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Pour comprendre comment naissent, se développent et circulent les idées en cette période révolutionnaire et effervescente, il faut opérer un petit retour en arrière, revenir en mai 1789. Vous allez être témoins de la naissance des clubs où s’agitent les pensées novatrices. Les clubs ne sont pas une invention révolutionnaire : pendant tout le XVIIIe siècle, les philosophes ont créé des groupes où la société est remise en question, ou de multiples théories sont élaborées pour la transformer. En 1789, la philosophie se fait politique, et la politique des clubs associe étroitement la théorie à la pratique !

Rendez-vous au café Amaury

Tout est parti d’un café, le café Amaury à Versailles. En mai 1789, des députés bretons s’y réunissent afin de préparer les séances de l’Assemblée, définir précisément les questions qui seront posées. Qui sont-ils ces députés qu’on imagine réunis autour d’une table dans l’effervescence, le brouhaha des énergies qui rêvent la France nouvelle ? On aperçoit un avocat de Rennes, Isaac Le Chapelier, le comte Jean-Denis Lanjuinais, conseiller aux états de Bretagne, Joseph-Jacques Defermon des Chapellières, député de Châteaubriant – président de l’Assemblée nationale en 1791. Venus d’autres régions, Barnave, du parlement de Grenoble, Sieyès, l’excellent orateur Jacques Pétion de Villeneuve, qui vient de Chartres, les frères Lameth, de Péronne.

Populaire, le club des Jacobins ? Pas vraiment…

Lorsque l’Assemblée nationale devient Constituante et migre à Paris, le club breton la suit et s’installe rue Saint-Honoré, au couvent des Jacobins – ainsi appelés parce qu’à l’origine ce couvent était établi rue Saint-Jacques. Le club breton devient alors la « Société des amis de la constitution », et par métonymie, le club des Jacobins. Les rangs s’enrichissent de la présence de Mirabeau, La Fayette, Brissot, Robespierre, Talleyrand… Populaire, ce club ? Pas vraiment : il faut, pour y être admis, bénéficier de la recommandation de trois parrains, prêter un serment, et surtout, s’acquitter d’un droit d’entrée de 25 000 livres, c’est-à-dire une petite fortune !

Les Jacobins : un réseau national bien organisé

De 1 000 adhérents en 1789, dans toute la France, le club des Jacobins passe à plus de 10 000 en 1791, répartis en 800 filiales. C’est un réseau fort efficace que la maison mère de Paris irrigue de ses idées, rapidement transmises par une abondante correspondance. Son influence sur les décisions prises par l’Assemblée est importante. Les opinions qui y sont développées sont pro-révolutionnaires, mais demeurent modérées.

L’espoir pour cotisation

Vingt-cinq mille francs ! Où trouver vingt-cinq mille francs quand on habite au temps de la Révolution le Quartier Latin, l’un des quartiers les plus pauvres de Paris ? Est-ce qu’on doit pour autant se mettre en marge du mouvement révolutionnaire, et laisser travailler seulement l’Assemblée constituante inspirée par le grave et sérieux séminaire des penseurs Jacobins ? Non ! Au Quartier Latin, ce n’est pas une cotisation qui permet de militer pour la liberté, c’est l’espoir, l’immense espoir de tous, sans distinction. Dans les cafés on discute, dans les quarante-huit sections de la commune de Paris, on s’échauffe, des dizaines de petits groupes se constituent qui publient leur feuille souvent chaque jour.

Jacques Hébert, « Homère de l’ordure »

On dénombre 340 titres de journaux à Paris, près de 500 en province ! Au quartier latin, l’une de ces feuilles est particulièrement engagée, son langage est direct, souvent violent, il frappe comme un coup de poing. Son titre : Le Père Duchesne. Son rédacteur principal ? Jacques Hébert, un domestique, ancien contrôleur au théâtre des Variétés. Hébert est issu du peuple, il est le peuple ! Sa plume embroche les aristocrates, tous les riches, quels qu’ils soient, et tous ceux qu’il considère les ennemis des siens : les pauvres oppressés, exploités, épuisés par l’impôt, révoltés par l’injustice. Excessif parfois, Hébert récolte le surnom d’« Homère de l’ordure ».


George Danton et sa hure au club des Cordeliers

Suivons jusqu’à son club Jacques Hébert qui vient de distribuer son Père Duchesne. Il emprunte la rue de L’École-de-Médecine, s’arrête au niveau de la rue de Hautefeuille. Il pénètre dans l’ancien couvent des Cordeliers, ces moines qui faisaient vœu de pauvreté, possédant tout en commun. Assis autour des tables, debout, on parle fort, c’est une effervescence d’idées dans une atmosphère surchauffée où se côtoient des artisans, des ouvriers, des domestiques, des laissés pour compte, des rêveurs, des femmes, des enfants. Vous venez d’entrer au club des Cordeliers, fondé en avril 1790 !

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