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L'orchestre de chambre, jouant des cantates de Noël, ouvrit la marche pendant que des domestiques s'affairaient à placer les invités. Épanoui, Dun, qui en avait pourtant vu d'autres, pensa que c'était réellement une belle fête.


Entre deux compliments à ses hôtes, Irène s'esquiva furtivement jusqu'à son appartement privé. Elle venait de faire une gaffe qu'il lui fallait réparer à tout prix : son honneur était en jeu. Innocemment et sans malice spéciale, sa sœur venait de lui demander ce que son mari lui avait offert pour son « petit Noël ».

« Monte chez moi dans dix minutes, et tu verras! », lui avait-elle répondu dans la foulée, sans réfléchir.

Or, précisément, Herman ne lui avait rien offert du tout. Pourtant, il ne ratait jamais une occasion de la couvrir de présents extraordinaires : bijoux fabuleux, tableaux de maîtres, robes de grand prix. Non pas qu'il voulût, par ces attentions royales, lui manifester une tendresse quelconque, mais parce qu'il considérait qu'elle était un objet lui appartenant et, comme tel, devant servir la plus grande gloire de son prestige. En outre, il menait depuis son mariage et par cadeaux interposés une lutte sourde contre Satrapoulos. Cette rivalité aboutissait à des situations cocasses, aucun des deux rivaux ne souffrant de voir la femme de l'autre mieux parée que la sienne propre. Il suffisait que Lena informe Irène de la dernière folie commise par Socrate pour que Herman fasse immédiatement une surenchère, ou vice versa. En revanche, Kallenberg infligeait à Irène des scènes violentes pour des détails sordides, l'injuriant par exemple lorsqu'elle oubliait d'éteindre une lumière sous prétexte qu'elle allait le ruiner.

Quant aux bijoux, aussitôt offerts, ils réintégraient les chambres fortes des banques pour ne revoir le jour qu'à l'instant des réceptions. Herman, avec une monstrueuse mauvaise foi, prétendait que les Lloyd's refusaient de les assurer s'ils n'étaient pas à l'abri.

Toutefois, pour l'usage courant, Irène avait réussi à rafler quelques babioles d'une valeur globale de deux millions de dollars. Elle les gardait jalousement dans un coffre-fort camouflé au-dessus de son lit par la copie d'époque d'un Titien, Vénus et Adonis. Elle forma la combinaison et ouvrit le coffre après avoir déplacé le tableau. Nerveusement, elle en sortit quelques pièces : un pendentif en forme de poire, plusieurs bagues serties de diamants, des boucles d'oreilles en topaze, une parure de rubis. Sa main s'arrêta sur un superbe bracelet formé de turquoises et de diamants. Dans la lumière du coffre, le bracelet jetait des éclats bleutés et sourds. Il s'harmonisait à merveille avec la robe de chez Chanel qu'elle portait, un nuage de mousseline céruléen. Elle chercha désespérément à se rappeler si sa sœur n'avait jamais vu le bracelet sur elle auparavant. Mais déjà, après deux coups discrets, la porte s'ouvrait, laissant passage à Lena. Irène n'avait plus le temps, il fallait qu'elle prenne le risque…

« Tiens, regarde…

— Une seconde… Tu as un peu de blush-on? J'ai l'impression que j'ai une mine épouvantable…

— Mais non, tu es très bien… Viens voir…

— Irène, je t'en prie, une seconde, je suis affreuse. »

Lena disparut dans la salle de bain pendant qu'Irène piaffait. Elle reparut au bout de trois mortelles minutes :

« Montre… »

Irène jeta le bracelet sur le lit. Sa sœur demanda :

« Cartier?

— Non. Zolotas.

— Joli… J'en ai deux à peu près semblables, mais de chez Tiffany's.

— Tiens… Je ne te les ai jamais vus?

— Pas le temps de les mettre. Les bracelets, c'est la manie de Socrate. Tous les huit jours, j'en ai un au petit déjeuner.

— Il manque d'imagination.

— Tu penses! Il y a trois jours, pour le premier anniversaire de la naissance des jumeaux… tu vas voir, c'est amusant… Ma femme de chambre ouvre mes fenêtres vers neuf heures du matin. Je vois un énorme paquet entouré de faveurs qui me bouche le paysage. Je lui demande : « Qu'est-ce que c'est? » mais elle s'en va sans répondre, en riant sous cape… Un truc énorme, peut-être six mètres de long, suspendu dans le vide. Tu penses, ma chambre est au troisième! Je vais à la fenêtre, en bas, je vois un orchestre qui se met à jouer des sirtakis. Le truc qui était pendu à une grue se met à descendre, moi aussi. J'arrive dans la cour, j'arrache les papiers, je coupe les rubans… Une Rolls!

— Attends! Une Rolls blanche…

— Boph…

— Laisse-moi parler! C'est là que ça devient marrant… Dans la voiture, à moitié étouffé, un chauffeur en grande livrée, un Philippin authentique que Socrate m'offrait avec la voiture! »

Agacée, Irène la coupa :

« A propos… Et Marc? »

Lena la dévisagea avec des yeux ronds…

« Qui ça?

— Marc Costa, l'acteur, il est en bas…

— Ah! Marc?

— Lena, pourquoi fais-tu l'idiote?

— Montre-moi tes derniers bijoux… »

La vanité l'emporta sur le désir d'égratigner. Irène se dirigea vers le coffre qui était resté ouvert :

« Viens voir ma bague. »

C'était un énorme diamant blanc bleuté, pesant au moins trente carats, monté sur un simple anneau d'or.

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