit. Quand il téléphone à Papen, il semble être un homme aux abois : « Nous sommes en présence d’un deuxième Sarajevo », crie-t-il d’une voix hystérique. Et pour sauver l’Allemagne d’un désastre il demande à Papen de le rejoindre à Bayreuth.

Là, Papen rencontre Hitler qui est entouré de Goering, de Goebbels et de Hess. Les chefs nazis sont anxieux. Hitler « maudit la stupidité et la brutalité des nazis autrichiens qui l’ont placé dans une situation terrible ». Il supplie Papen d’accepter, pour l’Allemagne, le poste d’envoyé du Führer à Vienne. Et Papen s’incline et sert le nazisme. « En accédant à la requête de Hitler, écrit Papen, pour se justifier, je pouvais encore très probablement rendre un service à mon pays, à la condition toutefois d’obtenir au préalable des garanties précises ». Naturellement Hitler les accorde : il sait faire la part du feu. Ainsi ce n’est pas l’or qui a séduit Papen, mais une fois de plus l’idée que servir le Führer c’est aussi servir l’Allemagne. Déjà, en janvier 1933, au moment de la prise du pouvoir, le patriotisme avait été la grande excuse : en juillet 1934, elle sert à nouveau. Et pourtant, le Reichstag a brûlé, et pourtant les baraques de bois des camps de concentration ont été construites à Dachau et à Buchenwald, pourtant Schleicher, Jung, Bose et Klausener ont été assassinés et dans la Nuit des longs couteaux le visage du nazisme est apparu sans masque. Visage brutal de tueur implacable. Et Papen n’ignore rien de cela.

Tschirschky est rentré de Dachau avec sa tête rasée et Papen, au cimetière, a prononcé devant Frau Bose et ses enfants un éloge de son collaborateur, abattu sans sommation comme le font les gangsters. Mais Papen s’incline et sert le Führer parce qu’il veut croire servir l’Allemagne. Il sait aussi que partir à Vienne – et plus tard il partira comme ambassadeur de Hitler à Ankara – c’est se mettre à l’abri. Et, dans le comportement de chaque Allemand il y a, comme chez Papen, ce mélange de peur et d’illusion qui fait finalement la force du Führer et du nazisme.

LA REICHSWEHR NAZIE.

Pour Papen, le sang de Bose ou de Jung a donc séché vite. Comme a séché vite, pour la Reichswehr, le sang des généraux Schleicher et Bredow.

Le 15 juillet, se déroulent, dans la campagne épanouie au nord de Berlin, les grandes manoeuvres de l’armée. Les nouvelles unités se montrent particulièrement efficaces, bien entraînées, équipées d’un matériel neuf. L’attaché militaire français est impressionné, l’armée allemande redevient rapidement une force. Surtout, elle se rallie en bloc, sans réticence, à Hitler. « Les sentiments qu’ont montrés les officiers allemands qui étaient avec nous, écrit à Paris l’attaché militaire, aussi bien ceux du ministère avec qui nous vivions que ceux de la troupe que nous avons pu interroger semblaient unanimes : c’était une approbation nette de l’action conduite par Hitler. On les sentait pleinement satisfaits du triomphe de la Reichswehr. »

Car, pour eux, la Nuit des longs couteaux c’est cela : la victoire du général von Blomberg sur Roehm. Ils veulent oublier le rôle des S.S., exécuteurs des basses besognes. Sans doute pensent-ils qu’ils ont habilement réussi à utiliser l’Ordre noir pour vaincre un adversaire et qu’ils sont restés ainsi, intégres, fidèles au code de l’honneur de la Reichswehr. Après tout, ce ne sont pas des soldats qui ont abattu Schleicher ou Roehm ! Les officiers sont définitivement séduits : Hitler les flatte. Hitler a plié ce qui reste de la S.A. à leur autorité et c’est le général Reichenau qui, sur le plan militaire, est chargé de réorganiser les Sections d’Assaut. Alors, ils se rallient à Hitler.

« Un officier de la Reichswehr dont je connais bien les sentiments antinationaux-socialistes, écrit l’attaché militaire français, m’a dit et a répété à plusieurs de mes collègues : « L’an dernier, la Reichswehr était peut-être nazie à 60 % ; il y a quelques semaines, elle ne l’était sans doute que pour 25 % ; aujourd’hui elle l’est à 95 %. »

Et les soldats, endoctrinés par leurs officiers, par les proclamations de von Blomberg suivent et même vont au-delà des sentiments de leurs officiers. Vers la mi-juillet Hitler qui assiste à une phase des manoeuvres, remonte en voiture le long d’une colonne de fantassins. C’est le plein été. La voiture du Führer est découverte. Les soldats, sous leur casque lourd, transpirent. Tout à coup des rangs de la troupe en marche, des cris d’enthousiasme s’élèvent ; on a reconnu le Führer, et de file en file les acclamations se prolongent rudes et viriles, issues de cette jeunesse en armes. Après avoir évoqué cet épisode avec des officiers de la Reichswehr, l’attaché militaire français conclut : « Cette manifestation spontanée d’enthousiasme n’est pas habituelle dans l’armée allemande, elle a frappé les officiers eux-mêmes. »

LA MORT DE HINDENBURG.

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