Le lendemain, 23 avril, le général de Gaulle se fait accorder les pleins pouvoirs, en vertu de l’article 16 de la constitution. Dans un discours prononcé le même jour, il dénonce l’action de ce qu’il appelle « un quarteron de généraux en retraite »… Se sentant isolé, ce « quarteron » abandonne la partie : Challe et Zeller se rendent, mais Jouhaud et Salan s’en vont renforcer les rangs de l’Organisation de l’armée secrète.
Août 1961. L’OAS se montre de plus en plus active : les attentats sont de plus en plus nombreux et meurtriers en France et en Algérie, alors que, du 20 mai au 13 juin, les négociations avec le FLN ont échoué à Évian à cause du pétrole du Sahara et des garanties données à la Communauté européenne. En novembre, de nouvelles manifestations éclatent à Alger, elles font près d’une centaine de morts. FLN et OAS multiplient leurs actions dans une Algérie qui s’enfonce dans le chaos, pendant que le général de Gaulle est attaqué de tous côtés – et même conspué à Marseille.
Le 7 février 1962, un attentat contre André Malraux rend aveugle une petite fille dont la photo publiée dans la presse rend l’opinion française très défavorable à l’OAS. Le lendemain, une manifestation communiste est organisée contre cette organisation terroriste : elle est réprimée avec violence par la police au métro Charonne. Le bilan est lourd : 200 blessés et 8 morts aux obsèques desquels assistent 500 000 personnes.
L’OAS n’accepte pas la signature des accords. Le 26 mars lors d’une manifestation qu’elle organise, rue d’Isly à Alger, une unité de tirailleurs ouvre le feu. La fusillade fait quatre-vingts victimes. L’armée secrète lance alors une campagne d’assassinats de musulmans. Les Européens se rendent compte rapidement que la cohabitation est impossible. Ils vont être près d’un million à tout quitter pour gagner la France, préférant « la valise au cercueil », après une colonisation qui aura duré 130 ans. Le 8 avril, en métropole, les accords d’Évian sont approuvés par référendum – 90 % de oui. Un second référendum a lieu en Algérie le 1er
juillet : le oui obtient 99,7 % des voix. Entre 1954 et 1962, la guerre d’Algérie aura coûté la vie à près de 30 000 Français, à 140 000 combattants algériens et plusieurs centaines de milliers de civils.Le drame des harkis
L’Algérie est évacuée rapidement par les Européens. Mais des Algériens étaient entrés au service de la France : des militaires, des fonctionnaires, des élus – on les appelle les harkis, du mot harka, en arabe qui signifie mouvement et désigne leur organisation. Ces 250 000 musulmans représentaient environ un million de personnes avec leur famille. À la veille de l’indépendance, le FLN promet de ne pas exercer de représailles contre eux. Personne n’est dupe : les harkis sont en danger de torture et de mort. Les officiers reçoivent l’ordre de les désarmer. Leur embarquement pour la France est formellement interdit !
Cependant, des officiers français vont braver ces ordres, ne se décidant pas à abandonner leurs hommes. C’est ainsi que des milliers de harkis vont arriver en France, représentant au total, avec leur famille et leurs proches, un groupe d’environ 100 000 personnes. Ceux qui restent en Algérie vont subir une vengeance terrible pendant les semaines qui suivent le cessez-le-feu. Plus de 50 000 d’entre eux sont massacrés. En France, les harkis ont été répartis dans plusieurs dizaines de camps d’accueil pendant des années. Ils composent aujourd’hui, avec leurs descendants, environ 1 % de la population française. Le drame de ces rapatriés clandestins est revenu dans l’actualité des années 1990. En 2001, le président Jacques Chirac a décidé, par décret, que le 25 septembre serait désormais la journée des Harkis.