Читаем Le Grec полностью

Elle eut conscience d'être stupide, à mesure que les questions montaient à ses lèvres et qu'elle les refoulait. C'était si énorme, ce qu'elle avait à demander à un homme dont elle était l'épouse depuis plus de cinq ans. Néanmoins, elle avala sa salive, frotta ses yeux qu'elle sentait brouillés de larmes, et se décida :

« Ta mère est-elle toujours en vie?

— Oui.

— Est-ce la dame dont parlent les journaux?

— Non.

— Tu en es sûr?

— Oui.

— Sais-tu où se trouve ta mère, maintenant, tout de suite?

Très loin, elle entendit sa respiration, perçut son hésitation. Finalement, il articula :

« Un peu… oui…

— Qu'est-ce que tu vas faire pour éviter le scandale?

— Il est trop tard pour l'éviter. Mais pour le faire oublier, je vais en faire éclater un autre.

— Donc… la dame, sur la photo… ce n'est pas ta mère?

— Non.

— Tu me le jures?

— Je te le jure.

— Alors… Pourquoi?… cette histoire?

— Demande-le à Kallenberg.

— Herman?

— Écoute, Lena, puisque tu aimes bien lire les journaux, ne manque pas d'acheter ceux de demain. Et écoute aussi la radio ce soir… Maintenant, il faut que je te quitte. »

Elle eut peur qu'il raccroche. Elle ne savait plus que lui dire mais, pour une raison obscure, avait envie de le garder au bout du fil :

« Quand nous verrons-nous?

— Je ne sais pas. Tu m'as dit que tu devais partir pour New York…

— Je n'ai plus envie d'y aller.

— Viens me rejoindre à Rotterdam, j'y serai ce soir. Tu veux?

— Je ne sais pas. Ou puis-je te joindre?

— A l'appartement.

— Socrate…

— Oui?

— Est-ce que tu aimes ta mère? »

Il eut un petit rire triste, curieux, et lui dit :

« Je l'adore… Et toi aussi je t'adore. Au revoir. »

Il y eut un déclic. Lena garda l'appareil en main, sans bouger. Sur l'allée, le couple avait disparu depuis longtemps. Ils devaient se baigner. La voix de la standardiste la tira de sa rêverie :

« Avez-vous été coupée? Désirez-vous une autre communication?

— Passez-moi le concierge… »

Elle l'eut :

« Oui, madame Satrapoulos, à votre service.

— Pouvez-vous me louer un avion qui soit prêt à décoller dans deux heures de Nice, destination Paris?

— Mais bien entendu, madame!

— Parfait. Trouvez mon chauffeur et dites-lui de venir me prendre dans une demi-heure au bar de la piscine.

— Je m'en occupe immédiatement. Merci, madame. »

La décision de Lena était prise : elle allait vérifier sur-le-champ ce que Socrate venait de lui dire. Puisque sa mère était au Ritz, il n'y avait aucune raison pour qu'elle ne fasse pas sa connaissance.


Raph Dun était assez vaniteux pour répéter tout ce qui pouvait augmenter son prestige mais pas assez fou pour aller révéler qu'il était à l'origine de cette fantastique histoire dont les journaux étaient envahis. Il souffrait de ce silence forcé, de cette modestie obligatoire. Il aurait voulu pouvoir prévenir ses relations, devenir lui-même l'objet d'un article ou bien, organiser un cocktail dont le carton aurait porté la mention : « Raph Dun vous invite à célébrer l'un des plus beaux coups de sa carrière : la découverte de la mère de Satrapoulos. » Au lieu de cela, il avait été contraint de demander à ses correspondants de garder le secret : « Oubliez-moi, je ne vous ai jamais donné cette information. »

Lorsque le scandale se serait tassé, il envisageait de prendre sa revanche. Dans les conversations, il orienterait subtilement ses interlocuteurs sur le sujet roi. Lorsqu'on lui poserait des questions, il prendrait le sourire mystérieux et lointain de ceux qui savent, mais qui ne peuvent rien dire, afin que chacun se doute de sa participation à l'affaire, sans qu'il l'ait lui-même précisée formellement. Un prix Nobel de physique qu'il interviewait un jour avait eu cette formule : « Celui qui ne sait rien affirme. Celui qui doute parle. Celui qui sait ne dit rien. » Ainsi va le monde, gouverné par ceux qui se taisent, parce qu'ils savent. Raph se tairait donc. La mort dans l'âme…

Il écarta d'un geste l'édition du matin des grands quotidiens européens qui jonchaient son lit.

Le téléphone sonna : c'était Bill, le directeur de la rédaction de Flash :

« Qu'est-ce que tu fous ce soir à six heures?

— Je suis pris. Et les autres jours aussi. Et même toute l'année. Je me suis mis en congé. Qu'est-ce qu'il y a?

— L'affaire Satrapoulos.

— Fantastique, hein?

— Ouais… Fantastique. Tellement fantastique qu'on est obligés de foutre en l'air toute l'édition de samedi. »

Dun glissa brutalement de son nuage :

« Répète!

— Toute l'histoire est bidon. Zéro. Satrapoulos attaque tous les journaux qui l'ont passée. Les photos qu'on a eues, c'est pas sa vieille. Un coup monté…

— Qu'est-ce que tu racontes?

— C'est comme ça. Nous, dans le fond, on s'en fout. On va faire notre numéro sur sa vraie mère.

— Quelle vraie mère?

— Tu es soûl ou quoi? Je te dis qu'il y a maldonne! On va se retourner nous-mêmes contre l'agence qui nous a refilé le tuyau. Étant donné le prix qu'on avait payé l'information, ça va leur coûter cher!

— Tu n'es pas bien, non? Qu'est-ce qui te fait croire…

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