Selon
Empédocle, toute la confusion provenait de l'hypo thèse de départ qu'une seule substance était à l'origine de tout. Si tel était le cas, le fossé entre, d'une part, ce que nous dit la raison et, d'autre part, « ce que nous voyons de nos propres yeux » serait tout à fait infranchissable.L
'eau ne peut pas devenir un poisson ou un papillon. En fait l'eau ne peut pas du tout chaîner de nature. L eau pure restera éternellement de l'eau pure. Parménide avait donc raison en affirmant que « rien ne peut se transformer ».D
'un autre côté, Empédocle était d'accord avec Héraclite pour faire confiance à nos sens. Nous devons croire ce que nous voyons, et nous voyons justement une nature en perpétuelle mutation.Empédocle
en vint donc à la conclusion qu'il fallait rejeter l'idée d'une substance première et unique. Ni l'eau ni l'air ne peuventEmpédocle
croyait que la nature disposait de quatre sub stances élémentaires qu'il appelait « racines ». Ces quatre racines, c'étaitTout
ce qui se meut dans la nature est dû au mélange et à la séparation de ces quatre éléments. Car tout est composé de terre, d'air, de feu et d'eau, seules changent les proportions. A la mort d'une fleur ou d'un animal, les quatre éléments se sépa rent à nouveau. Cela peut s'observer à l'œil nu. Mais la terre, l'air, le feu ou l'eau restent, eux, inchangés, « indemnes » de toutes ces métamorphoses. Il n'est pas juste de dire que « tout » se transforme. Au rond, rien ne change. Seuls quatre éléments s'unissent et se séparent avant de se mélanger à nouveau.On
peut essayer de comparer cela avec le travail d'un peintre. Avec une seule couleur à sa disposition, disons le rouge, il lui est impossible de peindre des arbres verts. Mais s'il a aussi le jaune, le bleu et le noir sur sa palette, il peut peindre des cen taines de couleurs différentes en variant simplement chaque fois leurs proportions respectives.Ou
prenons la cuisine, par exemple. Avec seulement de la farine, je serais un magicien si je parvenais à faire un gâteau.Mais
si j'ai des œufs, de la farine, du lait et du sucre, alors je peux faire une infinité de gâteaux différents à partir de ces quatre matières premières.Ce
n'est pas un hasard si Empédocle pensait que les « racines » de la nature étaient justement la terre, l'air, le feu et l'eau. Avant lui d'autres philosophes avaient tenté de prouver pourquoi la substance première était soit l'eau, soit l'air, soit le îeu. Que l'eau comme l'air fussent des éléments importants au sein de la nature, Thalès et Anaximène en étaient tous deux convaincus. Les Grecs croyaient aussi que le feu était essentiel : il suffisait de considérer l'importance du Soleil pour la vie végé tale et de penser aussi à la chaleur du corps humain ou animal.