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« Tout de même, j’aimerais qu’on en finisse, pour le meilleur ou pour le pire, dit Pippin. Je suis loin d’être un guerrier, et toute idée de bataille me répugne ; mais être obligé de rester sur les côtés en attendant qu’elle se déclare est la pire chose qui soit. La journée commence, mais elle paraît déjà bien longue ! Je serais moins malheureux si nous n’étions pas forcés d’attendre et d’observer, sans faire un seul mouvement, sans frapper nulle part un premier coup. C’est ce qui serait arrivé au Rohan, je pense, n’eût été Gandalf. »

« Ah ! vous mettez le doigt sur une plaie qui en indispose plus d’un ! dit Beregond. Mais les choses seront peut-être différentes quand Faramir reviendra. Il est hardi, plus hardi que beaucoup ne l’imaginent ; car de nos jours, les hommes sont lents à croire qu’un capitaine puisse être sage et savant, versé comme lui dans la tradition et les chants, tout en étant un homme de prouesses, au jugement sûr et prompt, sur le champ de bataille. Moins avide et moins téméraire que Boromir, quoique non moins déterminé. Mais dans les faits, que peut-il faire ? Nous ne pouvons assaillir les montagnes du… du royaume là-bas. Notre champ d’action est réduit, et nous ne pouvons frapper avant que l’ennemi décide d’y entrer. Mais quand il le fera, nous devrons avoir la main lourde ! » Il frappa la garde de son épée.

Pippin le regarda : grand, fier et noble, comme chacun des hommes qu’il avait vus jusque-là dans ce pays ; et ses yeux étincelaient à l’idée de se battre. « Hélas ! ma propre main paraît légère comme une plume, songea Pippin en son for intérieur. Un pion, disait Gandalf ? Peut-être, mais sur le mauvais échiquier. »

Ils parlèrent ainsi jusqu’à ce que le soleil fût à son zénith ; alors, les cloches de midi retentirent soudain et il y eut quelque agitation dans la citadelle, car tous hormis les guetteurs allaient prendre leur repas.

« Voulez-vous m’accompagner ? demanda Beregond. Vous pourriez venir à mon mess pour aujourd’hui. J’ignore à quelle compagnie vous serez affecté ; le Seigneur pourrait aussi vous garder à sa disposition. Mais vous serez le bienvenu. Et il serait bon de rencontrer autant d’hommes que possible, pendant qu’il est encore temps. »

« Avec plaisir, dit Pippin. Je me sens bien seul, à vrai dire. J’ai laissé mon meilleur ami au Rohan, et je n’ai eu personne pour discuter ou plaisanter. Je pourrais même rejoindre votre compagnie ? Vous en êtes le capitaine ? Si oui, vous pourriez me prendre dans vos rangs, ou parler en ma faveur ? »

« Que non, que non, fit Beregond en riant. Je ne suis pas capitaine. Je n’ai ni fonction ni rang ni dignité, n’étant moi-même qu’un homme d’armes de la Troisième Compagnie de la Citadelle. Mais le seul fait d’être de la Garde de la Tour du Gondor vous vaut une grande considération dans la Cité, maître Peregrin ; et ces hommes sont honorés à travers le pays. »

« C’est bien au-dessus de moi, alors, répondit Pippin. Reconduisez-moi à notre chambre, et si Gandalf n’y est pas, j’irai où vous voudrez – en tant qu’invité. »

Gandalf ne s’y trouvait pas, et il n’avait envoyé aucun message. Pippin accompagna donc Beregond, et il fut présenté aux hommes de la Troisième Compagnie. Et Beregond parut en tirer autant d’honneur que son hôte, car la présence de Pippin fut des plus appréciées. On avait déjà beaucoup parlé, dans la citadelle, du compagnon de Mithrandir et de son long tête-à-tête avec le Seigneur ; et la rumeur voulait qu’un Prince des Demi-Hommes fût venu du Nord pour offrir son allégeance au Gondor, ainsi que cinq mille épées. Et d’aucuns disaient que les Cavaliers du Rohan, lorsqu’ils viendraient, arriveraient chacun avec un guerrier demi-homme en croupe, certes petit, mais vaillant.

S’il dut contredire à regret cette fable encourageante, Pippin ne put s’affranchir de son nouveau titre, bien dû, trouvait-on chez les hommes, à qui s’était attiré la faveur de Boromir, et l’honneur du seigneur Denethor ; et, suspendus à ses paroles et à ses histoires de contrées éloignées, ils le remercièrent d’être venu parmi eux, et ils lui offrirent autant de nourriture et de bière qu’il pouvait le souhaiter. En fait, son seul souci fut de rester « sur ses gardes » comme le lui avait conseillé Gandalf, et de ne pas parler à tort et à travers comme un hobbit entouré d’amis.

Enfin, Beregond se leva. « Au revoir pour l’heure ! dit-il. Je reprends le service jusqu’au coucher du soleil, comme tous ceux qui sont ici, je pense. Mais si vous vous sentez seul, comme vous le dites, peut-être aimeriez-vous un joyeux guide pour vous faire visiter la ville. Mon fils serait ravi de vous accompagner. C’est un bon garçon, je puis le dire. Si cela vous agrée, descendez jusqu’au tout premier cercle et demandez la Vieille Hôtellerie de Rath Celerdain, la rue des Lanterniers. Vous le trouverez là-bas avec les autres garçons qui sont restés. Il pourrait y avoir des choses intéressantes à voir à la Grande Porte avant la fermeture. »

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