Читаем Le Collier de la Reine - Tome II полностью

– Je ne connais pas d’animal plus net et plus discret que toi! s’écria le père avec dépit; je n’en connais pas dont les réserves soient plus blessantes. Ne dirait-on pas que tu as peur d’être trahi par moi? Ce serait bizarre!

– Monsieur! dit Philippe exaspéré.

– C’est bon! c’est bon! garde tes secrets pour toi; garde le secret de ta maison louée à l’ancienne louveterie.

– J’ai loué la louveterie, moi?

– Garde le secret des promenades nocturnes faites par toi entre deux adorables amies.

– Moi!… je me suis promené, murmura Philippe, pâlissant.

– Garde le secret de ces baisers éclos comme le miel sous les fleurs et la rosée.

– Monsieur! rugit Philippe ivre de jalousie furieuse; monsieur! vous tairez-vous?

– C’est bon, te dis-je encore, tout ce que tu as fait, je l’ai su, t’ai-je dit? T’es-tu douté que je le savais? Mordieu! cela devrait te donner de la confiance. Ton intimité avec la reine, tes entreprises favorisées, tes excursions dans les bains d’Apollon, mon Dieu! mais c’est notre vie et notre fortune à tous. N’aie donc pas peur de moi, Philippe… Confie-toi donc à moi.

– Monsieur, vous me faites horreur! s’écria Philippe en cachant son visage dans ses mains.

Et en effet, c’était bien de l’horreur qu’il éprouvait, ce malheureux Philippe, pour l’homme qui mettait à nu ses plaies, et non content de les avoir dénudées, les agrandissait, les déchirait avec une sorte de rage. C’était bien de l’horreur qu’il éprouvait pour l’homme qui lui attribuait tout le bonheur d’un autre, et qui, croyant le caresser, le flagellait avec le bonheur d’un rival.

Tout ce que le père avait appris, tout ce qu’il avait deviné, tout ce que les malveillants mettaient sur le compte de monsieur de Rohan, les mieux informés sur le compte de Charny, le baron, lui, le rapportait à son fils. Pour lui c’était Philippe que la reine aimait, et poussait peu à peu dans l’ombre aux plus hauts échelons du favoritisme. Voilà le parfait contentement qui depuis quelques semaines engraissait le ventre de monsieur de Taverney.

Quand Philippe eut découvert ce nouveau bourbier d’infamie, il frissonna de s’y voir plonger par le seul être qui eût dû faire cause commune avec lui pour l’honneur; mais le coup avait été tellement violent, qu’il demeura étourdi, muet, pendant que le baron caquetait avec plus de verve que jamais.

– Vois, lui disait-il, tu as fait là un chef-d’œuvre, tu as dépisté tout le monde; ce soir cinquante yeux m’ont dit: C’est Rohan. Cent m’ont dit: C’est Charny. Deux cents m’ont dit: C’est Rohan et Charny! Pas un, entends-tu bien, pas un n’a dit: C’est Taverney. Je te répète que tu as fait un chef-d’œuvre, c’est bien le moins que je t’en fasse mes compliments… Du reste, à toi comme à elle, cela fait honneur, mon cher. À elle, parce qu’elle t’a pris; à toi, parce que tu la tiens.

Au moment où Philippe, rendu furieux par ce dernier trait, foudroyait d’un regard dévorant l’impitoyable vieillard, d’un regard prélude de la tempête, le bruit d’un carrosse retentit dans la cour de l’hôtel, et certaines rumeurs, certaines allées et venues d’un caractère étrange, appelèrent au-dehors l’attention de Philippe.

On entendit Champagne s’écrier:

– Mademoiselle! c’est mademoiselle!

Et plusieurs voix répétèrent.

– Mademoiselle!…

– Comment, mademoiselle? dit Taverney. Quelle demoiselle est-ce là?

– C’est ma sœur! murmura Philippe, saisi d’étonnement lorsqu’il reconnut Andrée qui descendait de carrosse, éclairée par le flambeau du suisse.

– Votre sœur! répéta le vieillard… Andrée?… est-ce possible?

Et Champagne arrivant pour confirmer ce qu’avait annonce Philippe:

– Monsieur, dit-il à Philippe, mademoiselle votre sœur est dans le boudoir auprès du grand salon; elle attend monsieur pour lui parler.

– Allons au-devant d’elle, s’écria le baron.

– C’est à moi qu’elle veut avoir affaire, dit Philippe en saluant le vieillard; j’irai le premier, s’il vous plait.

Au même instant, un second carrosse entra bruyamment dans la cour.

– Qui diable! vient encore, murmura le baron… c’est la soirée aux aventures.

– Monsieur le comte Olivier de Charny! cria la voix du suisse aux valets de pied.

– Conduisez monsieur le comte au salon, dit Philippe à Champagne, monsieur le baron le recevra. Moi je vais au boudoir parier à ma sœur.

Les deux hommes descendirent lentement l’escalier.

«Que vient faire ici le comte?» se demandait Philippe.

«Qu’est venue faire ici Andrée?» pensait le baron.

Chapitre 38

Le père et la fiancée

Le salon de l’hôtel était situé dans le premier corps de logis, au rez-de-chaussée. À sa gauche était le boudoir, avec une sortie sur l’escalier, conduisant à l’appartement d’Andrée.

À sa droite, un autre petit salon par lequel on entrait dans le grand. Philippe arriva le premier dans le boudoir où attendait sa sœur. Il avait, une fois dans le vestibule, doublé le pas pour être plus tôt dans les bras de cette compagne chérie.

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