Le général de Gaulle va se montrer soucieux en toute circonstance de donner à la France une indépendance qui lui fait retrouver son importance sur le plan international.
La guerre d’Algérie terminée, le monde de la politique ne verrait pas d’un mauvais œil que le général de Gaulle retourne à Colombey-Les-Deux-Églises écrire ses mémoires. Mais l’homme du 18 juin 1940 ne l’entend pas ainsi, même si les balles de l’attentat organisé contre lui au Petit-Clamart, le 22 août 1962, l’évitent de peu. Après avoir fait approuver par les Français sa décision d’être élu au suffrage universel, il choisit pour Premier ministre Georges Pompidou – le ministre des Finances étant Valéry Giscard d’Estaing. À l’Assemblée, une large majorité gaulliste laisse espérer au général une élection confortable à la fin de son septennat en 1965. Mais le centre-droit préfère voter Jean Lecanuet, et de Gaulle doit affronter au deuxième tour François Mitterrand qui dénonce la pratique gaulliste, la qualifiant de « coup d’État permanent » – situation dont il s’accommodera seize ans plus tard… De Gaulle l’emporte sur Mitterrand avec 55 % des voix, ce n’est qu’un demi-succès.
Le général de Gaulle pratique alors une politique de « grandeur » afin de redonner à la France son rôle de puissance internationale. Pour ce faire, il prend ses distances par rapport aux États-Unis, en devenant, en 1964, la première puissance à reconnaître la Chine communiste. Puis, la France possédant depuis 1960 la bombe atomique, il lui fait quitter l’OTAN, en demeurant cependant dans l’Alliance atlantique. Favorable au dialogue avec l’Allemagne, il se méfie tant de l’Angleterre qu’il s’oppose à son entrée dans la Communauté économique européenne. D’ambitieux programmes sont mis en route qui aboutissent au lancement du paquebot France et à l’envol du Concorde, deux magnifiques réussites techniques et esthétiques, mais deux gouffres financiers – si on omet l’aspect laboratoire de recherche et d’essai que fut le projet Concorde, aux retombées économiques considérables.
Pendant ce temps chez nos voisins
En 1961 est construit à Berlin, un mur qui sépare la zone est, capitale de la RDA (République démocratique allemande) de la zone ouest, rattachée à la RFA (République fédérale d’Allemagne). Le 11 octobre 1962 s’ouvre à Rome le concile Vatican II. Le 22 novembre 1963, le président des États-Unis John Kennedy est assassiné à Dallas, au Texas. En août 1964, les États-Unis s’engagent massivement dans la guerre du Viêt Nam. Le 4 avril 1968, le leader noir Martin Luther King est assassiné ; le 5 novembre de la même année, Richard Nixon est élu président des États-Unis. Le 11 septembre 1973, un coup d’État renverse et tue le président Salvador Allende au Chili, le général Pinochet prend le pouvoir.
Les idées de 68 vont bouleverser le contenu des mentalités, supprimer nombre de blocages, changer bien des aspects de la société.
Mai 68. L’extrême gauche anarchiste et trotskiste progresse dans les milieux étudiants imprégnés de l’exemple du révolutionnaire cubain Che Guevara. L’heure est à la remise en cause d’une société dite de consommation, d’asservissement et d’inégalité, dans un climat qui donne l’illusion d’une rapide conquête de toutes les libertés. Au début de mars, à la faculté de Nanterre, des étudiants ayant manifesté contre la guerre du Viêt Nam sont arrêtés. La riposte du campus est immédiate : les locaux administratifs sont occupés. L’agitation devient telle que le recteur fait fermer la faculté le 2 mai. Le 3 mai, une manifestation de solidarité a lieu à la Sorbonne dont le doyen fait appel à la police pour une évacuation sans ménagement – 600 arrestations.
L’UNEF (Jacques Sauvageot) et le SNESup (Alain Gesmar) – Union nationale des étudiants de France et Syndicat national de l’enseignement supérieur – deux syndicats de tendance communiste, fortement influencés par l’idéologie maoïste et anarchiste – lancent alors un ordre de grève. Partout, on commence à voir et entendre celui qui donne les impulsons décisives au mouvement : Daniel Cohn-Bendit. Animateur de la tendance libertaire. Arrêté le 27 avril, il est expulsé vers le pays d’où il est venu : l’Allemagne.
Peace and love