La mort du roi ne résout rien. Elle provoque même le déchaînement des monarchies européennes contre la France ! L’armée révolutionnaire, galvanisée par la – fausse ? – victoire de Valmy, poursuit sa politique de conquête qui est pour elle une politique de libération des peuples opprimés par les rois : les généraux qui conduisent les troupes françaises à l’assaut de l’Europe justifient leur action par cette formule : « Guerre aux châteaux, paix aux chaumières ». Une victoire suit celle de Valmy : Jemmapes. Mais les revers ne tardent pas : en mars 1793, Dumouriez est battu à Neerwinden ; puis Custine doit évacuer la rive gauche du Rhin. C’est le moment que choisissent Dumouriez et le futur Louis-Philippe pour trahir leur camp et passer à l’ennemi !
Après la défaite de Neerwinden, la retraite de Custine, il faut réagir : la Convention décide la levée en masse de 300 000 hommes. Des administrateurs sont envoyés dans tous les départements dans les villes, les villages pour tirer au sort des hommes parmi les célibataires. Mais en Vendée, ces administrateurs sont molestés, et bientôt, c’est une armée de Vendéens qui se constitue, contre la Révolution ! Elle a pour emblème, non pas la fleur de lys – ce n’est pas une armée qui défend la royauté – mais le sacré-cœur : elle se bat pour conserver sa religion, protéger ses prêtres réfractaires.
Cathelineau, un ancien colporteur, et Stofflet, l’officier royaliste lorrain, en prennent le commandement, en même temps que les nobles d’Elbée, Charrette, La Rochejaquelin. Ces Vendéens qu’on appelle les Blancs s’emparent de Cholet le 14 mars 1793, puis de Chalonnes le 22 mars. Le 9 juin, ils prennent Saumur. Trois jours plus tard, Cathelineau est nommé généralissime de l’armée catholique et royale. Il veut diriger ses troupes sur Tours, puis sur Paris ! Mais il juge plus prudent d’investir pour l’instant Angers, puis Nantes où il est gravement blessé d’un coup de mitraille pendant que ses troupes battent en retraite. Il meurt le 17 juillet à Saint-Florent le Vieil.
Blancs, Bleus, chouans
Contre les Vendéens, les soldats de la République – les Bleus – sont envoyés au cours de l’été 1793. Les Blancs – les Vendéens – battent les Bleus à Torfou, en septembre. Les Bleus battent les Blancs à Cholet, le 17 octobre 1793. Les Vendéens doivent franchir la Loire. La plupart de leurs chefs ont été tués. Ils sont 80 000 hommes, femmes, enfants, longue et lente colonne sans ordre et sans grand espoir qui s’en vont alors vers Granville. C’est ce qu’on appelle la virée de galerne – d’un mot celtique qui désigne le vent du nord-ouest. Ils espèrent le secours des émigrés et des Anglais qui combattent aussi la Révolution.
Mais rien ne viendra. Ils échouent dans leur tentative de prendre Granville, se replient sur Angers, puis sont refoulés vers Le Mans où les Bleus de Marceau les écrasent. Le reste repart vers Savenay – en Loire-Atlantique – où Kléber, Marceau et Westermann les achèvent le 23 décembre : 15 000 morts jonchent les terres de Savenay. Les prisonniers, femmes et enfants compris, ont été fusillés, dépouillés de leurs vêtements. Jusqu’en mai 1794, la Vendée va être parcourue par les colonnes infernales de Turreau qui vont brûler, détruire, piller, assassiner les populations dans des conditions atroces : des jeunes filles sont écartelées, les jambes attachées à des branches d’arbres, des femmes enceintes sont écrasées sous des pressoirs, des enfants sont embrochés et rôtis.
En février 1795, une paix temporaire est signée avec Charrette. Mais, dès l’été, le 27 juin 1795, des émigrés et des Anglais débarquent à Quiberon. Ils se joignent aux chouans de George Cadoudal. Les chouans sont les combattants du nord de la Loire, initialement sous les ordres de Jean Cottereau dont le grand-père, contrebandier du sel, imitait le cri du chat-huant, cri repris comme signe de ralliement. Les 16 et 17 juillet 1795, les chouans et leurs alliés sont battus. Les 751 prisonniers sont condamnés à mort et exécutés. Stofflet et Charrette sont arrêtés et fusillés. Les guerres de Vendée ont fait 150 000 morts.