Читаем Le Serment des limbes полностью

Une étincelle, au fond de mon cerveau. Comme une allumette qu’on craque. Cette piste africaine, inattendue, entrait en résonance avec d’autres éléments de mon enquête… Précisément, avec un dossier que j’avais abandonné depuis longtemps. Massine Larfaoui. Dealer de drogue. Lié au milieu africain. Abattu par un tueur professionnel une nuit de septembre 2002.

Se pouvait-il que ce premier dossier appartienne aussi à l’affaire ? Mais je devais d’abord comprendre le principe du voyage.

— Ce « trip », demandai-je, est réellement équivalent à l’expérience des Sans-Lumière ?

— Non, bien sûr. Rien ne peut remplacer la mort. La porte du néant. Mais les Asservis tentent tout de même de s’en approcher, au risque de perdre la raison ou même la vie. L’iboga noir est un produit excessivement dangereux.

— Comment la drogue fonctionne-t-elle ? Je veux dire : sur le cerveau ?

— Je ne suis pas un spécialiste. L’ibogaïne est un alcaloïde qui bloque certains récepteurs des neurones. En ce sens, il provoque des sensations proches de celles vécues en situation d’asphyxie. Mais encore une fois, cette transe artificielle n’a rien à voir avec une véritable NDE négative. Pour voir le diable, il faut risquer sa peau. Voyager dans la mort.

— D’où vient exactement la plante ?

— Du Gabon, comme l’iboga ordinaire. Là-bas, l’iboga est au cœur du culte initiatique le plus populaire : le bwiti fang.

Le Gabon, lieu d’origine du scarabée et du lichen. Un nouvel éclair me traversa. Je savais maintenant quand j’avais déjà entendu parler du Gabon. Le clandé de Saint-Denis. Le danseur en transe. Le visage hilare de Claude, défoncé jusqu’aux yeux : « Il a pris un produit local. Un truc de chez lui. » L’homme avait ingéré de l’iboga.

Aucun doute, les fils se connectaient. La première enquête sur Larfaoui. Le milieu africain et ses drogues spécifiques. Les Asservis en quête du produit…

Je jouai cartes sur table :

— Luc Soubeyras enquêtait aussi sur le meurtre d’un brasseur.

— Massine Larfaoui. Nous sommes au courant.

— Larfaoui avait-il un lien avec l’iboga noir ?

— Et comment. Il était le fournisseur officiel de la plante. Le pourvoyeur des Asservis. Nous l’avions à l’œil, crois-moi.

— Savez-vous qui l’a tué ?

— Non. Une autre énigme. Peut-être un Asservi. Peut-être un client en manque. Il est toujours dangereux d’avoir de telles fréquentations.

— Larfaoui n’a pas été tué par un amateur. Il a été éliminé par un professionnel.

Zamorski eut un geste évasif :

— Nous sommes dans une impasse à ce sujet. Luc n’avait pas non plus avancé sur cette piste. Et d’ailleurs, rien ne dit que le meurtre soit lié à l’iboga.

Zamorski n’énonçait pas une autre possibilité — qu’un membre de sa propre brigade ait éliminé le dealer, pour une raison ou une autre. Après tout, Gina, la prostituée témoin du meurtre, avait parlé d’un prêtre… Une nouvelle fois, je visualisai le nonce un automatique à la main. L’image sonnait de plus en plus juste.

Je résumai :

— Tout cela n’est donc qu’une piste annexe. Les Asservis se concentrent avant tout sur les Sans-Lumière, correct ?

— Correct. À leurs yeux, rien ne peut remplacer la confession de celui ou celle qui a « vu » le diable.

— Quelqu’un comme Manon ?

Les yeux d’acier de Zamorski se posèrent sur moi. Il murmura :

— On ne sait toujours pas si Manon a réellement vécu une expérience négative.

— Pour le savoir, il faudrait qu’elle retrouve la mémoire.

— Ou qu’elle joue franc jeu.

— Vous pensez qu’elle ment ? Qu’elle simule l’amnésie ?

— À toi de me le dire. Tu étais censé l’interroger.

Sa voix avait changé. L’autorité filtrait sous les mots. C’était la confirmation d’un soupçon que j’éprouvais depuis mon arrivée : Zamorski se moquait de mon dossier. Il ne m’avait « importé » en Pologne que pour tirer les vers du nez à Manon. Gagner une confiance qu’il n’avait jamais su conquérir.

— À quoi joues-tu avec Manon ? demanda-t-il, soudain irrité. Voilà deux jours que tu l’évites.

— Vous me faites suivre ?

— Il n’y a pas de secret dans ce cloître. Je répète ma question : à quoi joues-tu ? (Il cria soudain.) La clé de l’enquête se trouve au fond de sa mémoire !

Je reculai et fixai la rosace qui surplombait le chœur. Le jour gris faisait vibrer ses pétales d’argent :

— Ne vous en faites pas. J’ai ma stratégie.

88

En fait de stratégie, je n’avais toujours pas vaincu ma peur.

Et aucun changement n’était en vue. Je fonçai dans ma cellule et vérifiai mon portable.

Deux messages. Foucault, Svendsen.

J’appelai mon adjoint.

— Où en es-tu ? attaquai-je aussi sec.

— Le Jura ne donne rien. Les gendarmes piétinent sur l’affaire Sarrazin. Les scarabées restent bien cachés. Et les Gabonais se bousculent pas au portillon. Dans toute la Franche-Comté, j’en ai trouvé sept. Tous inoffensifs.

— Les expats ?

— Difficiles à repérer. On y bosse.

— Tu as trouvé des infos sur les Asservis ?

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