Читаем Le Retour du Roi полностью

Mais Aragorn vint auprès d’Éowyn et dit : « Il y a ici une blessure grave et un coup violent. Le bras cassé n’aurait pu être mieux soigné, et il guérira avec le temps, si elle a encore la force de vivre. C’est le bras qui portait l’écu qui est blessé ; mais le plus grand mal vient du bras qui tenait l’épée. Il paraît sans vie, à présent, même s’il est indemne.

« Hélas ! Car elle fut confrontée à un adversaire au-delà de ce que pouvaient endurer son corps et son esprit. Et ceux qui s’avisent de tourner leur arme contre pareil ennemi devront être plus durs que l’acier, si le choc seul ne suffit pas à les anéantir. C’est un destin funeste qui la plaça sur son chemin. Car c’est une belle et jeune femme, la plus belle d’une maison de reines. Et pourtant, je ne sais trop comment parler d’elle. Quand je la vis pour la première fois et que je perçus sa tristesse, j’eus l’impression d’être devant une fleur blanche, fière et droite, gracieuse comme le lis ; mais je la savais dure, comme l’acier ouvré par les forgerons elfes. Ou était-ce, peut-être, un gel qui en avait glacé la sève, et se tenait-elle ainsi, douce-amère, encore belle à voir, mais souffrante, près de s’étioler et de mourir ? Son mal ne date pas d’aujourd’hui, bien au contraire, n’est-il pas vrai, Éomer ? »

« Je m’étonne que vous me posiez la question, seigneur, répondit-il. Car si je vous juge sans blâme en cette affaire comme en toute autre, je ne sache pas qu’Éowyn ma sœur ait été frappée d’aucun gel, avant d’avoir posé les yeux sur vous. Le souci et la peur, tels étaient ses maux, qu’elle partageait avec moi, à l’époque de Langue de Serpent et de l’ensorcellement du roi ; et elle veillait sur lui dans une peur croissante. Mais rien qui pût la conduire à cette extrémité ! »

« Mon bon ami, dit Gandalf, vous aviez vos chevaux, vos faits d’armes et vos vastes prairies ; mais elle, née dans le corps d’une femme, avait une force d’âme et de caractère au moins égale à la vôtre. Elle dut pourtant s’astreindre à servir un vieillard, qu’elle aimait comme un père, et le voir sombrer dans un gâtisme aussi vil que déshonorant ; et ce rôle lui paraissait encore plus ignoble que celui du bâton sur lequel il s’appuyait.

« Croyez-vous que Langue de Serpent n’ait eu de poison que pour les oreilles de Théoden ? Vieux gâteux ! Qu’est-ce que la maison d’Eorl sinon une grange couverte de chaume où des bandits trinquent dans le relent, pendant que leur marmaille se roule sur le sol parmi leurs chiens ? N’avez-vous pas déjà entendu ces mots ? Saruman les a prononcés, le maître de Langue de Serpent. Même si je ne doute pas que l’élève, de retour chez lui, en ait enrobé la substance dans des termes plus roués. Monseigneur, si l’amour de votre sœur à votre égard, et sa volonté encore attachée au devoir ne lui avaient cousu les lèvres, vous auriez pu entendre ces mêmes mots s’en échapper. Mais qui sait ce qu’elle confiait aux ténèbres, seule, pendant les longues veilles de la nuit, quand toute sa vie semblait s’étriquer, et les murs de sa retraite se refermer sur elle, tel un clapier réservé à quelque bête sauvage ? »

Alors Éomer resta silencieux, et il contempla sa sœur, comme s’il était à reconsidérer tous les jours de leur vie passée ensemble. Mais Aragorn dit : « J’ai vu aussi ce que vous avez vu, Éomer. Peu de chagrins, parmi les infortunes de ce monde, peuvent semer autant d’amertume et de honte dans le cœur d’un homme, que celui d’être aimé par une femme aussi valeureuse et belle sans pouvoir rendre son amour. La pitié et la tristesse n’ont cessé de me suivre, depuis que je la laissai au désespoir à Dunhart pour m’engager sur les Chemins des Morts ; et aucune peur sur cette route ne fut aussi présente que la crainte de ce qui pouvait lui arriver. Mais croyez-moi, Éomer, quand je vous dis qu’elle vous aime d’un amour plus vrai que celui qu’elle me porte ; car elle vous aime et vous connaît, alors qu’elle n’aime en moi qu’une ombre et une idée : une promesse de gloire et de hauts faits, et de terres loin des champs du Rohan.

« J’ai, peut-être, le pouvoir de guérir son corps et de la rappeler du sein de la vallée ténébreuse. Mais à quoi elle s’éveillera, à l’espoir, à l’oubli ou au désespoir, je ne puis le dire. Et si c’est au désespoir, alors elle mourra, à moins que vienne une autre guérison que je ne puis lui apporter. Hélas ! car ses exploits l’ont portée au rang des plus grandes reines. »

Alors, Aragorn se pencha sur elle et scruta son visage, et celui-ci était en vérité d’un blanc de lis, d’un froid de givre et d’une dureté de pierre, telle une image gravée. Mais Aragorn se courba et lui baisa le front, et il l’appela doucement, disant :

« Éowyn fille d’Éomund, réveillez-vous ! Car votre ennemi est mort ! »

Перейти на страницу:

Все книги серии Le Seigneur des Anneaux

Похожие книги

Неудержимый. Книга XXIII
Неудержимый. Книга XXIII

🔥 Первая книга "Неудержимый" по ссылке -https://author.today/reader/265754Несколько часов назад я был одним из лучших убийц на планете. Мой рейтинг среди коллег был на недосягаемом для простых смертных уровне, а силы практически безграничны. Мировая элита стояла в очереди за моими услугами и замирала в страхе, когда я брал чужой заказ. Они правильно делали, ведь в этом заказе мог оказаться любой из них.Чёрт! Поверить не могу, что я так нелепо сдох! Что же случилось? В моей памяти не нашлось ничего, что могло бы объяснить мою смерть. Благо, судьба подарила мне второй шанс в теле юного барона. Я должен снова получить свою силу и вернуться назад! Вот только есть одна небольшая проблемка… Как это сделать? Если я самый слабый ученик в интернате для одарённых детей?!

Андрей Боярский

Приключения / Самиздат, сетевая литература / Попаданцы / Фэнтези