Читаем Le Grec полностью

Les rires reprirent de plus belle et les journalistes se précipitèrent vers la sortie, sans même prendre congé : ils avaient tiré de la vieille tout ce qu'ils voulaient, la sauterie était terminée, bonsoir! Maria se mordit les lèvres pour ne pas pouffer à l'idée de La Poilue, évadée de son enclos et broutant la moquette…


« Qui sème le vent récolte la tempête. »

Ayant dit, le Prophète de Cascais jeta un clin d'œil complice à Satrapoulos. Le Grec, surtout lorsqu'il était victorieux et de bonne humeur, n'était pas imperméable à l'humour. Mais son vis-à-vis avait-il réellement de l'humour? S.S. n'avait encore jamais réussi à déceler si son « gourou » débitait ses aphorismes et sentences au premier degré ou au huitième. Parfois, il lui semblait que le Prophète baissait le masque, l'espace d'un instant fugitif, d'un trait, d'une repartie un peu vive ou drôle, mais c'était si rapide que Satrapoulos n'était jamais sûr de n'avoir pas rêvé.

De son côté, le Prophète avait appris par expérience qu'il ne faut pas descendre de son piédestal. Ne jamais rien livrer de sa vie privée, ne jamais manifester de doutes, ne laisser aucune prise au client sous peine de perdre l'ascendant qu'on a sur lui. Avant tout, afficher à son égard une bienveillante sollicitude, sans tomber dans le piège toujours tendu de l'amitié offerte. Hilaire, qui était un tendre, souffrait souvent de cette attitude qui lui était imposée par l'éthique de sa profession. Certains jours, il aurait souhaité ne pas tirer les cartes à sa pratique, mais aller vider une bouteille en sa compagnie, parler littérature, philosophie, théologie, n'importe quoi, sauf cartes du ciel ou maisons zodiacales. En dehors des énormes avantages matériels que lui dispensait son art, sa position présentait bien des désavantages, à commencer par tous les discours sur lui-même qu'il était obligé de refouler malgré l'envie abominable de s'en libérer. Le commerce du désarroi ne lui donnait pour autant aucune certitude : qui le rassurait, lui, lorsqu'il était inquiet ou angoissé?

« Mon cher ami, votre tactique a été magistrale, du début à la fin. Je suppose que vous avez lu les journaux? »

Le Grec brandissait la une du Tribune : « Les dessous de la guerre de l'or noir. » Pour se tirer du mauvais pas où ils s'étaient mis en publiant une information fausse, les quotidiens occidentaux avaient forcé la note dans le style « nous avons été abusés ». Abusés par qui? Ils ne le précisaient pas, mais laissaient supposer qu'à travers la personne de l'innocent Satrapoulos, ils avaient été victimes de la guerre des cartels du pétrole. Commencée en fait divers sordide, l'histoire prenait maintenant une dimension internationale : on se plaisait à rendre hommage à la probité professionnelle du Grec. Des « groupes rivaux » s'étaient abaissés, pour le déshonorer, à inventer et à monter de toutes pièces ce pauvre roman de la mère délaissée et du fils indigne. Des excuses suivaient, et des photos de Tina, séjournant au Ritz de Paris pour faire du shopping, parée des beaux bijoux que lui avait offerts son fils pour son récent anniversaire. Non seulement S.S. était lavé, mais on le félicitait pour la manière digne et courageuse dont il avait fait face à cette involontaire diffamation : il ne fallait pas l'imputer aux journalistes. Leur bonne foi avait été « surprise ».

En réalité, les avocats du Grec avaient dû montrer les dents pour que paraissent immédiatement les rectificatifs, menaçant les uns et les autres de représailles terribles. Les responsables des grands quotidiens avaient tenu des conférences houleuses et prolongées pour décider ce qu'il convenait de faire. La rage au cœur, ils avaient dû s'incliner et rédiger ces foutus démentis qui les faisaient passer pour des imbéciles : le fait d'être tous logés à la même enseigne ne les consolait pas du tout de l'affront subi. De Rome à Amsterdam, de Paris à Munich, les téléphones avaient crépité pour que l'on sache enfin qui était l'instigateur réel de ce gigantesque pétrin. Mais à la S.I.A. de Londres — Scoop International Agency — où avaient abouti les doléances exaspérées, Mike avait fait un barrage, refusant de révéler le nom de son informateur. La maigre estime qu'il vouait à Dun n'en était pas la cause, mais plutôt un fabuleux désir de vengeance qu'il ne voulait laisser à quiconque le soin de partager avec lui. Bien entendu, la S.I.A. allait devoir rembourser les sommes perçues et tirer une croix sur cette affaire juteuse, sans parler du préjudice moral, de la confiance perdue pour longtemps. Tout se paierait…

« Et maintenant? »

Satrapoulos eut un sourire affectueux :

« Et maintenant quoi?

— Qu'allez-vous faire? A quoi allez-vous vous attaquer?

— Le monde est grand, la mer est vaste.

— Avez-vous confiance dans cet émir?

— Aucune. C'est un illuminé, un fanatique. Mais j'ai confiance en son amour de l'argent et de la puissance. Tant qu'il aura le premier et espérera la seconde, il se tiendra tranquille et respectera son contrat.

— Ce n'est pas suffisant.

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