Le 13 octobre 1761, Gaubert Lavaisse, jeune avocat de Toulouse, décide de rentrer chez ses parents afin d’y passer quelques jours. Il cherche un cheval de louage. Il fait alors la rencontre de Jean Calas et de son fils Marc-Antoine qui se promènent dans la ville. Gaubert reconnaît alors son ami Marc-Antoine et se dirige vers les deux hommes avec un large et bon sourire qui font sa réputation d’homme à la sympathie communicative. Il remarque immédiatement de la tristesse sur le visage de Marc-Antoine et cela ne l’étonne qu’à demi : Gaubert sait que depuis quelque temps l’aîné des Calas souffre de ce qu’on appelle aujourd’hui un état dépressif. Jean Calas se dit alors qu’inviter Gaubert à sa table pour le repas du soir distrairait son fils de ses pensées noires. Gaubert accepte.
Le repas se déroule dans une atmosphère détendue. Mais avant la fin, Marc-Antoine demande à son père la permission de se retirer. Personne ne le reverra vivant : le repas terminé, Marc-Antoine est retrouvé mort par strangulation au rez-de-chaussée de la demeure des Calas ! Dès le lendemain, Jean Calas, son fils Pierre et Gaubert Lavaisse sont interrogés et, ne sachant pas ce qui s’est passé, soutiennent la thèse du meurtre par un inconnu, puis sur le conseil de leurs avocats, disent avoir trouvé Marc-Antoine pendu. Le 18 novembre 1761, les capitouls (magistrats municipaux) de Toulouse concluent à la culpabilité de tous ceux qui participaient au repas de ce soir-là : Jean Calas, Anne-Rose son épouse, Pierre son fils, Gaubert Lavaisse et Jeanne Viguière ! Cette sentence est le reflet d’une rumeur qui n’a cessé d’enfler : dans la bonne ville de Toulouse, le protestant Calas a assassiné son fils qui voulait se convertir au catholicisme !
Les accusés plaident leur innocence et font appel devant le Parlement de Toulouse. Le 9 mars 1762, se fondant sur l’enquête des capitouls, le Parlement condamne Jean Calas au supplice de la roue ! Il est exécuté le lendemain, 10 mars 1762, place Saint-Georges, clamant son innocence avec une fermeté remarquable, sous les coups du bourreau. Pierre Calas est banni, sa mère, Gaubert Lavaisse et Jeanne Viguière sont acquittés ! C’est alors que Voltaire reprend l’enquête, il démontre sans difficulté l’innocence de Calas et souligne les invraisemblances de l’enquête guidée par le fanatisme religieux.
Le 1er
mars 1763, la famille Calas est reçue à Versailles par Louis XV, la demande en cassation étant jugée recevable. Anne-Rose supplie Louis XV d’intervenir auprès du Parlement de Toulouse afin que son mari soit réhabilité. Après bien des réticences, l’incarcération des Calas pour que le procès puisse de nouveau avoir lieu, et la publication du traité sur la tolérance à l’occasion de la mort de Jean Calas, la réhabilitation de Jean Calas est obtenue le 9 mars 1765, à l’unanimité. Le capitoul David de Beaudrigue qui avait tout manigancé est simplement destitué.Chef d’œuvre de l’intolérance, du mensonge et de la lâcheté, l’affaire du chevalier de la Barre fait frémir d’horreur. Elle est l’une des illustrations les plus dramatiques du fanatisme religieux au XVIIIe
siècle.Abbeville, 1764. Une abbesse gaie et enjouée est importunée par un sexagénaire de sa connaissance, nommé Belleval – il est lieutenant du tribunal –, qui voudrait entretenir avec elle davantage qu’une intimité platonique. Elle fait alors venir auprès d’elle son neveu, le jeune chevalier de la Barre qui, à dix-sept ans, admoneste vertement le sexagénaire. Quelque temps plus tard, on trouve sur le pont d’Abbeville un crucifix profané – mais qui a probablement été accroché par une charrette. Qui a fait cela ?
La consternation générale est telle qu’il faut trouver des coupables. Le sieur Belleval désigne alors le jeune chevalier et trois de ses compagnons qui sont passés quelque temps auparavant, à trente mètres d’une procession du Saint-Sacrement sans enlever leur chapeau ! De plus, il demande aux domestiques du chevalier de le dénoncer car il aurait, à la fin d’un banquet, chanté une chanson impie ! Emprisonné, le chevalier est condamné à avoir la langue arrachée, la main droite tranchée. Il va faire appel au Parlement au moment où celui-ci est accusé d’encourager l’impiété, ayant chassé les jésuites : l’appel est rejeté.