Et que devient le roi dans toute cette incertitude, toute cette agitation ? On lui présente ce que l’Assemblée législative vient de décider : les princes émigrés doivent immédiatement rentrer en France, sinon ils seront punis de mort et leurs biens seront saisis ; les prêtres réfractaires doivent prêter le serment constitutionnel dans la huitaine ; le roi doit exiger que l’électeur de Trèves disperse les émigrés séjournant sur son territoire et menaçant à tout instant d’envahir la France. Louis XVI accepte le troisième décret, mais, disposant de son droit de refus – le
À l’Assemblée, Brissot s’emporte contre le veto du roi, et avec lui protestent tous ceux qui composent le groupe venu de la Gironde, ou leurs sympathisants : les Girondins. Cependant, le troisième décret accepté ouvre une perspective qui va servir à la fois le roi et les Girondins : le roi ne cherche qu’une occasion pour déclarer la guerre à l’étranger, espérant qu’elle sera perdue par les soldats de la Révolution, et que les souverains étrangers viendront le rétablir sur son trône. Les Girondins, eux, désirent la guerre pour exporter la Révolution au-delà des frontières, effectuer une grande croisade contre les tyrans, libérer les peuples européens et créer une immense république ! « Les imbéciles ! Ils ne voient pas qu’ils nous servent ! » Le bel Axel de Fersen entend cette réflexion à propos des Girondins. De qui vient-elle ? De Marie-Antoinette…
La guerre ! Seul Robespierre s’y oppose : il sait que les troupes révolutionnaires sont faibles en nombre, mal entraînées, sans chef de valeur, et qu’elles seront battues à plate couture dès le premier engagement ! Trop modérés, les ministres feuillants sont remplacés par des brissotins – ou girondins. Le 20 avril 1792, le roi propose à l’Assemblée un vote pour décider si la guerre doit être déclarée : le résultat est à la hauteur de ses espérances et de celles des Girondins : l’unanimité moins une voix ! La guerre est donc déclarée au « roi de Bohème et de Hongrie », c’est-à-dire à l’Autriche seule dont le nouvel empereur s’appelle François II, le neveu de Marie-Antoinette – Léopold étant mort un mois plus tôt. Cinq jours plus tard, le 25 avril 1792, Rouget de Lisle compose à Strasbourg un chant de guerre pour l’armée du Rhin, la future
La guerre commence fort mal, ainsi que l’avait prévu Robespierre. Les soldats n’obéissent pas, les chefs sont incompétents, l’intendance est inexistante. Aux Pays-Bas, le général Dillon a même été massacré par ses troupes dont il ordonnait la retraite ! À cette guerre désastreuse s’ajoutent des troubles dans l’ouest, suscités par les prêtres réfractaires. L’Assemblée vote alors trois décrets :
Monsieur Veto s’oppose au premier et au troisième décrets, dévoilant ainsi ses pensées et intentions profondes. De plus, il renvoie ses ministres girondins. Quelques jours plus tard, le 20 juin 1792, plus de 6 000 personnes conduites par le brasseur Santerre – à la fortune confortable – se ruent à l’Assemblée. Les hommes sont armés de couteaux, de tranchets, de piques, de doloires. Sur des pancartes, on peut lire : « À bas le veto ». Puis, Santerre ordonne à sa troupe d’envahir le château des Tuileries. Il est quatre heures, les grilles sont enfoncées. Le roi est entouré par la foule menaçante. On lui fait coiffer le bonnet rouge, boire du vin à la bouteille, comme un vrai sans-culotte. Mais il maintient son veto. Courageusement.
« J’étais heureuse quand vous m’aimiez ! »
Les femmes aussi ont défilé devant le roi le 20 juin 1792. Et devant la reine. L’une d’elles l’insulte. Marie-Antoinette l’interpelle : quel mal lui a-t-elle fait ? La femme lui répond et l’accuse de vouloir tromper la nation. Très digne, Marie-Antoinette répond alors : « C’est vous qu’on a trompée. J’ai épousé le roi de France, je suis la mère du dauphin, je suis Française, je ne reverrai jamais mon pays. Je ne puis être heureuse ou malheureuse qu’en France. J’étais heureuse quand vous m’aimiez… » La femme alors fond en larmes : « Ah ! Madame, pardonnez-moi, je ne vous connaissais pas, je vois que vous êtes bonne. »