L’après-guerre permet l’application rapide du programme du Conseil National de la Résistance. En réalisant le programme des nationalisations – Renault, les quatre plus grandes banques privées, l’électricité et le gaz, les transports aériens, les houillères –, l’État, imprégné des idées socialistes et communistes, devient le cœur d’une économie d’inspiration dirigiste. Le volet social comprend l’extension à tous les salariés de la Sécurité sociale. Elle est financée par des cotisations patronales et salariales, et gérée par des représentants des salariés. Elle prend en charge non seulement la maladie, mais aussi la vieillesse et l’invalidité. L’État prend aussi en charge l’indemnisation du chômage. Peu à peu, au fil des responsabilités financières et humaines qu’il accumule auprès des Français, il devient cet État sur lequel tout le monde compte désormais : l’État-providence.
Grèves, hausses des prix, salaires qui ne progressent pas. La guerre a tant épuisé la France et l’Europe entière que les États-Unis lancent un plan de reconstruction de l’Europe, imaginé par le secrétaire d’État du président américain Truman : George Marshall. Ce plan qui porte son nom est accepté par la France, la Grande-Bretagne, par d’autres pays européens, mais refusé par la Russie et les pays de l’Est.
Pierre Mendès-France
Quinze ans, bac en poche ! Seize ans : Sciences Po ! Dix-sept ans : adhésion au parti radical, opérations coup de poing contre les Camelots du roi et l’Action française. Dix-neuf ans : plus jeune avocat de France. Service militaire dans l’aviation. En 1932, élu député de l’Eure – plus jeune député de France. Vous l’avez reconnu, il est né le 11 janvier 1907 à Paris : Pierre Mendès-France. En 1938, il fait partie du deuxième gouvernement du Front populaire, Léon Blum l’ayant nommé sous-secrétaire d’État au Trésor.
Aviateur pendant la campagne de France en 1940, il part ensuite avec d’autres parlementaires afin de continuer la lutte au Maroc. Rapatrié, il est arrêté et condamné au terme d’un procès inique. Il s’évade et rejoint Londres en février 1942. Il retrouve son escadrille lorraine en 1943, participant à des combats dans la Ruhr et dans le nord de la France. En 1943, de Gaulle l’appelle afin de lui confier le poste de commissaire aux Finances du Comité français de libération nationale. En 1944, Mendès est ministre de l’Économie du gouvernement provisoire. À son plan de rigueur, de Gaulle préfère celui de René Pleven qui prône la relance par l’emprunt et la fiscalité.
En 1953, il échoue à la présidence du Conseil. Il reçoit alors le soutien d’un nouveau magazine hebdomadaire, L’Express, fondé par Jean-Jacques Servan-Schreiber et Françoise Giroud. Cet hebdomadaire – lieu de rencontre des trois M : Mendès, Mauriac, Malraux – va mobiliser l’opinion en sa faveur. Le 18 juin 1954, Pierre Mendès-France est investi à la présidence du Conseil. Il conçoit son action gouvernementale comme un contrat avec la Nation, la considérant adulte et jugeant qu’il n’est pas utile de lui cacher les difficultés auxquelles elle doit faire face. Chaque samedi, il s’adresse simplement aux Français à la radio. Pour lui, la conjoncture de l’époque nécessite la décolonisation : il règle la crise indochinoise, commence son action en faveur de l’indépendance des États africains, mais la guerre d’Algérie va avoir raison de lui. Le 5 février 1955, après sept mois et dix-sept jours de présidence du Conseil, il démissionne, l’Assemblée lui ayant refusé sa confiance.
Président du parti radical, il devient ministre d’État du gouvernement Guy Mollet en janvier 1956, mais démissionne en mai, n’approuvant pas la politique menée en Algérie. Soutien de Mitterrand en 1974 et 1981, il s’engage pour la paix au Proche-Orient, organise des rencontres entre Israéliens et Palestiniens. Le 18 octobre 1982, il s’éteint à sa table de travail. Le pays tout entier lui rend hommage en lui faisant des funérailles nationales.