Pour comprendre comment naissent, se développent et circulent les idées en cette période révolutionnaire et effervescente, il faut opérer un petit retour en arrière, revenir en mai 1789. Vous allez être témoins de la naissance des clubs où s’agitent les pensées novatrices. Les clubs ne sont pas une invention révolutionnaire : pendant tout le XVIIIe
siècle, les philosophes ont créé des groupes où la société est remise en question, ou de multiples théories sont élaborées pour la transformer. En 1789, la philosophie se fait politique, et la politique des clubs associe étroitement la théorie à la pratique !Tout est parti d’un café, le café
Lorsque l’Assemblée nationale devient Constituante et migre à Paris, le club breton la suit et s’installe rue Saint-Honoré, au couvent des Jacobins – ainsi appelés parce qu’à l’origine ce couvent était établi rue Saint-Jacques. Le club breton devient alors la « Société des amis de la constitution », et par métonymie, le club des Jacobins. Les rangs s’enrichissent de la présence de Mirabeau, La Fayette, Brissot, Robespierre, Talleyrand… Populaire, ce club ? Pas vraiment : il faut, pour y être admis, bénéficier de la recommandation de trois parrains, prêter un serment, et surtout, s’acquitter d’un droit d’entrée de 25 000 livres, c’est-à-dire une petite fortune !
De 1 000 adhérents en 1789, dans toute la France, le club des Jacobins passe à plus de 10 000 en 1791, répartis en 800 filiales. C’est un réseau fort efficace que la maison mère de Paris irrigue de ses idées, rapidement transmises par une abondante correspondance. Son influence sur les décisions prises par l’Assemblée est importante. Les opinions qui y sont développées sont pro-révolutionnaires, mais demeurent modérées.
Vingt-cinq mille francs ! Où trouver vingt-cinq mille francs quand on habite au temps de la Révolution le Quartier Latin, l’un des quartiers les plus pauvres de Paris ? Est-ce qu’on doit pour autant se mettre en marge du mouvement révolutionnaire, et laisser travailler seulement l’Assemblée constituante inspirée par le grave et sérieux séminaire des penseurs Jacobins ? Non ! Au Quartier Latin, ce n’est pas une cotisation qui permet de militer pour la liberté, c’est l’espoir, l’immense espoir de tous, sans distinction. Dans les cafés on discute, dans les quarante-huit sections de la commune de Paris, on s’échauffe, des dizaines de petits groupes se constituent qui publient leur feuille souvent chaque jour.
On dénombre 340 titres de journaux à Paris, près de 500 en province ! Au quartier latin, l’une de ces feuilles est particulièrement engagée, son langage est direct, souvent violent, il frappe comme un coup de poing. Son titre :
George Danton et sa hure au club des Cordeliers
Suivons jusqu’à son club Jacques Hébert qui vient de distribuer son