Une moyenne d’un gouvernement tous les six mois ! La constitution de la IVe
République favorise le système des partis. C’est pourtant un pouvoir fort et stable qui serait nécessaire pour aborder avec détermination le problème de la décolonisation dont la solution n’a pas encore été trouvée.Le 10 novembre 1946, les députés de la nouvelle assemblée nationale sont élus à la proportionnelle. Le parti communiste, le Mouvement républicain populaire (MRP, fondé le 26 novembre 1944 par des chrétiens de gauche résistants), et les socialistes (SFIO) obtiennent 72 % des voix ! Le 16 janvier 1947, le socialiste Vincent Auriol est élu président de la République. Il charge Paul Ramadier – socialiste – de former le premier gouvernement. Ce gouvernement est celui du tripartisme associant communistes, socialistes et républicains populaires.
Dans un contexte de pénurie – les cartes de rationnement sont toujours en vigueur – et d’inflation, les difficultés apparaissent sans tarder. Elles prennent la forme de grèves de plus en plus étendues, dont la CGT prend la tête. Ramadier exclut alors les ministres communistes de son gouvernement le 2 mai 1947. Ils espèrent revenir au pouvoir, mais la guerre froide commence – face à face belliqueux entre les États-Unis et l’URSS, avec création de part et d’autre d’un arsenal nucléaire ; la France se rangera le 4 avril 1949 du côté des États-Unis en adhérant à l’OTAN, l’Organisation du traité de l’Atlantique nord. En octobre 1947, les produits alimentaires ayant augmenté de presque 50 %, et les salaires de 10 % à peine, une grève générale dans la métallurgie et dans les mines est déclenchée. Ramadier et son gouvernement démissionnent. Robert Schuman, MRP, entre en lice le 19 novembre 1947. Il se montre ferme face à la grève.
La naissance de FO et de la FEN
Les grèves d’octobre 1947 se transforment en insurrections. Les manifestants interrompent le trafic ferroviaire, obstruant les voies, de sorte que la capitale n’est plus ravitaillée. Près de 80 000 réservistes sont alors rappelés. La police réprime le mouvement, et la CGT demande la reprise du travail le 9 décembre 1947. Se séparant de la CGT, les syndicats Force ouvrière (FO) et la Fédération de l’Éducation nationale (FEN) vont voir le jour.
L’État-providence