Septième partie
De 1945 à nos jours : le France et l’EuropeChapitre 22
1946 à 1958 : La IVe République : le pouvoir aux partisLes souffrances subies pendant les années de guerre ont pour conséquence l’épuration qui, dès juin 1944, vise à punir ceux qui ont collaboré avec l’occupant. Et cette punition consiste souvent en une exécution sommaire.
C’est la revanche du Vél’d’Hiv : ce vélodrome dans lequel avaient été rassemblés les Juifs avant leur départ pour les camps de la mort va s’emplir, à partir d’août 1944, de toutes sortes de collaborateurs en attente d’un jugement qui en conduira beaucoup devant un peloton d’exécution improvisé. Partout en France, ceux qui ont collaboré, ou sont soupçonnés de l’avoir fait, vont subir le même sort : ou bien ils sont passés par les armes – il y aura entre 30 000 et 40 000 exécutions sommaires – ou bien ils sont emprisonnés.
Les femmes qui ont eu avec l’occupant une attitude trop accueillante sont tondues et promenées dans les villes ou villages sous les huées et les crachats des habitants. Une confusion vengeresse, proche de l’anarchie, s’est emparée de la France. Des hommes politiques – dont Pierre Laval et l’écrivain Robert Brasillach – sont condamnés à mort et exécutés. Pétain est lui aussi condamné à mort, mais sa peine est commuée par le général de Gaulle en détention à vie. Charles Maurras, Pierre Benoît, Jean Giono et Sacha Guitry sont emprisonnés, pendant que d’autres dont la collaboration est pourtant avérée demeurent libres.
Pendant ce temps chez nos voisins
Du 10 janvier au 14 février 1946, la première assemblée générale de l’ONU se tient à Londres. Le 14 mai 1948, l’État d’Israël est créé, son gouvernement est assuré par Ben Gourion, jusqu’en 1963. En Tchécoslovaquie, en février 1948, les communistes s’emparent du pouvoir avec l’appui de l’URSS. Le 21 septembre 1949, la République populaire de Chine est proclamée, Mao Tsé-Toung en est le président, Tchang Kaï-Chek s’enfuit à Taiwan. De 1948 à 1962, la tension entre les deux blocs constitués par les États-Unis et l’URSS, et leurs alliés respectifs, est extrême ; c’est la première phase de ce qu’on appelle la Guerre froide.
De Gaulle aurait aimé disposer d’un pouvoir personnel étendu, et de deux chambres évitant toute précipitation dans les décisions. C’est le contraire qui lui est offert : il préfère s’en aller. L’instabilité politique va alors s’installer avant que le plan Marshall ne garantisse le renouveau économique et que l’idée de l’Europe ne fédère les énergies.