Читаем Le Grec полностью

Il prit Wanda, toujours en peignoir, par la main et l'entraîna sans qu'elle ait le temps de protester ou de résister. Ils traversèrent la coursive au pas de course et en jaillirent, Céyx sur leurs talons. Parvenus sur le pont, ils filèrent comme des flèches sous le regard étonné de quelques officiers et marins qui se rangèrent sur leur passage, claquant presque les talons. Le Grec entra dans la cuisine comme une bombe :

« Qui a préparé les œufs de Mme Deemount? »

Le chef, qui avait une certaine idée de la grandeur, écarta bravement ses aides et alla au massacre :

« C'est moi, monsieur. Quelque chose qui ne va pas?

— Rien ne va! Il faut que ce soit moi qui vous apprenne votre métier, ou quoi? »

Le chef hochait la tête d'un air surpris, sans répondre.

S.S., sur un ton sarcastique :

« Alors, allez-y! Expliquez-moi la recette des œufs sur le plat. Je vous écoute! »

L'autre se gratta la tête :

« Ben… c'est simple…

— Non, monsieur, ce n'est pas simple! Ce sont les plats les plus simples qui sont difficiles! Allez-y!

— Eh bien, je prends un plat rond, je verse deux gouttes d'huile!… Je fais chauffer…

— Comment?

— A feu moyen.

— Continuez!

— Je casse mes œufs… Je rabats d'un coup de fourchette le blanc sur le jaune…

— En effet, c'était, parfait! Quelle réussite!

— … Je laisse au feu une minute, je retire, je sale et je poivre. »

Il y eut un long silence. Tous les yeux étaient braqués sur le Grec. Il eut un petit sourire supérieur et amer :

« Non, monsieur! Je suis désolé de vous le dire, mais vous n'avez raconté que des âneries! Pour réussir des œufs… »

Il regarda son costume d'alpaga noir, se tourna vers l'un des marmitons :

« Donne-moi un tablier, toi! »

Le marmiton en prit un dans une pile, le Grec s'en ceignit les reins et l'attacha dans son dos. Sur le devant du tablier, on pouvait lire : I'm a sweet baby… Mais personne ne songea à rire. Au milieu d'une batterie de cuisine, S.S. s'empara d'un petit plat, régla à leur plus faible intensité les feux d'un réchaud à gaz, jusqu'à ce que la flamme devienne pratiquement invisible :

« Donnez-moi deux œufs. »

On les lui donna.

« Du beurre! »

On le lui tendit. Pour l'assistance, il se mit à commenter sa démonstration à voix haute :

« D'abord, jamais d'huile! Une noix de beurré… »

Il la mit dans le plat et posa le plat sur le réchaud où elle mit plusieurs secondes à grésiller…

« Quand le feu est très doux, le beurre ne flambe pas, ne se calcine pas, mais fond très doucement. Pourquoi? Parce qu'il gardera le goût du beurre frais. »

Tout le monde restait muet, fasciné…

« Il faut laisser à peine le temps au beurre de fondre. Ensuite, je retire mon plat du feu… Je casse mes œufs… Un… Deux… Je sale et je poivre (il coula au chef un regard qui en disait long)… pas après, mais avant!… Enfin, je recouvre le plat d'un couvercle. Et je remets au feu très doux… »

Il se retourna vers le chef qui avait des crampes dans le cou à force de garder la tête rivée à ses gestes :

« Eh bien, monsieur, quand je les retirerai, le blanc aura complètement recouvert le jaune! »

Deux minutes se passèrent, dans un silence de mort, Satrapoulos saisit le plat, en retira le couvercle. Tout le monde se pencha : les œufs, dont on ne voyait pas le jaune, étaient recouverts d'une fine pellicule blanche translucide.

« Sentez! » ordonna le Grec… On se pencha. Du plat émanait une délicate et appétissante odeur de beurre.

« Voilà, messieurs, comment on fait les œufs au plat. C'est Curnonski lui-même qui m'a donné la recette. »

A Wanda :

« J'espère qu'ils vous plairont. »

Il ôta son tablier I'm a sweet baby, posa les œufs sur un plateau et écarta d'un geste Céyx qui voulait le prendre…

« Laissez ça! Je le porterai moi-même! »

Il sortit, très digne, la Deemount à son bras gauche, le plateau sur la droite, les laissant tous sidérés.

Peggy Nash-Belmont était aux anges : dans une heure, son chauffeur la conduirait à l'aéroport de La Guardia. Enfin, le chauffeur de son beau-père, car elle voulait éviter d'étaler tout signe extérieur de richesse. En dehors de quelques intimes, nul ne savait qu'elle occupait ce fastueux penthouse de Park Avenue, dont elle avait transformé le toit en un jardin suspendu, formant serre l'hiver, terrasse l'été. Elle ne tenait pas à ce que ses confrères la voient d'un œil jaloux, ce qui est toujours nuisible à de bonnes relations de travail. Elle s'efforçait de conserver avec eux des relations strictement professionnelles, remettant sèchement à leur place ceux qui insistaient pour sortir avec elle ou la raccompagner.

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