Malgré la détermination du roi, les soldats fédérés sont en route pour Paris, ils arrivent de toute la province afin de célébrer l’anniversaire de la prise de la Bastille dont la démolition se termine. Soudain, au début de juillet 1792, la Prusse entre en guerre, par solidarité avec l’Autriche, mais aussi parce que la France se présente comme une proie facile… Les Prussiens avancent rapidement vers la France, vers la patrie qui, le 11 juillet, est déclarée en danger. Aussitôt, près de 20 000 volontaires sans-culottes s’enrôlent pour partir vers les frontières.
Parmi les fédérés qui continuent d’arriver à Paris, les Marseillais marchent au rythme du
Un souffle d’air frais sur la nuque
Place de Grève. 25 avril 1792. La foule se presse pour voir la première exécution publique d’un condamné, elle est effectuée avec une machine... révolutionnaire : la guillotine ! C’est Joseph-Ignace Guillotin qui l’a proposée à la Constituante. Il ne l’a pas inventée, elle existe déjà dans d’autres pays. Guillotin affirme que la sensation du supplicié au moment où le tranchant lui coupera le cou ressemblera à un souffle d’air frais sur la nuque !
Donc, ce 25 avril 1792, Nicolas-Jacques Pelletier va être exécuté. La foule se presse autour de la machine, on essaie de voir… Le couperet tombe, c’est déjà fini ! Soudain, des cris s’élèvent : on hue le bourreau ! Le supplice est trop court, la guillotine trop efficace ! La Terreur saura utiliser cette efficacité, installant dans la capitale plusieurs machines dont certaines exécuteront plus de cent condamnés par jour.
Les bourreaux aussi sont de plus en plus efficaces. À la fin de la Terreur, ils vous expédient votre homme – déjà préparé, il est vrai – en trois minutes à peine ! Cette facilité effraie Guillotin lui-même qui fait fabriquer, à l’attention de ses amis, des pastilles de poison qu’ils pourraient prendre au lieu de subir la décapitation.
La rumeur d’un complot aristocratique ne cesse de s’amplifier dans la capitale : le roi serait complice de tous ces ennemis qui se sont massés aux frontières et qui veulent envahir la France pour le rétablir sur son trône ! Les sections de sans-culottes demandent alors la déchéance de Louis XVI le 3 août 1792. L’Assemblée fait la sourde oreille jusqu’au 9 août. Mais le soir du 9 août, tous les bourdons, toutes les cloches de la capitale commencent à sonner, dans un lugubre concert, grave de menaces ! Bientôt ne demeure que le tocsin, ce battement effaré de la cloche la plus aiguë, comme un cœur qui palpite.
Des groupes se forment autour des Tuileries, ils sont armés, silencieux, inquiétants ! Toute la nuit le tocsin va sonner, s’arrêtant au petit matin. Grand silence. Bruits des pas sur le pavé : des faubourgs ont surgi tous ceux qui ont décidé de prendre d’assaut le château. Ils sont des milliers. Ils braquent douze pièces de canon sur les Tuileries. Le roi est emmené dans les locaux de l’Assemblée. Pendant le court trajet qui l’y conduit, traversant le jardin des Tuileries, il remarque des tas de feuilles amassées par les jardiniers. Alors, tristement résigné, il murmure : « Les feuilles tombent bien tôt, cette année ! »