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« Avec élan? » avait demandé Socrate. « Sans élan », lui répondit-on. Il y eut de longues palabres pour préciser les règles permettant de contrôler la joute. Socrate, à juste titre, estimait que si Tony avait proposé la compétition, c'est qu'il était assez sûr de ses talents pour pouvoir la remporter. Et Socrate ne supportait pas que qui que ce fût pût remporter, en sa présence, quoi que ce soit. Pendant que la discussion s'envenimait, il réfléchissait intensément au moyen de ne pas être battu. Il le trouva : « Je n'ai pas envie de pisser tout de suite, j'ai déjà pissé il y a dix minutes. » On lui objecta qu'il se dérobait. Il riposta que l'idée du concours ne venait pas de lui, mais bel et bien de Tony. « D'ailleurs, ajouta-t-il, je ne demande qu'à participer. Accordez-moi quelques instants, le temps d'aller boire de l'eau à la maison, et je reviens. » Magnanimes, les autres acquiescèrent.

Socrate se précipita sur la place qui jouxtait le terrain vague, la traversa, s'engouffra dans la chambre de sa tante qui cria, de la cour intérieure où elle était en train d'étendre du linge : « Qu'est-ce que c'est? » Socrate fourragea dans une boîte à couture, fit tomber des écheveaux de fils, des épingles et un métrage de dentelles, et mit la main sur ce qu'il cherchait. « C'est moi! » répondit-il. Il entendit seulement « Peux-tu me dire… » et le reste de la phrase se perdit, car il s'était enfermé dans les cabinets, si l'on peut appeler ainsi un trou dans une plaque de ciment. Là, il se livra à une besogne mystérieuse, qui lui arracha des tics d'énervement.

Lorsqu'il revint sur l'aire de la décharge, il apprit qu'il avait été convenu que les concurrents se mettraient le dos contre la palissade, et qu'ils urineraient chacun à leur tour. La longueur du jet serait établie rigoureusement à l'aide d'un jeu de ficelles par tous les autres participants faisant office de commissaires. Socrate se déclara d'accord. Et le tournoi commença. En son absence, les autres avaient fabriqué de petits drapeaux formés de bouts de bois et d'un morceau de papier. Bientôt, les pavillons, plantés dans le sol, se déployèrent autour de flaques. Vint le tour de Socrate.

« Tu la caches ou quoi? » interrogèrent ses amis, étonnés par un excès de pudeur qui ne leur semblait pas de mise dans un enjeu d'une telle importance. Adossé aux vieilles planches, Socrate ne dit mot, se concentrant, supputant ses chances en dépit de la prodigieuse arabesque du jet de Tony. Il donna l'impression de se gonfler littéralement, sous l'effet de deux actions contraires, rétention et évacuation, l'une et l'autre simultanées et violentes. Il resta quelques secondes encore en équilibre, puis se relâcha : Tony était battu. Plus tard, piégé par sa victoire, Socrate ne savait plus comment se débarrasser de ses copains pour s'isoler une minute et enlever ce tortillon de caoutchouc qui lui enserrait la verge et le blessait. Il n'avait jamais raconté cette histoire à personne. Mais pourquoi, en cet instant, lui revenait-elle en mémoire alors que, si souvent, pour ses triomphes, il avait suppléé par la ruse aux forces qui lui manquaient?

Dans laquelle de ces cabanes à lapins pouvait-elle bien habiter? A un homme, qu'il pressentit plutôt qu'il ne le vit, derrière la toile de sac protégeant l'entrée de sa maison, il demanda : « Athina? » L'homme écarta son rideau, contempla S.S. et indiqua le haut du chemin : « La dernière. » D'un geste vague, Satrapoulos remercia.

Quelques mètres encore et tout, peut-être, allait se dénouer. Ou se compliquer, se durcir, il ne savait pas. Nul ne peut choisir son terrain quand la vie propose ses moments clés. Satrapoulos était sans doute l'un des hommes les plus riches du monde, mais dans la masure, ses milliards ne lui serviraient à rien, ni ses dizaines de milliers d'employés, et pas davantage ses flottes de pétroliers, ses mines d'étain ou ses exploitations aurifères, ni ses banques ni ses hommes de loi, ses hommes d'État ou ses hommes de main. Maintenant, il était devant la porte, petit cep noir dans les éclaboussures du soleil, et il ne pouvait pas se décider à entrer, indécis, malheureux, incertain, privé de ses moyens, dépouillé de sa superbe. Comme dans la maison où il avait demandé son chemin, l'ouverture était masquée par une toile de jute déchirée, s'il y avait quelqu'un à l'intérieur, on devait l'observer. Un bruit lui parvint, celui des brindilles de bois qu'on casse. Il hésita une dernière seconde et articula, d'une voix qu'il ne reconnut pas : « Il y a quelqu'un? »… Pas de réponse. Toujours le craquement des branches rompues.

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