Читаем Le Collier de la Reine - Tome II полностью

– Là! là! fit le comte, en la calmant comme il eût calmé un épagneul, si vous n’êtes pas bien chez moi, ne m’en veuillez pas trop. Gardez toute votre colère pour monsieur le lieutenant de police, qui est votre ennemi.

– Vous m’exaspérez avec votre sang-froid, monsieur, dit Oliva. J’aime mieux de bonnes colères que des douceurs pareilles; vous trouvez le moyen de me calmer, et cela me rend folle de rage.

– Avouez, mademoiselle, que vous êtes injuste, répondit Cagliostro en s’asseyant loin d’elle, avec cette affectation de respect ou d’indifférence qui lui réussissait si bien auprès d’Oliva.

– Vous en parlez bien à votre aise, vous, dit-elle; vous allez, vous venez, vous respirez; votre vie se compose d’une quantité de plaisirs que vous choisissez; moi, je végète dans l’espace que vous m’avez limité; je ne respire pas, je tremble. Je vous préviens, monsieur, que votre assistance m’est inutile, si elle ne m’empêche pas de mourir.

– Mourir! vous! dit le comte en souriant, allons donc!

– Je vous dis que vous vous conduisez fort mal envers moi, vous oubliez que j’aime profondément, passionnément quelqu’un.

– Monsieur Beausire?

– Oui, Beausire. Je l’aime, vous dis-je. Je ne vous l’ai jamais caché, je suppose. Vous n’avez pas été vous figurer que j’oublierais mon cher Beausire?

– Je l’ai si peu supposé, mademoiselle, que je me suis mis en quatre pour avoir de ses nouvelles, et que je vous en apporte.

–Ah! fit Oliva.

– Monsieur de Beausire, continua Cagliostro, est un charmant garçon.

– Parbleu! fit Oliva qui ne voyait pas où on la menait.

– Jeune et joli.

– N’est-ce pas?

– Plein d’imagination.

– De feu… un peu brutal pour moi. Mais… qui aime bien, châtie bien.

– Vous parlez d’or. Vous avez autant de cœur que d’esprit, et d’esprit que de beauté: et moi qui sais cela, moi qui m’intéresse à tout amour de ce monde – c’est une manie –, j’ai songé à vous rapprocher de monsieur de Beausire.

– Ce n’était pas votre idée, il y a un mois, dit Oliva en souriant d’un air contraint.

– Écoutez donc, ma chère enfant, tout galant homme qui voit une jolie personne cherche à lui plaire quand il est libre comme je le suis. Cependant, vous m’avouerez que si je vous ai fait un doigt de cour, cela n’a pas duré longtemps, hein?

– C’est vrai, répliqua Oliva du même ton; un quart d’heure au plus.

– C’était bien naturel que je me désistasse, voyant combien vous aimiez monsieur de Beausire.

– Oh! ne vous moquez pas de moi.

– Non, sur l’honneur! vous m’avez résisté si bien.

– Oh! n’est-ce pas? s’écria Oliva, enchantée d’avoir été prise en flagrant délit de résistance. Oui, avouez que j’ai résisté.

– C’était la suite de votre amour, dit flegmatiquement Cagliostro.

– Mais le vôtre, à vous, riposta Oliva, il n’était guère tenace, alors.

– Je ne suis ni assez vieux, ni assez laid, ni assez sot, ni assez pauvre, pour supporter ou les refus, ou les chances d’une défaite, mademoiselle; vous eussiez toujours préféré monsieur de Beausire à moi, je l’ai senti et j’ai pris mon parti.

– Oh! que non pas, dit la coquette; non pas! Cette fameuse association que vous m’avez proposée, vous savez bien, ce droit de me donner le bras, de me visiter, de me courtiser en tout bien tout honneur, est-ce que ce n’était point un petit reste d’espoir?

Et en disant ces mots, la perfide brûlait de ses yeux trop longtemps oisifs le visiteur, qui était venu se prendre au piège.

– Je l’avoue, répondit Cagliostro, vous êtes d’une pénétration à laquelle rien ne résiste.

Et il feignit de baisser les yeux pour n’être pas dévoré par le double jet de flamme qui jaillissait des regards d’Oliva.

– Revenons à Beausire, dit-elle, piquée de l’immobilité du comte; que fait-il, où est-il, ce cher ami?

Alors Cagliostro, la regardant avec un reste de timidité:

– Je disais que j’eusse voulu vous réunir à lui, continua-t-il.

– Non, vous ne disiez pas cela, murmura-t-elle avec dédain; mais puisque vous me le dites, je le prends pour dit. Continuez. Pourquoi ne l’avez-vous pas amené, c’eût été charitable. Il est libre, lui…

– Parce que, répondit Cagliostro, sans s’étonner de cette ironie, monsieur de Beausire, qui est comme vous, qui a trop d’esprit, s’est fait aussi une petite affaire avec la police.

– Aussi! s’écria Oliva en pâlissant; car cette fois elle sentait le tuf de la vérité.

– Aussi, répéta poliment Cagliostro.

– Qu’a-t-il fait?… balbutia la jeune femme.

– Une charmante espièglerie, un tour de passe infiniment ingénieux; j’appelle cela une drôlerie; mais les gens moroses, monsieur de Crosne, par exemple, vous savez combien il est lourd, ce monsieur de Crosne; eh bien! ils appellent cela un vol.

– Un vol! s’écria Oliva épouvantée; mon Dieu!

– Un joli vol, par exemple; ce qui prouve combien ce pauvre Beausire a le goût des belles choses.

– Monsieur… monsieur… il est arrêté?

– Non, mais il est signalé.

– Vous me jurez qu’il n’est point arrêté, qu’il ne court aucun risque?

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