Sur le front des opérations militaires, l’armée des sans-culottes se trouve face aux Prussiens, le 20 septembre 1792 à Valmy, près de Sainte-Menehould, dans la Marne. Brunswick, avec ses 80 000 hommes, dont 5 000 émigrés seulement, s’apprête à ne faire qu’une bouchée de l’armée française placée sous les ordres de Dumouriez et de Kellermann, et qui n’aligne que 50 000 combattants !
« Vive la Nation ! »
Dumouriez a choisi de se placer sur la butte de Valmy, dominée par un moulin. Le combat s’engage au matin par un bombardement ennemi sur le moulin de Valmy. Les Français répondent par un violent tir d’artillerie. À treize heures, les Prussiens passent à l’attaque, mollement ; les Français ripostent aux cris de « Vive la Nation ! ». Il pleut à verse. À seize heures, Brunswick, pour une raison qu’on ne s’explique pas encore, décide d’arrêter la bataille et de retirer ses troupes ! C’est donc la victoire pour les Français ! Une victoire dont l’impact psychologique est énorme pour les révolutionnaires.
Les mystères de Valmy
Étrange cette bataille qui, opposant au total 130 000 hommes, ne fait – si l’on peut dire – qu’un peu plus de 300 morts, alors que les pertes auraient dû se chiffrer en milliers, vu le nombre de canons, de fusils, de coups tirés. Étrange ce retrait de Brunswick en plein après-midi, alors qu’il pourrait vaincre ! Afin d’expliquer ce mystère, on a émis des hypothèses :
La plus inattendue : les Prussiens étaient atteints de dysenterie, avec les conséquences qu’on imagine à chaque assaut.
La plus choquante : Dumouriez ayant réussi à se procurer les diamants de la reine, les aurait offerts à Brunswick en échange de la victoire !
La plus stratégique : Brunswick n’aurait pas voulu faire le jeu de l’empereur d’Autriche, allié mais aussi rival du roi de Prusse.
La plus extravagante : selon l’écrivain Guy Breton, un spectre serait apparu au roi de Prusse avant la bataille, le dissuadant, s’il ne voulait pas mourir, de livrer le combat.
La plus complice : Dumouriez le Français, et Brunswick, le Prussien, francs-maçons tous deux, n’ont pas voulu d’une lutte fratricide.
La plus vraisemblable : les Français auraient gagné, tout simplement ! À moins que…
Place à la Convention et à la République
Le roi ayant été déchu de ses pouvoirs au soir de la journée des Tuileries, une nouvelle assemblée va être élue afin d’élaborer une constitution adaptée à la situation. Cette assemblée prend le nom de Convention nationale.
Le temps des Girondins et des Montagnards
D’abord unis dans les clubs par le même souci de changement, ils se sont divisés parce que leurs conceptions de la nouvelle société s’opposent totalement. Leur combat est une lutte à mort.
Jacobins de droite, Jacobins de gauche
Au soir du 10 août 1792, l’Assemblée législative estime sa mission achevée. Elle laisse la place à la Convention, c’est-à-dire à une assemblée qui dispose des deux pouvoirs : législatif et exécutif, une assemblée identique à celle que Cromwell avait mis en place après l’exécution de Charles Ier
en Angleterre en 1649. La Convention se réunit pour la première fois le 21 septembre 1792. Les élus girondins – Jacobins de droite – occupent le tiers des sièges ; les modérés, appelés ironiquement le marais, en occupent le quart. Le reste est réservé aux Jacobins de gauche et aux Montagnards, appelés ainsi parce qu’ils siègent sur les plus hauts degrés de l’Assemblée.Danton, Robespierre, Marat
Trois noms se détachent de la minorité jacobine de gauche et montagnarde, très active et jugée terroriste : Danton, Robespierre et Marat. Dans deux ans à peine, tous les trois auront disparu tragiquement ! Aux côtés de Danton, son secrétaire, Fabre d’Églantine, le poète qui composa cette chanson que Marie-Antoinette aimait tant : Il pleut, il pleut, bergère !
, l’auteur aussi du délirant discours qui justifie à la France entière les abominations des tout récents massacres de septembre ! Dès son ouverture, le 21 septembre, la Convention abolit la royauté. Le lendemain, sur une proposition de Billaud-Varenne, elle décide de dater les actes de l’An I de la République – la République naît ainsi, sans grande cérémonie, le 22 septembre 1792. Elle est déclarée une et indivisible – ce sera le premier article de la constitution de l’an I –, mais en réalité, au moment même de sa naissance, elle est profondément fissurée : d’un côté, la bourgeoisie possédante – fortunée –, de l’autre, les classes populaires – et les classes moins fortunées…Des temps nouveaux