Les Parisiens voient d’abord d’un bon œil cette alliance entre les bouchers et les Bourguignons : ils espèrent que la pression fiscale n’augmentera pas, Jean sans Peur s’y est engagé. Mais, lorsque les états généraux se réunissent, il apparaît nécessaire, pour chasser les Anglais, de lever de nouveaux impôts. Simon Caboche et ses bouchers se déchaînent alors. Face au péril qu’ils font courir, les états généraux décident de renvoyer les officiers royaux, coupables de dépenses excessives, de confisquer leurs biens. Mais cela ne suffit pas aux écorcheurs ! Le 27 avril 1413, Simon Caboche rassemble ses troupes de tripiers, artisans, boutiquiers, compagnons, place de Grève. Les Cabochiens marchent alors sur l’Hôtel de Ville où ils demandent des armes qui leur sont refusées. Qu’importe : le lendemain, ils prennent d’assaut… la Bastille où s’est réfugié le prévôt de Paris Pierre des Essarts que la rumeur accuse de vouloir enlever le roi !
Caboche et les siens demandent de nouveau des armes ; elles leur sont de nouveau refusées ! Jean sans Peur tente de les calmer, en vain ! Au début de mai, ils décident de décapiter Pierre des Essarts. Jusqu’en juillet, les cabochiens font régner la terreur dans Paris. En même temps, ils proposent une série de réformes dans une ordonnance – l’ordonnance cabochienne – visant à mettre en place une monarchie modérée, et à éviter l’anarchie ! Ce qui ne les empêche pas de commettre de nombreuses atrocités qui horrifient les Parisiens. Courageusement, Jean sans Peur s’enfuit à Lille, fin août 1413 ! Il laisse la place aux Armagnacs qui vont réprimer la dictature des abattoirs et se livrer à une impitoyable traque des partisans bourguignons.
Pendant ce temps chez nos voisins
Tamerlan ou Timur Lang (1336 - 1405) fonde un immense et éphémère Empire turc ; Il conquiert l’Iran et l’Afghanistan, utilisant la terreur. Il se déclare le continuateur de Gengis Khan (1167 - 1227) qui fonda l’Empire mongol, conquit la Chine, l’Iran et l’Afghanistan entre 1206 et 1222.
Le 19 août 1415, Harfleur tombe aux mains des Anglais qui pillent la ville et se chargent d’un lourd butin. En octobre, ils franchissent la Somme puis se dirigent vers le Nord, vers Calais, leur ville, où ils projettent de prendre du repos. Mais, le 24 octobre 1415, leur marche est interrompue à Azincourt : les Français les attendent de pied ferme. Ils ont réussi à rassembler une armée de 50 000 hommes aux ordres de Charles d’Orléans, du duc de Berry, du duc de Bourbon, du connétable de Clisson, du connétable d’Albret ! Pas un seul Bourguignon ne va participer à cette bataille : Jean sans Peur, leur chef, a conclu un accord secret avec Henri V, il reste neutre.
Les Anglais, face aux 50 000 Français, ne sont qu’un peu plus de 10 000. Henri V hésite. Il n’a plus envie de combattre. Ses soldats sont atteints de dysenterie, beaucoup désertent. Il sait que la mer est mauvaise s’il doit embarquer en catastrophe après la défaite qu’il devine proche. Afin de ne pas aggraver sa situation, il propose au connétable d’Albret d’abandonner ses prétentions à la couronne de France ! Refus hautain : les Français, évidemment, sont sûrs de remporter la victoire.
Il pleut à verse les 24 et 25 octobre 1415. Les chevaliers décident de rester à cheval toute la nuit. Les pages, de temps en temps, promènent les chevaux avec le cavalier en selle de sorte que le terrain détrempé devient un champ de boue où s’enfoncent bêtes et gens. La lourde armure des chevaliers, leur cotte de maille, leur épée, le harnachement des chevaux, tout contribue à l’enlisement de cette fière – et un peu bête – armée qui ne pense pas à agir autrement qu’en respectant un code de combat aux effets désastreux.