Comme à Alésia en -52, comme à La Rochelle en 1629, les habitants réfugiés dans le château sont chassés. Pendant des semaines, des scènes atroces vont se dérouler sous les yeux des soldats de Philippe Auguste. Ils ne s’en soucient guère et parviennent, grâce à leurs machines de guerre – et à l’habileté de l’un des leurs, Bogis, qui se glisse dans la deuxième enceinte par… les latrines – à pénétrer dans le château, puis à s’emparer du donjon – aux murs de cinq mètres d’épaisseur à leur base ! Prison des belles-filles de Philippe le Bel, puis de Charles le Mauvais, la forteresse de Château-Gaillard est démantelée sur l’ordre d’Henri IV en 1603.
Fondé dans la première moitié du XIIe
siècle par Frédéric II de Hohenstaufen, le château de Haut-Koenigsbourg – entre Strasbourg et Mulhouse, près de Selestat – est une forteresse perchée à 800 mètres de haut sur un éperon rocheux, dans un environnement idéal pour conduire à la rêverie des temps anciens. En ces temps-là, donc, Frédéric II, dit « le Borgne », aimait faire construire des châteaux un peu partout, afin de créer en Alsace une ligne de défense, au point qu’on disait familièrement qu’il avait un château accroché à la queue de son cheval. Il meurt en 1147.Son fils, Frédéric III, devient empereur germanique en 1155. Vous le connaissez pour l’avoir rencontré en Turquie le 10 juin 1190, jour de sa mort, dans un torrent glacé où il se baignait : Frédéric III, l’empereur Barberousse ! Au XVe
siècle, le château est habité par des seigneurs qui pillent les environs avec tant de conviction qu’une armée en fait le siège en 1462. Les mauvais seigneurs sont massacrés et le château est rasé. Reconstruit à partir de 1479, ravagé de nouveau en 1633 pendant la guerre de Trente Ans, il est en ruines au début du XXe siècle lorsque l’empereur Guillaume II décide de le faire restaurer en entier, confiant la tâche à un architecte de Brême : Bodo Ebhardt. Au traité de Versailles, en 1919, le château revient à la France. On dit que le Haut-Koenigsbourg est le plus beau château fort de France. Vous ne connaissiez pas ? Courez-y vite ! Il est ouvert tous les jours. Ou bien regardez le filmLes six châteaux de la Loire que vous allez découvrir sont comme les trois mousquetaires qui étaient quatre… Eux, ils sont quarante-deux (Chinon, Loches, Amboise, Langeais, Gien, Sully, Meung-sur-Loire, Beaugency, Talcy, Beauregard, Valençay, Saché, le Lude, Montsorerau, Montreuil-Bellay, Brissac-Quincé, Le Plessis-Macé, etc. Tous ne sont pas au bord de la Loire, mais le fleuve n’est jamais bien loin). Les six châteaux présentés ici le sont en raison de la richesse de leur passé historique ; les autres, tout aussi riches, vous apporteront autant de plaisir tant par leur architecture que par leur environnement. Suivez le guide…
La merveille du Loir-et-Cher, Chambord est bâti sur le plan des châteaux féodaux : un donjon central à quatre tours et une enceinte. François Ier
, après Marignan, est revenu d’Italie avec mille désirs de magnificence. Aujourd’hui, il nous comble !Peut-on affirmer que le château de Chambord dépasse celui de Versailles ? Sans aucun doute si on aime déceler dans l’apparence de l’un et de l’autre l’invitation au rêve. Chambord, c’est François Ier
! C’est aussi et surtout Léonard ! Léonard de Vinci qui conçut juste avant de mourir cette merveille aux 365 cheminées, aux 440 pièces. Voulez-vous visiter le plus grand, le plus majestueux des châteaux de la Loire ? Gagnez Blois, dans le Loir-et-Cher, puis faites dix-huit kilomètres vers l’est, dans le canton de Bracieux. Au bord d’une allée, vous découvrirez la merveille ! Lorsque François Ier remarque au cour d’une chasse en 1518 le petit château construit par les comtes de Blois, il ordonne immédiatement qu’il soit rasé et remplacé par ce qui va devenir son rêve de pierre.